Sharon-II

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Je m'arrête devant la porte de Sharon, le souffle court, le cœur battant à tout rompre. Je n'ai jamais été aussi furieuse de toute ma vie. Même pas contre mon père. Tout ce que Sharon a pu dire à ma petite amie, je l'ignore. Cependant, l'état dans lequel cela l'a laissé tourne en boucle dans ma tête. Je ne vais pas laisser passer ça. Pas ce soir.

Je frappe à la porte, une, deux, trois fois, chaque coup résonnant comme un tambour de guerre. Je n'attends d'ailleurs pas que Sharon ouvre complètement. Dès qu'elle entrebâille la porte, je la pousse avec mon épaule, faisant irruption dans l'appartement sans attendre d'y être invitée.

« Qu'est-ce que tu fais ? » s'exclame Sharon, désorientée par cette entrée brutale. « Lindsay, tu ne peux pas te permettre de rentrer dans mon appartement comme ça. »

« Je fais ce que je veux ! » je réplique, ma voix vibrante de colère. « Tu penses que tu peux faire de la peine à Sorel sans conséquence ? Tu crois que je vais te laisser insulter et rabaisser mon amie, et que je vais me taire ? Tu es malade ou quoi ? »

Sharon tente de reprendre le contrôle de la situation.

« Calliope, tu exagères ! Je lui disais juste ce que je pensais et ce qui par dessus tout, était vrai. Tu devrais prendre du recul. Tu vas finir par te mettre dans des situations compliquées avec Sorel. Tu n'as aucune idée de qui elle est vraiment. »

« Tais toi. » crié-je, mes yeux lançant des éclairs. « Tu es censée être sa meilleure amie mais au lieu d'agir comme tel, tu te comportes comme une vraie moins que rien ! On dirait presque que tu lui en veux pour quelque chose mais, ce n'est clairement pas parce qu'elle est la sœur que tu n'es pas pour moi. Tu es pathétique, Sharon ! Je comprends pourquoi tu n'as pratiquement pas d'amis. Personne ne veut de toi parce que tu es égoïste et cruelle. Et la seule personne qui te supporte depuis de très longues années, tu es sur le point de la perdre aussi. Après tout, c'est ce que tu mérites! »

Sharon devient alors rouge de rage.

« Tu ne me parles pas de cette façon ! Je suis ta grande sœur ! Tu devrais me respecter ! »

« Respecter quoi ? » je réplique, mes mots tranchants comme des lames. « Tu n'as jamais été une vraie sœur pour moi ! Tu n'as jamais été là quand j'avais besoin de toi ! Tu étais toujours trop occupée à te regarder le nombril, à penser à toi-même. Tu veux du respect ? Alors commence par respecter les autres ! »

Sharon tend la main pour me gifler, mais elle est stoppée net. J'attrape son poignet avec une force que je ne savais même pas que j'avais. Les yeux de ma sœur s'écarquillent de surprise, mais je ne cille pas. Je la fixe avec une intensité qui se veut glaciale.

« Tu ne me touches pas ! » dis-je, d'une voix basse mais pleine de menace. « Tu as perdu le droit de me traiter comme ça. Tu n'es plus ma sœur, Sharon. Tu es juste une femme amère qui ne supporte pas que quelqu'un ait et même sans forcé, ce qu'elle arrive à peine à entretenir avec les autres. L'amour, le respect, la loyauté. Sorel a tout ça, et c'est ça qui te tue, pas vrai ? Ça te tue que j'en bénéficie n'est-ce pas ? »

Sharon reste sans voix, incapable de se défendre. Elle a toujours été habituée à être la plus forte, mais ce soir, c'est moi qui domine. Je lâche son poignet avec un dégoût visible.

« Je ne veux plus jamais te voir, Sharon. » dis-je, ma voix dure comme de la pierre. « Je n'ai pas besoin de gens comme toi dans ma vie. Retourne dans ton monde de jugements et de fausses amitiés. Moi, je choisis Sorel, et je ne te laisserai jamais lui faire du mal. Jamais. »

Puis, sans un autre mot, je tourne les talons et quitte l'appartement, claquant la porte derrière moi avec une force qui fait vibrer les murs. Les échos de la dispute résonnent encore dans ma tête alors que je me précipite vers ma voiture. Ma sœur n'a aucune idée de ce qu'elle a provoqué, et moi, je sais que je ne reviendrai pas en arrière. C'est fini entre nous, pour de bon.

Je démarre la voiture. La puissance du moteur n'apaise pas ma colère, au contraire, elle semble amplifier le tumulte dans mon esprit. Chaque accélération, chaque virage me ramène à la dispute avec Sharon au Mall, à l'état de Sorel et cela m'enrage.

J'arrive chez Dalila. Je frappe à sa porte avec une telle force que ma meilleure amie ouvre presque instantanément, les yeux remplis d'inquiétude.

« Lindsay ? Qu'est-ce qui se passe ? Entre, vite ! »

Je me précipite à l'intérieur, les larmes montant déjà à mes yeux.

« C'est Sharon ! » je cris, ma voix tremblante. « Nous nous sommes croisées par hasard au Mall. J'étais avec Sorel. Une dispute a éclaté entre nous deux. Sorel s'est interposée et elles se sont disputées à leur tour mais je n'ai pas suivi tout ça, le garde du corps de Sorel sous ses ordres m'en a empêché. Par contre, Sorel est sortie de là, brisée. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Quand nous sommes rentrées à la maison, Elle s'est enfermée dans son bureau et a commencé à tout jeter. C'était horrible, horrible. Je... Je... »

Dalila me fait asseoir sur son canapé, me tendant un mouchoir.

« Calme-toi ma puce, je suis là. »

Je prends une grande inspiration, essayant de calmer mes émotions puis lui raconte le reste de l'histoire, évitant délibérément certains détails. Personne n'a le droit de savoir ça. C'est beaucoup trop personnel pour Sorel.

« Ta sœur est vraiment une pute de première. Sorel est censée être sa meilleure amie et TU es sa petite sœur. Merde à la fin ! Qu'est-ce qui cloche chez elle ? »

« Je ne sais pas ! » je réponds, ma voix montant d'un cran. « Une chose est sûre, c'est que je l'ai remise à sa place il y a de cela vingt minutes, Dalila. Je lui ai aussi dit que je ne voulais plus jamais la voir. »

Dalila hoche la tête, posant une main rassurante sur la mienne.

« C'est bien que tu lui aies dit ses vérités. Elle a besoin d'apprendre le respect. »

Les larmes commencent à couler librement maintenant, ma colère se transformant en tristesse.

« J'ai peur, Dalila. Peur de perdre Sorel. Je l'aime tellement, et je ne veux pas que tout ça l'éloigne définitivement de moi. Je ne sais pas ce que je ferais sans elle. Je ne sais pas. »

Ma meilleure amie me serre dans ses bras, me berçant doucement.

« Tu ne vas pas la perdre, Lili. Sorel t'aime aussi. Elle a juste besoin d'un peu de temps pour elle. Ce n'est pas facile pour elle non plus. Donne-lui un peu d'espace, mais elle reviendra vers toi. »

Je m'accroche à elle, mes larmes mouillant son épaule.

« Mais et si elle ne revient pas ? Et si elle pense que je suis un poids, que je ne devrais pas être dans sa vie ? »

Dalila secoue la tête.

« Ne pense pas comme ça. Sorel t'aime, elle t'a apporté tant de bonheur. Elle veut être avec toi, c'est évident. Elle a juste besoin de régler ses propres problèmes. Donne-lui du temps, mais ne perds pas espoir. Vous avez quelque chose de spécial, et cela ne disparaît pas du jour au lendemain. »

Je me laisse réconforter par les mots de Dalila, par sa présence apaisante. Elle a raison, je dois laisser Sorel prendre le temps dont elle a besoin. Mais cela n'efface pas la douleur que cette journée a causée, ni la peur de perdre la personne que j'aime le plus au monde. Le poids de ces émotions me submerge, mais avec Dalila à mes côtés, je sais que je ne suis pas seule. Cela me donne un peu d'espoir, et pour le moment, c'est tout ce dont j'ai besoin.

ᴍʀs ʟᴀᴠʀᴏᴠOù les histoires vivent. Découvrez maintenant