D'or et de lumière

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Au diable, la modestie !

Dans le hall de l'hôtel Signiel, on se retournait sur son passage. Il savait qu'il en imposait non seulement par sa célébrité mais aussi par son charisme réhaussé par des signes ostentatoires de sa richesse. Le menton haut, le torse bombé, ses talons claquaient au rythme de sa démarche assurée. Chaque pas déclenchait un regard admiratif, envieux ou concupiscent.

Il était jeune, il était beau, il était riche. Pourquoi se flageller et tenter de se faire petit ? Non, il était fier à présent.

Il avait formidablement bien dormi et se sentait au mieux de sa forme. L'idée de Jin avait été salvatrice. De plus, il avait pu constater en faisant un saut au bureau que la corbeille y faisait office de corbeille et non de cauchemar éveillé.

Alors, en ce dimanche matin, fraichement rasé, impeccablement coiffé et maquillé, il se sentait prêt à affronter l'armée familiale. Son père l'accueillit dans la salle de réception d'une tape virile sur l'épaule tandis que tous les yeux se posaient sur eux.

Les hostilités étaient déclenchées ! Il enfila rapidement son costume de bon fils et de fierté de la famille, soufflant intérieurement pour se donner du courage.

Dans cette salle d'or et de marbre, le clan de Namjoon au grand complet se retrouvait, des aïeuls aux cousins éloignés. Des gamins, qui pour certains portaient encore des couches lorsque le jeune homme avait participé aux festivités la dernière fois, il y a deux ans, slalomaient en courant entre les tables et les adultes, évitant parfois de peu de renverser une coupe de champagne. Et c'est une de ces petites terreurs qui fut son premier interlocuteur de la journée.

—     Samchon ! trépigna une petite ornée de deux énormes couettes en s'accrochant à son pantalon pour attirer l'attention.

—     Ma crapule ! Ppoppo ? demanda-t-il en se baissant à sa hauteur.

Le baiser ne tarda pas à claquer sur sa joue alors que les deux petits bras s'enroulaient autour de son cou.

—     Tu me portes jusqu'à maman ! déclara impérieuse la gamine du haut de ses trois ans.

—     D'accord. Allons voir ma petite sœur, répondit-il attendri joignant le geste à la parole, la petite dans les bras.

Si tous les rapports humains avaient cette spontanéité et cette fraicheur déconcertantes, la vie serait bien plus simple.

Il saluait chaleureusement chaque membre de la famille qu'il rencontrait prenant le temps de s'intéresser à eux. Et, ce qui lui avait paru une corvée quelques minutes auparavant, le remplissait d'une forme de sérénité et de joie.

Il se félicitait d'être venu quand sa grand-mère paternelle attira son attention par une tape sur le bras. Se tenait près d'elle une petite dame quasiment identique à quelques rides près. La seule différence notable était leur air. Si sa grand-mère arborait une mine sévère, la petite personne à côté d'elle pétillait de malice. Il reconnut aisément sa grand-tante. Comment l'oublier, elle et ses réparties légendaires ?

C'est en la saluant avec beaucoup de déférence qu'il s'aperçut de la présence de deux jeunes gens derrière elle.

Soudain Namjoon se sentit moins sûr de lui, moins beau, moins charismatique. Face à lui, c'était un couple tout droit sorti des magazines. Ils étaient sculpturaux. Ils étaient lumineux. Ils étaient formidablement assortis malgré leurs différences.

Prenant sur lui, il serra son cousin dans ses bras avant de lui dire, avec le plus sublime sourire dont il était capable :

—     Na-Kyung, j'ai bien failli ne pas te reconnaître. Où est passé le frêle petit gars ?

La Corbeille Où les histoires vivent. Découvrez maintenant