ᴍʀs ʟᴀᴠʀᴏᴠ

Déclaration [2/2]

« Rien que ça ? »

« Ah parce que pour toi ce n'est rien ? » rétorqué-je en écarquillant les yeux.

« Si mais je pensais que tu me sortirais quelque chose comme 'je ne veux pas d'un quelconque avenir avec toi'. Ça, ça aurait été plus grave. »

Je la fixe. A quoi est-ce que je joue ? Je n'en ai aucune idée. Je sais juste que j'ai envie d'être avec elle, que je m'imagine un avenir avec elle depuis très longtemps. Cependant, je ne peux pas. Je ne veux pas que Sorel renonce à son amitié avec ma grande sœur juste pour moi. Je n'étais même pas encore née quand tout ça a commencé entre elles et je ne veux pas que Sorel ait à subir chaque jour ces regards désapprobateurs, ses avis déplacés et tous ces problèmes qui suivraient...

« Sorel... »

« Arrête un peu, tu veux ! » crie subitement la russe, me faisant sursauter.

Nous nous dévisageons sans rien dire. Sorel prend mes mains entre les siennes et ce contact me fait frissonner.

« Lindsay, je ressens des choses complètement inédites avec toi. » déclare-t-elle. « Hier soir, quand tu m'as dit que tu m'aimais, j'ai tiqué. »

Enfin, elle libère mes mains. Je m'empresse de les poser sur son torse avant de les remonter jusqu'à ses joues.

« Mais, j'ai finalement compris que si mon cœur bat à m'en briser le thorax lorsque je pense à toi ou quand je suis près de toi, c'est juste parce que mon cœur essaye de rejoindre le tien... »

Sorel approche à nouveau son visage du mien, puis elle murmure contre mes lèvres :

« Je t'aime. »

Je ferme les yeux puis prend une grande inspiration. Je me dois d'être honnête avec elle. N'en déplaise à ma famille. Je l'aime. Je l'aime beaucoup trop. Je suis tombée amoureuse d'elle et chaque jour, mes sentiments pour elle s'intensifient. Moi qui était persuadée que cela n'arriverait que dans mes rêves.

« N'aies pas peur et ne t'inquiète pas comme ça pour moi. » reprend-t-elle après avoir déposé de petits baisers au coin de mes lèvres. « N'aies pas peur de nous et de ce qui est en train de nous arriver. »

« Je t'aime, Sorel. » finis-je par dire. « Mais je ne peux m'empêcher de me demander comment nous allons gérer tout ceci. »

« Chuuuut. Ce n'est pas important. »

« Tu sais quoi ? J'ai envie de prendre le risque. De vivre ça avec toi. J'ai envie de prendre le risque de faire ce dont j'ai envie, ce que je ressens sans me préoccuper de ce que les gens pensent, de ce que l'on attend de moi. »

« Être totalement libre ! »

« Oui. Comme toi. » dis-je. « Mais plus sérieusement, et Sharon dans- ? »

« Elle sera choquée au début mais, ça finira par lui passer. » me coupe-t-elle. « Et pour les autres, qu'ils aillent tous se faire foutre. Je n'en ai cure de ce qu'ils diront. »

Je souffle. Elle semble bien sûre d'elle alors je décide de laisser tomber. De toutes les façons, comment lui résister ?

Elle sourit avant de venir sceller nos doigts comme une promesse d'éternité. Puis, nous nous embrassons.

Ma plus grande peur était que cette sublime femme ne m'aime pas en retour. Maintenant que je sais qu'elle ressent ce que je ressens, je suis prête à me battre pour elle.

Finalement, tout ça n'arrive pas que dans les livres.

•••

Moi qui avait prévu aller voir Dalila l'après-midi pour l'aider à penser à autre chose qu'à cette fille, je me suis complètement oubliée dans les bras de Sorel. Après notre déclaration, nous avons encore fait l'amour. Et qu'est-ce que c'était bon. Le temps a par contre filé et j'ai dû changer le programme - elle aussi d'ailleurs a dû réaménager le sien.

J'arrive donc chez Dalila pour une soirée entre filles. Au programme : débriefing, chinois, crème glacée et câlins.
C'est une tradition pour notre mythique duo. Chaque événement dans la vie de l'autre est aussitôt passé au peigne fin. J'ai voulu en faire abstraction pour une fois et finalement, le destin en a décidé autrement.

Dalila est là, chaussettes aux pieds, déjà assise sur le canapé-lit improvisé.

« Tu n'as même pas pris le temps de m'attendre, à ce que je vois. » dis-je alors qu'elle ne m'a pas vue arriver.

« Dixit celle qui a eu à changer notre programme pour des raisons sexuelles ! » glousse-t-elle avant de tapoter la place à côté d'elle. « Allez, viens t'asseoir. J'espère d'ailleurs que tu n'as pas oublié de prendre le dîner en venant. »

« Oui, patronne ! » me moqué-je en la rejoignant. « Comment tu vas aujourd'hui, ma belle ? »

« J'ai connu mieux. » grimace Dalila en pointant ses yeux.

« Ah mon bébé... »

Je secoue la tête et viens la prendre dans mes bras. J'imagine l'état dans lequel elle se trouve.
Depuis nos deux dernières années de lycée, Dalila est amoureuse de Riley. Cette dernière étant l'une des plus populaires de l'établissement, mon amie - timide à l'époque - n'osait pas aller lui parler. Elle se contentait juste de la stalker sur Instagram. Puis, le lendemain de notre graduation, nous avons été conviées à une fête organisée par une amie. C'est là qu'elles se sont enfin adressées la parole. Et pas que ! Un peu pompette, elles ont fini dans l'une des chambres de l'immense maison et je n'ai revu Dalila qu'aux environs de 02heures du matin. Il s'en est suivi un long flirt ainsi que des parties de jambes en l'air et mon amie tombait chaque jour un peu plus amoureuse. A l'université, cela continua. Cependant, alors que Dalila n'avait d'yeux que pour elle, Riley n'avait de cesse d'enchaîner les conquêtes au vu et au su de tous. Mais l'amour rend aveugle et ma meilleure amie se disait que c'étaient les autres filles le problème. Puis récemment, elle a décidé de prendre son courage à deux mains et de lui dire ce qu'elle ressentait ; qu'elle l'aimait et qu'elle voulait d'une relation officielle. Tout ceci ne s'est soldé que par un « je te considère comme ma sœur ». Quelle foutaise !

Le temps passa, Brown fit la rencontre de Jayla. A force de converser, elle parvint à penser à autre chose qu'à Riley. Et au premier date, SURPRISE ! Cette dernière était là, avec ses potes, téléphones en main en train de filmer Dalila tout en rigolant. Elle s'était faite avoir par cette bande d'abrutis et son cœur s'est brisé en mille morceaux. Voir ma meilleure amie dans pareil état me donne des envies de meurtre.

« Tu sais, Sorel a proposé de lui régler son compte à cette meuf ! Et, je suis tout à fait d'accord avec elle. » dis-je en lui attrapant les joues. « Au moins, comme ça à l'avenir, elle réfléchira à deux fois avant de jouer avec les sentiments des autres. »

Dalila sourit puis pose ses mains sur les miennes afin de les retirer de son visage.

« Je suis sûre que son châtiment sera beaucoup mieux que le tien. Je vois tes yeux depuis le début et je sais que tu te retiens de toutes tes forces pour ne pas débarquer chez elle et lui filer une raclée. » dit Brown amusée. « Mais, ce n'est pas la peine tout ceci. Je veux juste passer à autre chose. »

« Alors, tu vas la laisser s'en tirer comme ça ? C'est injuste. Elle doit payer pour ce qu'elle t'a fait. Ses potes aussi d'ailleurs... »

« Lindsay, j'ai dit non. Écoute moi, s'il te plaît. Je souffre déjà assez. Ça suffit ! J'ai juste besoin que tu me prennes dans tes bras. »

Je soupire avant de venir la prendre dans mes bras. Je l'aime énormément et j'ai horreur qu'on lui fasse du mal. Mais, je ne veux pas non plus aggraver sa peine.