Discussion

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Assise sur le canapé, je me sens enveloppée par une atmosphère douce et réconfortante, comme si le monde extérieur s'effaçait pour laisser place à un cocon où seules Sorel et moi comptons. Après tout ce que j'ai partagé avec elle sur ma mère, il me reste cette question brûlante en tête : où était-elle pendant tout ce temps ?

« Je vais chercher du lait, » déclare Sorel, se levant avec une grâce qui contraste avec sa démarche boiteuse. Mon cœur se serre à l'idée qu'elle ait dû faire face à ses propres luttes, mais je sais qu'elle essaie de rester forte. « Je sais que tu adores ça, » ajoute-t-elle en se dirigeant vers la cuisine.

« Tu es adorable, » lui réponds-je, un sourire se dessinant sur mes lèvres.

Sorel disparaît un moment dans la cuisine, et je profite de cette pause pour me recentrer sur mes pensées. Lorsque Sorel revient avec un verre de lait à la main, sa présence illumine la pièce.

« Voilà, » dit-elle en tendant le verre, son sourire réconfortant. « Pour la princesse. »

Je prends le verre avec gratitude, savourant la fraîcheur du lait en le portant à mes lèvres.

« Merci, » murmure-je, chaque gorgée me faisant du bien.

C'est parfait, comme si Sorel avait réussi à capter exactement ce dont j'avais besoin à ce moment précis. Elle s'assoit à mes côtés, sa main se glissant dans la mienne, nos doigts s'enlaçant avec une tendresse qui me rassure.

« C'est ce que fait une partenaire, non ? Elle soutient son amoureuse. »

« Oui, et je veux que tu saches que je suis là pour toi aussi, » dis-je, mes yeux plongeant dans les siens.

Un sentiment d'inquiétude commence à monter en moi. J'ai besoin de comprendre ce qu'elle a traversé.

« Je... je me demande, » commencé-je, brisant doucement le silence, « où tu étais exactement pendant tout ce temps ? »

Sorel hésite, son regard se perdant dans le vide. Elle semble peser ses mots avant de les prononcer, comme si chaque syllabe était un pas vers une vérité difficile à affronter.

« C'est compliqué, Lindsay. Quand tout cela a commencé, j'étais dans un endroit très sombre. »

Un frisson parcourt mon échine. Je sais que la suite ne va pas être facile à entendre.

« Prends ton temps, je suis là, » l'encourage-je, ma voix douce et rassurante.

« Après l'accident de moto, j'étais perdue, » confie-t-elle, ses yeux s'illuminant d'une tristesse profonde. « Je me sentais comme si j'avais perdu tout ce qui me tenait debout. Les jours se sont succédé dans un flou de douleur et de confusion. »

« Je suis tellement désolée, » murmuré-je, en serrant un peu plus sa main. « Ça a dû être si difficile. »

« Ça l'a été, » acquiesce Sorel. « J'ai dû revoir ma psy. Je pensais que ça pourrait m'aider à retrouver un semblant de clarté. Mais chaque fois que je repensais à ma sœur, à ce que la tienne a dit... je me sentais encore plus accablée. »

Les mots de Sorel me frappent comme une gifle. Je peux imaginer la solitude écrasante qu'elle a dû ressentir, le poids insupportable de la culpabilité.

« C'est tellement injuste, » soufflé-je, ma colère montant encore une fois contre Sharon.

« C'était comme si j'étais responsable de tout, » continue Sorel, sa voix tremblante. « Je n'avais jamais voulu cela. Et puis, je... je suis restée éloignée, loin de tout, pensant que c'était la meilleure chose à faire. Mais en réalité, c'était l'inverse. Chaque jour sans toi était horrible. »

À ces mots, je me tourne vers elle, mes yeux brillants de compassion.

« Tu n'es pas responsable de ce qui est arrivé à ta sœur. Tu ne peux pas porter ce fardeau. »

Sorel hoche la tête, les larmes aux yeux.

« Je sais. Mais dans ces moments-là, la raison s'efface. Je ne voyais que la culpabilité. Et alors que je m'éloignais, je réalisais à quel point tu me manquais. »

Un frisson me parcourt à ses mots. La douleur dans sa voix résonne en moi, et je me rends compte à quel point notre séparation nous a affectées toutes les deux.

« Je veux que tu te souviennes que tu n'es pas seule. Je ne peux pas changer ce qui s'est passé, mais je suis là pour affronter tout cela avec toi, » assuré-je, ma voix pleine de conviction.

Un silence apaisant s'installe, le verre de lait à moitié plein trônant sur la table. Je regarde Sorel, et je me dis que malgré nos cicatrices respectives, il y a une beauté dans notre résilience. La promesse de soutien qui nous unit nous rend plus fortes, et nous sommes prêtes à affronter ce que la vie nous réserve.

« Alors, » dis-je, cherchant à alléger l'atmosphère, « qu'est-ce que nous faisons maintenant ? »

Sorel m'observe, un sourire espiègle illuminant son visage.

« Je vote pour qu'on prenne notre revanche sur la vie. »

Je ris.

« Oui, ça me semble être un bon plan. Mais pour l'instant, je veux juste savourer ce moment. »

ᴍʀs ʟᴀᴠʀᴏᴠOù les histoires vivent. Découvrez maintenant