Confession

571 47 3
                                    

Je suis profondément désolée du retard. J'ai eu une légère peine de cœur et une panne d'inspiration monstrueuse. Mais, je suis de retour maintenant.

Et Mrs Lavrov aussi !

••••

Dix-neuf heures, Sorel est toujours là. Un tablier recouvrant ses vêtements, elle achève de disposer devant moi, le repas qu'elle a décidé de nous confectionner pour le dîner, puis remplit nos verres de vin.

« Filet mignon de porc aux champignons sur son lit de pâtes. Avec les compliments du chef. » dit-elle en me tendant une fourchette.

« D'accord. »

Sans perdre de temps, je m'empresse de goûter un morceau de viande, sous son regard fier.

« C'est très bon. » dis-je, ravie.

« Je suis une déesse de la cuisine. »

« Ne te sous-estime pas autant, Sorel. Tu es une déesse tout court. » répliqué-je avant de prendre une grande bouchée de ces pâtes.

Voyant que j'apprécie grandement ce qu'elle a cuisiné, Mrs Lavrov se décide à commencer à manger à son tour.

« Le monde connaît-il cette facette de Mrs Lavrov ? » la questionné-je avant de porter mon verre à ma bouche. « Cordon bleu. Mordue de la littérature. Douce. Gentlewoman. »

« Hum ! Comme mon père aimait si bien le dire avant, les vertus ne font pas les gros titres. »

« Ou alors... » commencé-je en allumant mon téléphone. « Tu préfères... montrer cette facette froide de toi aux gens ? » continué-je en lui montrant des titres de journaux parlant d'elle.

Sorel se penche sur le comptoir et d'un air joueur, elle me dit :

« Beauté, je suis juste... ce que je suis. »

Je souris et elle me fait un clin d'œil avant de recommencer à manger.

« J'ai une question. » dis-je piquant un morceau de viande dans son assiette.

« Tu poses beaucoup de questions, dis donc. »

J'acquiesce.

« Okay. Alors, pose ta question. Mais, si tu espères obtenir une réponse, il va falloir que tu me donnes quelque chose en échange. » sourit-elle insolemment.

« Que veux-tu ? »

« Quelque chose de simple et de doux. Disons, un baiser. Ça marche ? »

« Hum... » fais-je mine de tergiverser.

Sorel sans perdre de temps, fait le tour du comptoir, venant ainsi prendre place devant moi et je ne parviens pas à lui résister. Ma bouche se retrouve à la merci de la sienne. Et un sourire de fille pourrie gâtée étire ses lèvres à la fin.

« Tu peux poser ta question maintenant. » dit-elle après avoir posé un baiser sur le bout de mon nez.

« Tu pourrais me parler un peu de toi ? »

« Hum... »

« Tu m'as dit que tu me répondrais si je t'embrassais. Alors, j'attends. »

Elle passe une main dans ses cheveux et de sa voix douce, elle me répond :

« Sorel Yuna Lavrov. Née en Russie, il y a très exactement 29 ans. Tu connais déjà mes parents. Célibataire, sans enfant... Du moins, je pense. »

« Comment ça, tu penses ? » l'interrogé-je.

« A mes 25ans, ma fiancée de l'époque et moi, avions entrepris d'avoir un enfant. Nous avons suivi toutes les étapes et juste avant de savoir si elle était enceinte, elle s'est volatilisée. J'ai tout essayé pour la retrouver mais en vain. C'est comme si elle n'avait jamais existé. »

Ses mots sont froids et son regard vide.
Je crois qu'elle voulait vraiment avoir cet enfant et que cette histoire l'a beaucoup affecté. Avec tout l'argent et le pouvoir qu'elle possède, elle n'a pas pu retrouver son ex.
Cela fait donc quatre longues années qu'elle se pose probablement la question de savoir si elle est maman ou non. Ce doit être horrible !

« Bref. J'ai obtenu mon bachelor en Business , administration and Management à Yale, comme ta grande sœur. Pis, mon master et mon PhD en économie à Harvard. » reprend-t-elle. « J'ai perdu ma petite sœur il y a quatre ans à cause d'une vraie pourriture... Et, je suis une coureuse de jupons. Voilà, tu sais tout. »

Mes yeux s'écarquillent. Je suis choquée par ce que je viens d'entendre.

« Attends ! Kalisha est décédée ? »

Pour simple réponse, Sorel acquiesce puis porte son verre de vin à sa bouche. Putain, je suis dégoûtée. Et Sharon qui n'a même pas daigné m'en parlé.

Du peu dont je me souviens, Sorel adorait sa petite sœur. Elle aurait accepté les pires châtiments du monde rien que pour elle ou sa mère.
Tout ce qui touchait à la vie de Kalisha, l'intéressait. Elle ne laissait rien au hasard. Alors, j'imagine ne serait-ce qu'un peu, sa peine.

Je quitte mon tabouret, fais le tour du comptoir, me glisse entre les jambes de Sorel et passe mes bras autour de son cou.
Un voile de tristesse traverse son regard mais un sourire éclatant dévoile sa dentition parfaite. Elle est comme ça... Elle essaye toujours de ne pas montrer quand quelque chose la touche.

Alors, pour simple réplique, je fais ce que chaque partie de moi me dicte de faire... Je l'embrasse.

ᴍʀs ʟᴀᴠʀᴏᴠOù les histoires vivent. Découvrez maintenant