Le déjeuner

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Cinq jours ce sont écoulés depuis cette nuit que j'ai passé avec Sorel. Épisode que je ne parviens pas à m'ôter de la tête. Je l'ai dans la peau. Il n'y a rien à faire pour changer cela... Obstinément, elle est là.
Et, les sentiments que j'avais autrefois éprouvé pour elle, refont surface.

Très drôle ! A quoi je m'attendais ?
Sorel Lavrov a réapparu dans ma vie et je dois accepter le lot de conséquences qui s'en suit. Tout le lot de conséquences, soyons clairs ! Y compris les blâmes de ma famille et l'accroissement des persécutions de mes parents quand ils apprendront cette histoire.

Bon sang, Lindsay ; vous avez juste couché ensemble et depuis, tu n'as plus aucune nouvelle d'elle. Arrête de t'imaginer tant de scénarios et concentre toi plutôt sur ton fiancé juste à côté de toi.

Nous nous rendons chez les parents d'Edward pour un déjeuner. Ma famille y sera, bien évidemment et, la question de l'avancée des préparatifs de notre mariage sera remise sur la table. On y passera des heures encore et je ressortirai de cette maison, irritée. Comme toujours.

« Calliope. » fait madame Hutton alors que nous venions de prendre place autour du repas.

« Pitié, belle maman. Appelez-moi, Lindsay ! »

« Lindsay, désolée. » se corrige-t-elle. « Prête pour ce mariage avec mon charmant garçon ? »

« Sommes-nous obligés de parler de ça avant même d'avoir commencé à manger ? » rétorque Sharon.

« Laisse ta sœur répondre, Sharon ! » dit ma mère.

Tout les regards se posent donc sur moi, attendant patiemment une réponse.

« Oui oui, je crois. 'Fin, pour être tout à fait honnête avec vous, tout ça va trop vite. Edward et moi voulons bien évidemment nous marier mais pas maintenant. Nous voulons prendre notre temps. »

« Eh bien, vous prendrez votre temps pour autre chose. » intervient monsieur mon père, de son ton froid. « Nous avons décidé d'avancer la date du mariage. Il aura lieu au début du mois de Février de l'an prochain. Vos mères s'occuperont de l'organisation. Nous pouvons commencer à manger. »

« Il en est hors de question ! » m'exclamé-je.

« Fin du débat, Lindsay. Ça sera en Février, point. Maintenant, tiens-toi bien et mange. » réplique mon père en me regardant droit dans les yeux.

Je pousse un grand cri d'énervement et quitte la table, d'un pas déterminé. Cet homme me donne la nausée. Et tous ces autres qui acceptent tout ce qu'il dit sans rechigner.
Les larmes me montent rapidement aux yeux puis dévalent sur mes joues. Ma vue se brouille et ma tête tourne. J'en ai marre de tout ça et je les déteste.

Cela fait si longtemps que je retiens ces larmes.
Je m'assois sur une marche d'escaliers, la tête entre les mains. Je suis tellement harassée de tout ça. J'ai juste envie de disparaître.

« T'es moche quand tu pleures. » entendis-je à côté de moi.

Pas besoin de lever la tête pour savoir qui c'est.

« Il est où, Edward ? » demandé-je à ma sœur, en reniflant.

« A table, en pleine discussion avec les parents, pour essayer de repousser le mariage. » me répond-t-elle en haussant les épaules.

Je soupire puis prends ma tête entre mes mains. C'est peine perdue. Il ne parviendra même pas à faire décaler le mariage d'une heure.

« Regarde moi, petite sœur. Ne te prends pas la tête avec tout ça. » me rassure Sharon. « C'est votre mariage, pas celui de nos parents. Seulement le votre. Je suis sûre que Edward accepterait même si tu le lui demandais, que la cérémonie ne se fasse qu'avec vous deux loin de tout. Alors, essuie moi ces larmes, s'il te plaît. »

Ce que je fais et ma grande sœur vient par la suite embrasser le haut de mon crâne. Ça faisait tout aussi longtemps qu'elle n'avait plus eu de tels gestes à mon égard. Et cela fait du bien. Nous restons là à bavarder un bon moment avant d'aller rejoindre ces gens aux idées macabres.
Nous n'avons plus reparlé de cette histoire de mariage et c'est tant mieux. J'aurais pété un câble sinon.

A la fin de tout ce cinéma, mon cher et tendre fiancé m'embarque dans sa voiture pour me ramener chez moi. Je lui propose de passer le reste de la journée avec moi, de même que la nuit mais, il refuse poliment prétextant avoir quelque chose de prévue depuis belles lurettes avec ses amis. Je n'insiste donc pas.

Une fois qu'il s'arrête devant mon immeuble, je pose un baiser chaste sur ses lèvres avant de descendre et de regagner mon appartement en cogitant sur ce qui pourrait très bien le mettre dans pareil état. Edward est très bavard de nature alors, quand ça devient tout le contraire, c'est qu'il y a quelque chose qui lui taraude l'esprit. J'essaye de trouver ce qui cloche et en même temps, il y a cette femme d'affaire terriblement sexy qui occupe ma tête et m'empêche de réfléchir comme il se doit.

Bon sang, Sorel !

Lorsque la cage d'ascenseur s'ouvre, grande est ma surprise. L'objet de mes tourments se tient là, adossé contre la porte. Ses AirPods dans les oreilles et les mains dans les poches.

« Bonsoir, Lindsay ! » dit-elle de sa voix si douce.

Son parfum inonde mes narines. Mon cœur s'affole. Mon trousseau de clés tombe. Elle me rend stupide.

« Sorel... » bredouillé-je avant de me baisser pour récupérer ce que j'ai perdu.

« En chair et en os. Alors, on entre ou tu préfères que nous restions ici ? » sourit-elle.

Je m'empresse donc d'ouvrir la porte et à peine pénétrons nous dans l'appartement, que la rousse ferme la porte d'un coup de pied et me plaque contre le mur. Je laisse tomber mon sac à main et la regarde droit dans les yeux.
Sa main vient frôler ma joue, je me fige et elle me vole un baiser. Rapide mais passionné.
Mon cœur s'emballe encore plus et elle me sourit.

« Tu m'as manqué ! » me dit-elle.

•••

BONNE ANNÉE LES AMIS !🤍

ᴍʀs ʟᴀᴠʀᴏᴠOù les histoires vivent. Découvrez maintenant