Chapitre 9

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  Erawat souffle laissant échapper une fine buée du à la fraîcheur ambiante. Il a hâte de pouvoir s'engouffrer dans la chaleur du Grill.
  Il marche depuis une minute à peu près et de loin, il peut voir l'enseigne de l'établissement se dessiner. Devant, il repère vite le brun qui l'attend. Celui-ci porte jean noir, un tee-shirt blanc et un blouson en cuire noir. Il semble stressé et n'arrête pas d'enlever ses lunettes, les essuyer et les remettre.

L'asiatique arrive près de lui et le salut doucement le faisant sursauter.

— Euh, oui, bonsoir !

— Désolé de t'avoir fait peur, dit-il un sourire lumineux sur les lèvres.

— Je... Je n'ai pas eut peur ! J'étais juste secoué.

— Oui bien-sûr, le taquine Erawat. J'adore ta tenue, tu es magnifique.

— Merci, murmure Aleksei la tête baissée, les joues rouges. Tu es splendide ce soir aussi.

— Ah ? Parce que d'habitude je ne le suis pas ? demande Erawat faussement vexé.

— Non... Ce n'est pas ce que je voulais dire, bafouille le bouclé embarrassé. Tu es toujours beau, enfin... Tout le temps-

— Je plaisante, détend toi, rigole Erawat doucement. On rentre ?

  Le bouclé hoche vivement la tête. Ils pénètrent dans l'établissement et, tout de suite, une douce chaleur les enveloppes. Aleksei frissonne en sentant son corps se réchauffer.

  Erawat et lui se dirigent vers une table libre dans le fond, ils s'installent et interpelle une serveuse qui passe par là. La jeune femme se présente à leur table, droite comme un piquet, elle semble nerveuse.

  Aleksei lui sourit doucement et commande d'une voix assurée presque aguicheuse sous le regard médusé de l'asiatique.
  La serveuse finit de noter la commande avec de se tourner vers Erawat toujours surpris.

— Et vous monsieur ? demande-t-elle la voix légèrement chevrotante.

— Je prendrais la même chose, merci, annonce-t-il simplement.

  La jeune femme au teint ébène les salut rapidement avant de s'éclipser en vitesse. Erawat l'observe s'en aller, elle a l'air vraiment timide et peine à s'exprimer en anglais. Il comprend, lui aussi était comme ça pendant sa première année en Amérique, surtout lorsqu'il a commencé à travailler au café. Disons que la surprotection et l'implication abusive de sa famille dans sa vie l'a rendu extrêmement renfermé et hypersensible.
  L'asiatique repense encore à la tête qu'avait fait Tim lorsqu'il l'avait appelé par le mauvais prénom et, se rendant compte de son erreur, c'était mis à pleurer. Cette pensée plutôt amusante le ramène aux souvenirs amers de ses parents le frappant un peu trop souvent quand il pleurait, parce que c'est bien connu : «Les hommes ne pleurent pas !».
  Heureusement, il a pû s'échapper de cette famille toxique sinon Dieu seul sait si il aurait survécu aux coups.

  Il secoue doucement la tête pour se débarrasser de ses souvenirs parasites et porte toute son attention à Aleksei qui a encore la tête baissée.

— Tu vas finir par rester bloqué dans cette position à force, le taquine-t-il gentiment.

  Le bouclé en face de lui relève brusquement la tête en rougissant. Son regard n'est pas fixe et il se triture les doigts, semblant vouloir dire quelque chose. Erawat sourit pour l'encourager mais ça fait l'effet inverse, il rougit encore plus et se ratatine dans son siège. Le sourire du thaïlandais s'agrandit encore plus. Il se penche, pose ses coudes sur la table et son menton sur ses poings liés.

— Tu était bien moins timide avec la serveuse tout à l'heure, souffle-t-il faussement vexé.

— C'est... ce n'est pas ça, bafouille le brun. C'est... comme...

Et parce qu'il n'a jamais oséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant