Juillet 1989. J'ai dix-neuf ans.
En cette fin de matinée, le soleil brille de mille feu, et les cigales chantent à plein régime sous les pins. Ksssksssksssksss...
Nous habitons une maison individuelle à la sortie du village entre les pins.
Comme souvent le matin lorsque je me lève, ma mère Claudie me dit :
- Ça va ? Tu fais quoi aujourd'hui ?
Cette phrase résume à elle seule son inquiétude. Et comme très souvent je lui répond :
- Ben euh je ne sais pas... je vais sûrement aller voir Romain et on décidera ensemble de ce qu'on fait.
Ça ne lui apportait pas plus d'éclaircissement, et pour être franc, je ne tenais pas de planning à cette époque et mes meilleures sorties se décidaient au dernier moment, entre copains.
- Ton frère s'ennuie et voulait partir avec toi.
Allez ça y est je l'attendais celle-là... pensais-je.
- Je n'ai rien décidé et je ne sais pas si on va bouger.
- Oui mais je le comprends, il veut être avec toi. Vous pouvez le prendre avec vous non ?
- Maman... il n'a pas une bouche pour s'exprimer ? Pfff... bon ok... je vais le voir.
Ma mère préparait le repas du midi, euh pardon de 13h30. Oui, en effet ce qui m'énervait plus que tout à cette période c'était de manger aussi tard et après mes copains.
Pourquoi mange-t-on aussi tard ? Tous mes copains mangent à midi pile, et chez moi on ne se met jamais à table avant 13h30.
Je râlais après mes parents qui râlaient après moi car pour riposter mon père me disait d'un ton dur patriarche :
- T'as qu'à te lever plus tôt !
Pas faux... !
- Mais c'est parce que je sors tard le soir avec mes copains. Et d'ailleurs eux mangent tôt chez eux.
- Parce qu'ils se lèvent plus tôt, me répond-t-il.
Deuxième point gagné !
Je jette l'éponge, ronge mon frein et je boude, sans trop le montrer.
Je vais trouver mon jeune frère et discute avec lui.
- Pourquoi tu es allé dire à maman que tu voulais venir avec nous ? T'as pas tes copains ?
J'insiste sur le fait qu'il puisse aller avec ses amis mais sa réponse est franche et nette.
- Je peux jamais partir avec toi et tes copains. T'as honte de moi ? Pourquoi tu ne m'acceptes pas ?
- Parce que tu vas t'emmerder avec nous... Tous mes copains ont une copine et...
Ma mère entre dans la chambre de Sébastien et intervient aussitôt :
- Lui n'a pas de copine, enfin pas que je sache, mais c'est ton frère et il passe avant tes copains non ?
Je les regarde tous les deux. Mon père arrive ensuite, et avant qu'il ait pu dire un mot je lui emboîte le pas.
- D'accord... tu viendras avec moi cet après-midi.
- Ça te va mon chéri ? Dit ma mère.
Gnagnagna...
- Oui dit Sébastien à demi-mot.
Mon après-midi dépendait de cette discussion entre ma mère mon frère et moi. Je devais trouver une occupation pour le prendre avec moi et rejoindre mes amis.
Quelques minutes plus tard alors que nous étions à table, me vint une bonne idée pour occuper notre après-midi.
Mon père finissait ses grillades sur le barbecue lorsque Romain arriva en voiture.
- Tiens il est déjà là celui-là, pouffe mon père.
Ben oui... comme à chaque fois qu'on mange tard en fait.
Ma mère lui répond de suite.
- S'il te plaît ne commence pas.
Comme souvent, Romain entre au moment où nous sommes à table.
- Bonjour messieurs dames ! Ah vous êtes à table. Je ne vais pas vous déranger.
Je le regarde avec mon air mécontent.
- Tu nous dérange pas Romain.
- Je repasserai plus tard, ou tu passes chez moi ?
- C'est moi qui viendra chez toi, avec Sébastien. On à ordre de le sortir de cet enfer familial, dis-je.
Ma mère me reprend.
- Thierry t'abuses !
- Pas de problème, je vous attends.
- Avant que tu repartes Romain, ça te dit une virée à la mer, en catchole débachée ?
À moins qu'il est une obligation je savais qu'il était partant, car il adorait les balades le toit ouvert.
- T'es sérieux là ah ah ah... mais oui carrément. Laisse-moi prendre mes équipements, bouteilles, palme, masque de plongée...
- On te connaissait pas cet aspect sportif lui répondit mon père.
Romain exhibait ses muscles... qu'il n'avait pas.
- Regardez Henri ! Y en a là.
- J'ai pas mes loupes pour les voir, lui répond mon père en le chambrant.
- Je me surprend moi-même. Bon ben je vous laisse finir de manger, à tout à l'heure alors. On est que tous les deux ?
- Tous les trois, lui dis-je en hochant la tête vers Sébastien.
- Ah oui tous les trois, pardon. Tu veux que je demande à Rémi s'il veut venir ?
- Oui demande lui, plus on est et mieux c'est !
- Allez ça marche je lui dit. Bon appétit !
Romain quitte la cuisine et s'en va.
La fin du repas se passe au calme avec bien entendu toutes les recommandations de ma mère sur le petit frère, et nous quittons la table pour nous préparer.
Avant de quitter la maison je fais un rapide tour auprès de Sébastien.
- Tu as ton maillot, ta serviette ?
Il me regarde le visage hébété.
- Eh ben quoi tu le vois pas ? Je le porte le maillot et ma serviette je l'ai dans mes mains.
- Bon parfait allons-y !
On monte dans la 2cv. Je la démarre et...
- Attendez ! Crie ma mère.
Elle arrive en courant avec une poche remplie.
- Tenez, c'est le goûter !
- Maman... on n'a pas quatre ans lui dis-je.
- Je vous ai mis la crème solaire, quelques biscuits et de l'essuie tout.
Ma mère était au-delà d'une maman attentionné pour nous. Une mère poule.
Je la remercie, et en démarrant lui fait un signe de la main à travers la vitre.
- Faites attention, ne roulez pas trop vite, soyez prudent !
Nous quittons la maison dans notre belle deudeuche pour nous rendre dans le village récupérer Romain.
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L'auto-stoppeuse
MaceraÀ l'été 1989, je décide de partir à la mer en 2cv Citroën avec trois de mes meilleurs copains plus mon jeune frère. Sur la route on aperçoit une femme qui fait du stop. Je décide de m'arrêter et la prendre avec nous. * ATTENTION ! Classification du...