Confession

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« Très bien, Lindsay. Si c'est ce que tu veux vraiment, alors qu'il en soit ainsi. Sois prête à assumer les représailles ! »

La pièce est silencieuse après le sermon de ma mère. Ses mots résonnent encore dans l'air, lourds et durs comme du plomb. Elle s'empresse de prendre son sac pour partir, mais quelque chose en moi refuse de la laisser quitter mon appartement sans obtenir des réponses. Une douleur profonde, enracinée depuis des années, monte à la surface.

« Maman, je dois savoir. Pourquoi as-tu toujours été absente pour moi alors que tu es si présente pour ma sœur ? Pourquoi tu me traites ainsi ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? »

Ma voix est brisée, et je sens mes yeux se remplir de larmes. Ma mère s'arrête, sa main sur la poignée de la porte, et se retourne lentement pour me faire face. Son regard est douloureux, presque suppliant.

« Ce n'est pas ce que tu as fait, ma chérie. C'est ce que moi, je n'ai pas fait... Je ne t'ai pas donné l'amour et l'attention que tu méritais, et je suis tellement désolée pour ça. »

Sa confession me frappe comme une vague glacée. Mon cœur se serre de douleur et de confusion.

« Alors pourquoi ? Pourquoi m'avoir délaissée ? »

Elle ferme les yeux un instant, comme si elle cherchait le courage de continuer.

« Ta naissance... elle n'était pas planifiée. Je sais que ça sonne horrible, mais c'est la vérité. À ce moment-là, ton père et moi étions déjà submergés par la vie avec ta sœur. Nous avions des problèmes financiers, et notre mariage n'était pas au mieux. Quand j'ai découvert que j'étais enceinte de toi, j'ai eu peur. J'étais épuisée et dépassée par tout. Honnêtement, j'ai même eu envie de... D'avorter. Mais, il s'avérait qu'au moment où j'ai découvert la grossesse, elle était beaucoup trop avancée pour la retirer alors, j'ai fait avec. »

Ses mots me laissent sans voix. La réalité crue de sa confession me frappe de plein fouet.

« Alors, tu ne voulais pas de moi à ce point ? »

Des larmes commencent à couler sur ses joues, et sa voix se brise.

« Ce n'est pas que je ne te voulais pas. C'est que j'avais peur de ne pas pouvoir te donner ce dont tu avais besoin. J'étais terrifiée à l'idée de ne pas être à la hauteur. Et, en essayant de me protéger, de protéger mon couple, de protéger notre famille, j'ai fait ce que je pensais être le mieux... mais j'ai échoué. J'ai échoué à te montrer à quel point je t'aimais vraiment. »

Je sens mes propres larmes brûler mes joues. Ses mots réveillent une douleur que j'avais enfouie depuis des années.

« Tu as eu peur... de moi ? »

Elle secoue la tête avec véhémence.

« Non, pas de toi. De moi-même. De ne pas être capable de t'aimer correctement, de ne pas pouvoir te donner ce que tu méritais. Chaque jour, je voyais à quel point je te blessais par mon absence, et ça me faisait mal, mais je ne savais pas comment réparer les choses. »

Sa voix est tremblante, et je peux voir la sincérité dans ses yeux. Mais cela n'efface pas la douleur que je ressens.

« Pourquoi ne m'as-tu jamais dit tout ça avant ? Pourquoi ne pas avoir essayé de changer les choses ? »

Elle prend une profonde inspiration, comme pour rassembler ses pensées.

« La culpabilité me paralysait. Plus le temps passait, plus il devenait difficile de revenir en arrière. J'avais peur que tu me rejettes, que tu ne veuilles pas de moi dans ta vie après toutes ces années de négligence. »

Ses paroles résonnent en moi, chaque mot un rappel cruel des années perdues.

« J'aurais voulu que tu essaies, que tu me montres que tu te souciais de moi, même un peu. »

Elle hoche la tête, les larmes coulant librement maintenant.

« Je suis désolée, vraiment désolée. Je sais que je ne peux pas effacer le passé, mais je veux essayer de reconstruire notre relation, si tu me le permets. Je veux être là pour toi maintenant, rattraper le temps perdu. »

Je la regarde, sentant une boule d'émotion se former dans ma gorge. Une part de moi veut lui pardonner, veut croire qu'il est possible de reconstruire ce qui a été brisé. Mais une autre part de moi reste méfiante, craignant de revivre la même douleur et surtout, se rappelant de tout ce qui a été dit.

« Je ne sais pas si je peux oublier tout ce qui s'est passé. En réalité, je crois même qu'il est trop tard maintenant. »

Ma mère s'arrête, l'air dévastée par mes mots. Elle hésite un instant, les yeux emplis de larmes, avant de parler à nouveau.

« Lindsay, ne me repousse pas, s'il te plaît. J'ai déjà été absente trop longtemps... Je ne veux pas perdre cette chance de réparer les choses. »

« Réparer les choses ? Comment, maman ? En me disant que tu es désolée après toutes ces années de silence ? C'est trop tard. Trop de mal a été fait. » répliqué-je en secouant la tête.

Madame Judith Moore se met à trembler.

« Je sais que j'ai failli. Je sais que je t'ai laissée seule, mais je veux être là pour toi maintenant. Je suis prête à faire tout ce qu'il faut pour regagner ta confiance. »

« Je t'ai attendu, maman. J'ai attendu des années que tu viennes, que tu me dises que tu me comprenais, que tu étais de mon côté. Mais tu n'as jamais été là. Jamais. » dis-je soupirant profondément, essayant de contrôler mes émotions.

« Je veux être là maintenant, Lindsay. S'il te plaît, laisse-moi t'aider. »

« Non. Tu ne comprends pas. Tu ne peux pas juste t'excuser maintenant et penser que tout va s'arranger. Tu m'as laissée tomber, encore et encore. C'est trop facile de dire que tu es désolée. Je ne peux plus te faire confiance. »

La femme noire reste figée, les yeux rouges et pleins de désespoir. Elle se rend compte que ses mots ne suffisent pas, que les années de négligence ne peuvent pas être effacées par une simple excuse.

« Lindsay, je t'aime. Je t'ai toujours aimée, même si je n'ai pas su te le montrer. Je veux juste une chance de te le prouver. »

« Si tu m'avais aimée, tu aurais été là pour moi. Mais tu m'as abandonnée quand j'avais le plus besoin de toi. Tu ne m'as jamais défendue, jamais écoutée. Maintenant, il est trop tard. »

Je fais un pas en arrière, puis ouvre la porte de l'appartement, lui indiquant qu'elle doit partir.

« Tu devrais t'en aller, maman. Ta famille t'attend. »

Elle reste immobile, avant de faire un pas hésitant vers la porte. Elle me jette un dernier regard, espérant encore peut-être un signe de réconciliation, mais je reste ferme, la tête baissée, les larmes coulant silencieusement sur mes joues.

« Je suis vraiment désolée, Lindsay. »

Sans répondre, je referme doucement la porte derrière ma mère, coupant définitivement le lien entre nous pour l'instant. Je reste là, dos contre la porte, laissant enfin libre cours à ma douleur, seule avec mes larmes et mon amertume.

ᴍʀs ʟᴀᴠʀᴏᴠOù les histoires vivent. Découvrez maintenant