Chapitre 7

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  Il est vingt-deux heures passées quand Daniel ferme la petite pâtisserie. Léna et Erawat, eux, ont fini de nettoyer et ranger les présentoirs.
  Pendant de la jeune femme se change dans les vestiaires, Daniel s'approche doucement du brun par derrière et lui pince sournoisement les hanches faisant sursauter et jurer son ami.

— Ça va pas ? s'exclame-t-il. J'ai eu super peur ! J'ai failli mourir ! Tu veux ma mort ?

— Tu es trop facile à effrayer, s'esclaffe le blond plié en deux.

  Il éclate de rire de plus belle lorsque l'asiatique commence à lui donner de petits coups pour le punir.
  Daniel secoue la tête le souffle court puis reprend un air sérieux.

— N'oublies pas que nous devons discuter tous les deux, lui rappeler le blond.

— Je sais, soupire-t-il la tête baissée.

  Son ami lui intime de le suivre et tous deux se dirigent dans la minuscule arrière boutique. Daniel s'assoit sur le vieux canapé crème dans un coin incitant l'asiatique à l'imiter.

— Era, qu'est-ce qu'il ne va pas ? Ne me sort pas ton excuse de tout à l'heure, ça ne marche pas avec moi.

  Ledit Era soupire lourdement puis déglutit avec difficulté. Les souvenirs de ce matins qu'il essaie d'oublier remontent d'un seul coup, lui nouant douloureusement la gorge. Il entend encore les paroles de Tamia résonner dans son crâne alors que des perles salées se fraient un chemin sur ses joues pâle. Des larmes qu'il a essayé de retenir mais qui ont fini par déborder. Aussitôt, son ami le prend dans ses bras, lui chuchotant des paroles douces et réconfortantes aux creux de l'oreille.

  Le thaïlandais se laisse aller dans les bras de son ami, prononçant des paroles embrouillées et inaudibles. Daniel se contente de lui caresser affectueusement le dos, tentant de le réconforter.

— Je ne comprend pas... Pourquoi ? Est-ce que je suis une si mauvaise personne que ça ? Je... J'ai... toujours fait de mon mieux et... et... et...

  Il éclate en sanglots mais se mord la main pour les cacher. Parcequ'il a toujours été comme ça. Parcequ'il ne veut pas déranger les autres. Parcequ'il estime mériter tout ce qui lui arrive.

  Daniel le laisse se vider, décharger ses sentiments. Après plusieurs minutes, le brun se calme enfin. Il saisit un mouchoir que le blond lui tend et se nettoie pitoyablement le visage.

  Ils restent plusieurs minutes dans un silence complet, Daniel attendant qu'Erawat parle et Erawat espérant que Daniel laisse tomber ses questionnements. Ce silence est bientôt briser par un raclement de gorge annonciateur de futures paroles.

— Tu vas t'entêter longtemps dans ton silence ? demande Daniel d'une voix plus que douce. J'attends des explications Era.

— Il... J'ai...

— Tu ?

— Rien, ce n'est pas si grave, c'est juste une histoire idiote, déclare-t-il le regard fuyant.

— Arrêtes de dire que ce n'est rien, on ne pleure pas pour rien ! s'énerve Daniel en levant les yeux aux ciel. Même si c'est la plus idiote des histoires, je veux quand même l'entendre.

— C'est juste... commence-t-il a cogiter pour trouver une excuse valable. On s'est disputé lui et moi.

  Erawat baisse la tête plus honteux par son mensonge qu'autre chose. Daniel claque sa langue dans son palais et soupire d'énervement. Ça ne l'étonne même pas que la source des larmes de son protégé soit ce type qu'il n'apprécie décidément pas.

Et parce qu'il n'a jamais oséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant