Visite impromptue

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A l'heure actuelle, je suis une jeune fille assise sur le tapis poilus au pied de son lit, en soutif et shorty taille S, les cheveux en batailles, hésitant toujours à rejoindre son amie dans cette fameuse boîte de nuit.

Voilà trois heures et demie que je suis postée face à l'écran de mon ordinateur, je visite les réseaux sociaux de Mrs Lavrov. Trois heures que j'enquête sur elle. Sans succès. Je n'arrive pas à la sortir de ma tête et j'aurais tellement aimé en savoir un peu plus sur cette femme mystérieuse.

Je lui ai envoyé des messages sur Instagram, Twitter et je ne sais quel autre réseau social. Là encore, aucune réponse. J'ai appelé à son bureau pour prendre un rendez-vous mais impossible d'en avoir avant deux semaines. Le mal.

Il est 20 heures, mes recherches sont au point mort. Je suis découragée et j'ai faim.
Je pose mon ordinateur sur mon lit, enfile une chemise ample, récupère mon téléphone puis sors de la pièce, direction la cuisine. Sur le chemin, je parcours un peu ma messagerie.

Quatre textos de Edward. Il me dit qu'il a beaucoup pensé à moi ; que je lui manque ; qu'il m'aime énormément et enfin, qu'il s'est trouvé un plan Q. C'est cool tout ça. Je lui réponds puis pose ensuite mon téléphone sur la table basse du salon avant d'aller à la cuisine. Je me suis achetée une pizza en rentrant alors, je me contente juste de la réchauffer, me sers un verre de jus de fruit et pars m'installer avec tout ça devant la télévision. Au moment où j'attaquais ma dernière tranche, l'on sonne à ma porte. Je me lève et vais ouvrir. Et, Oh surprise ! La russe apparaît, une bouteille de vin dans les mains. Pincez moi, je rêve !
Derrière elle, se tient un homme vêtu tout de noir - sûrement son garde du corps -.

« Suis-je bien chez Lindsay Moore ? » sourit-elle avec insolence.

« Ça dépend, qui la demande ? » fais-je, amusée.

« Sorel Lavrov ! Alors, c'est ici ? » insiste-t-elle.

J'acquiesce puis la femme en pull blanc et pantalon cargo vert olive se tourne vers son garde du corps. Après leur bref échange, l'homme part tandis que moi, j'invite la très célèbre femme d'affaire à entrer dans ma modeste demeure.

« C'est charmant. » déclare-t-elle à l'instant où nous arrivons au salon.

« M-Merci beaucoup. Assieds-toi, je t'en prie. Fais comme chez toi. »

« Comme je suis censée faire comme chez moi, Lindsay, est-ce que je pourrais savoir où se trouve le tire-bouchon ? »

« Dans le premier tiroir du comptoir. » lui indiqué-je.

Sorel se rend donc dans la cuisine où elle trouve à l'endroit indiqué, le tire-bouchon. En deux temps trois mouvements, la bouteille est ouverte. Je nous récupère des verres à vin qu'elle remplit et nous retournons au salon où nous nous installons côte à côte sur le canapé.

« Je suis curieuse de savoir ce que tu fais ici... »

« Quoi ? Tu n'es pas heureuse de me voir ? » me provoque-t-elle avant de porter son verre à sa bouche.

« Si, bien sûr. C'est juste que je ne m'attendais pas à toi ici. A cette heure et en plus, avec du vin ! »

« Bah écoute, j'ai appris que tu me cherchais donc, je suis venue à toi. »

Je réponds par un petit sourire. Même si je ne suis pas très expressive, je suis réellement heureuse de l'avoir ici avec moi.

« Il ne vit pas ici, Edward ? » questionne Sorel subitement.

« Non non. Il passe souvent des nuits ici, comme moi chez lui. Pas plus... »

« Hum hum. J'ai toujours cru qu'il fallait cohabiter longtemps ensemble avant de se lancer dans le mariage. »

Je hausse les épaules.

« Peut-être bien, mais il aime son petit confort et moi, le mien. Donc on fait avec... Je suppose qu'après le mariage, on se débrouillera comme on peut. »

Sorel hoche la tête. Elle est tellement belle. C'est incroyable !

« Tu l'aimes ? » demande-t-elle.

Je suis surprise par sa question et aussi gênée.
Gênée parce que je sais que après tout ceci, elle finira bien par me demander la raison pour laquelle je l'ai cherché aussi ardemment et, à elle, je ne sais pas mentir.

« Pour être honnête avec toi, j'aime passer du temps avec lui ; j'apprécie ses beaux yeux gris. Il est charmant mais, je ne suis pas amoureuse de lui. »

Je lève les yeux vers elle et je remarque que la femme aux cheveux flamboyants se retient de sourire. Est-ce qu'entendre que je n'aime pas Edward lui fait plaisir ? Non, je me fais sûrement des films.

« D'accord, je vois. Mais pourquoi tu veux l'épouser dans ce cas ? »

Je lève les yeux au ciel.

« Si je venais à annuler le mariage prévu depuis mes quinze ans, mon père ne me le pardonnerait jamais... Et je pense que nos relations sont assez tendues comme ça, je ne veux pas en rajouter. »

Sorel pose son verre à présent vide sur la table basse et me regarde, l'air de dire « je sais ce que c'est, oui. », avec son regard attendrissant et son éternel sourire.

Les yeux grands ouverts braqués en direction de ses lèvres, je fais des pirouettes mentalement pour essayer de me convaincre de rester à ma place. Toutefois, cela ne marche pas. Alors je joue avec ma conscience à « Je me lance, je ne me lance pas ? »
Cette partie dure à peine cinq secondes. Tout à coup, je pose aussi mon verre, décider à réaliser mon rêve le plus fou. Décider à bouleverser quelque chose dans ma vie. Je dois m'approcher de Sorel. Me libérer. Ça sera quitte ou double.

ᴍʀs ʟᴀᴠʀᴏᴠOù les histoires vivent. Découvrez maintenant