ᴍʀs ʟᴀᴠʀᴏᴠ

Premier contact

Après cet après-midi des plus agréables, Sorel m'a raccompagnée jusqu'à chez moi. Je l'ai convaincu de venir boire un dernier verre à mon appartement. Le cœur perturbé, ne sachant pas si Edward se trouvait encore là. Finalement non, le concierge me l'a confirmé et j'ai pu souffler de soulagement.
Mrs Lavrov a partagé vite fait un verre avec moi avant de s'en aller - problèmes familiaux oblige. J'aurais tellement voulu que la soirée s'achève différemment. Mais non, et j'ai dû faire fi de tout ceci pour ne pas avoir à lui montrer ma déception. Elle m'a tout de même embrassé comme jamais, avant de se volatiliser.

Pour passer le temps et ma frustration, je m'installe à mon petit bureau pour réviser. Le carillon de l'entrée résonne, je jette un coup d'œil à ma montre et découvre qu'il est 22 heures. Je n'attends personne. Ou alors, c'est peut-être Sorel qui revient pour, en fin de compte, passer la nuit avec moi.

Croisons les doigts !

Dring ! Dring ! Dring ! Je me précipite vers la porte d'entrée avant que cet individu inopiné ne finisse par me briser les oreilles et la sonnette au passage.

« Je ne te raconte pas ce qui m'est arrivé aujourd'hui... » débarque Dalila sans même daigner s'annoncer.

« Entre et dis-moi tout. » lui souris-je. « Quelque chose à boire ? »

« Je ne serais pas contre une bouteille de Martini... »

« Toi, tu dois vraiment être sous le choc... »

« Plus que ça ! » ronchonne-t-elle en se jetant de tout son long, sur le canapé. « Tu te souviens de la fille avec qui je parlais sur Instagram ? »

« Oui... Jayla ! Qu'est-ce qu'elle a fait ? »

« Elle n'existe pas... Elle n'a jamais existé. C'était juste un personnage inventé par Riley... » dit-elle dans un soupir. « Non mais tu te rends compte ? Elle s'est jouée de moi... »

Les larmes remplissent ses yeux et elle se mord la lèvre inférieure, tentant de se retenir d'éclater en sanglots. Son regard s'ancre au mien, et finalement, elle ne tient plus. Je la prends dans mes bras et essaye de la réconforter.

« Elle m'avait dit qu'elle ne ressentait pas la même chose que moi. Qu'elle ne me voyait que comme sa sœur... J'ai essayé de passer à autre chose... Je croyais vraiment que je pourrais construire quelque chose avec Jayla... Je m'étais attachée à elle. Mais tout ça n'était qu'une farce. Purée ! Un putain de défi entre potes... » dit-elle alors que ses sanglots redoublent d'intensité.

Je ne l'avais jamais vu dans un tel état avant. Jamais. Et je n'ai qu'une seule envie, c'est de lui refaire le portrait à cette Riley... Mais pour l'instant, je me contente juste de consoler mon amie. Je lui caresse les cheveux, lui murmure de petits mots et elle se calme peu à peu.

Au même moment, quelque chose attire mon attention à l'entrée du salon. Ou devrais-je dire quelqu'un. Je n'ai même pas eu le temps de prévenir Dalila que la Russe était là. Qu'est-ce qu'elle fait ici ? Je croyais qu'elle avait quelque chose d'important à faire.

« J'arrive au mauvais moment ? » demande Sorel, d'un air désolé.

Dalila s'extirpe de mes bras après avoir entendu sa voix. Puis, sa bouche s'entrouvre délicatement lorsqu'elle voit enfin Sorel après de très longues années.

« Désolée, je ne voulais pas déranger. » s'excuse mon amante en se passant une main dans les cheveux. 

Qu'est-ce qu'elle est sexy quand elle fait ça !

« Je ne savais pas que tu avais de la compagnie, Lindsay. » s'excuse rapidement Sorel. « La porte était entrouverte alors, je suis entrée. »

Dalila essuie rapidement ses larmes et se lève en même temps que moi.
Je voulais que ma meilleure amie et la femme avec qui je couche - oui, parce que je n'arrive pas à mettre un autre nom sur ce que nous sommes toutes les deux - se rencontrent à nouveau après un long moment mais pas comme ça. Pas alors que mon amie est en plein chagrin d'amour. Pas alors que j'ai juste envie de bondir sur Sorel et de l'embrasser. D'ailleurs, je sais que c'est aussi pour ça qu'elle est revenue.

Ressaisis-toi, Moore !

« Hum hum... Sorel, Dalila. Dalila, c'est Sorel. »

« Je suis ravie de te revoir. Tu as beaucoup changé depuis le temps. » s'avance la rousse en lui tendant la main.

« Plaisir... Euh... plaisir partagé. Et, oui, j'ai beaucoup changé. En même temps, j'avais à peine dix ans lorsque nous nous sommes vues la dernière fois. » s'étrangle mon amie, à moitié.

Elle expérimente enfin tout ce que j'ai eu à lui dire au sujet de Sorel et je ne peux m'empêcher de rire.
Sorel, c'est le genre de femme qui ne laisse pas le temps de réfléchir parce que, elle n'est pas que belle, pas que galante mais elle a ce petit truc qui dérange tout sur son passage.
Dalila ne voulait jamais me croire quand je lui parlais de l'effet que cette femme était capable d'avoir sur quelqu'un. Au moins maintenant, je pense qu'elle ne doutera plus.

« C'est vrai. » réplique Sorel en riant. « D'ailleurs, il est certes tard, mais en venant, je me suis arrêtée dans un restaurant chinois et j'ai pris quelques petits trucs à manger. » continue la russe en montrant les paquets qu'elle tenait dans sa main droite. « Je sais que Lindsay adore ça mais je ne sais pas pour toi. Par contre, c'est vraiment exquis et je crois que ça t'aidera à oublier ton chagrin. »

« Non ... Je ... Je pense que vous avez toutes les deux envie d'être seules alors, je ne vais pas vous déranger plus... » balbutie mon amie.

« C'est moi qui débarque brusquement et c'est toi qui dis ça ? » rigole Sorel. « Non vraiment reste. Et puis, ça me permettrait de mieux faire la connaissance de la personne la plus proche de cette jolie fille juste là. » continue mon amante en me tendant la main, que je n'hésite pas à prendre avant d'aller me blottir contre elle.

Dalila accepte la proposition et toutes deux récupérons par la suite, les paquets que nous allons déballer dans la cuisine, tandis que Lavrov, sous mon regard insistant, s'occupe d'ouvrir la bouteille de Martini qu'elle renverse dans trois verres et nous trinquons.

Les deux femmes font plus ample connaissance et nous passons une agréable fin de soirée. Ça me fait plaisir de savoir que ma meilleure amie s'entend plutôt bien - même si ce n'est qu'un premier contact, pas si premier que ça - avec la femme qui a réussi à voler mon cœur depuis maintenant de très longues années et qui ne semble pas décidée à me le rendre.