Déclaration [1/2]

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Ça me fait toujours plaisir de passer la nuit avec elle. Quand je repense au nombre de temps que ça a prit avant d'arriver, j'ai encore du mal à le réaliser. La sensation est encore indescriptible... ou pas.

Après avoir fait l'amour une deuxième fois mais, dans mon lit, je me suis abandonnée dans ses bras doux et protecteurs. Sentir sa peau aux effluves de lavande caresser mon dos et ma poitrine, son souffle me balayer le cou et sa chaleur se répandre en moi comme par magie, m'a donné l'impression d'être sur un nuage alors que je sombrais une nouvelle fois dans le sommeil. Il en faut peu pour être heureux et ça, je l'ai enfin compris. Un bonheur simple, apaisant, qui me fait oublier cette guerre entre ma famille et moi.

Je m'extirpe de mes rêveries et entrouvre les yeux. Il est très exactement 7h27. Tout en prenant le soin de ne pas réveiller la femme endormie juste à mes côtés, je me retire de ses bras avant de prendre mon téléphone et de vérifier mes messages et Mails. J'étais normalement censée avoir un cours en ligne de Sociologie à 8 heures mais le professeur vient d'annuler. Comme à son habitude. Finalement, je dépose l'appareil sur ma table de chevet et admire la rousse. Elle est si belle quand elle dort... Je me mords instinctivement les lèvres.

« Ça, c'est du voyeurisme. » dit Sorel d'une voix embrumée.

Je sursaute puis, dans un élan de panique, lui tape le bras. Ma réaction la fait rire aux éclats et en retour, je me contente juste de croiser les bras et froncer la mine, tel une gamine mécontente de ne pas avoir reçu de bonbon. Sorel se redresse, me prend dans ses bras et me dit...

« Je suis désolée, j'avais oublié à quel point tu étais une froussarde. »

Je ne peux réprimer un rire et elle aussi. Mon amante amusée, en profite pour m'embrasser tendrement et, je sens mon estomac se tordre. Comme si c'était la première fois... Pourtant !

« Tu m'as dit "je t'aime" hier avant de t'assoupir. Je sais que tu m'as déjà avoué ce que tu ressentais pour moi, au Starbucks mais bon. »

Vraiment ?

Je me concentre assez pour fouiller à toute vitesse dans ma mémoire et tenter de retrouver le moment où je lui ai dit ce fameux "je t'aime"... Mais, je ne m'en souviens pas.

« Tu plaisantes, n'est-ce pas ? » dis-je pensive, désormais.

« Tu crois que je pourrais inventer une telle chose ? » rétorque-t-elle, toujours avec le sourire.

Je me passe une main sur le visage. Je ne me souviens pas de ce moment.
Le moment où nous avons fait l'amour était incroyable, et dans les minutes qui ont suivi, j'ai eu l'impression de flotter sur un petit nuage. Comme toutes les autres fois, j'étais au septième ciel et si bien entre ses bras que j'aurais pu dire tout et n'importe quoi. Même ce que j'évite de mentionner chaque fois que nous sommes ensemble car j'ai peur qu'elle prenne ses jambes à son cou.

« Tu ne t'en souviens pas, j'imagine ? »

« Pas vraiment, non. Mais, peu importe puisque, c'est la vérité. Et savoir que mes sentiments ne t'ont pas donné l'envie de me laisser seule dans cet appartement au beau milieu de la nuit... Tu ne te rends pas compte comme ça fait du bien. »

Je soupire tandis que sa bouche parcourt ma mâchoire et mon cou.

« Je suis encore ici parce que j'ai enfin compris que ça ne sert à rien de prendre la fuite devant des choses que moi aussi, j'éprouve. »

Elle effleure mon menton juste avant de glisser sa langue sur mes lèvres.

« Il y a cinq années de cela, après être retournée en Russie pour de multiples raisons, j'ai réussi à faire disparaître mes doutes à ton sujet et à mettre les mots adéquats sur mes sentiments. Je n'étais pas que sous ton charme, Lindsay. » poursuit-elle. « Et ce jour où nous nous sommes revues, ce que j'ai ressenti pour toi était beaucoup trop fort. D'ailleurs, quand j'ai découvert ce qui se passait entre tes parents et toi, j'ai eu envie de te protéger. Tu n'imagines pas à quel point ton bien-être me préoccupe. »

Je me demande comment elle fait pour faire des phrases cohérentes tout en continuant à m'embrasser. Parce que moi, je suis complètement à sa merci. Mon corps n'a plus de force, et comme nous sommes encore nues suite à nos ébats de tout à l'heure, mes tétons pointent contre sa poitrine. Les yeux fermés, je la laisse me marquer de ses baisers. Son odeur fruitée pénètre mes narines et j'aime tellement ça, tout comme la pression de ses mains sur mes cuisses, pour les entourer autour de ses hanches.

« Je pourrais tout faire pour toi, Lindsay... Tout. Pour que ta vie soit moins contraignante. »

« Sorel... » je gémis alors que sa langue trace un chemin sur mon épaule.

« Ce qui s'est passé quand j'ai débarqué à ton appart pour la première fois, a marqué le début de quelque chose entre nous, Lindsay. Nous sommes attirées l'une par l'autre et c'est irrémédiable. »

« J'ai pensé à toi tous les jours, Sorel. » soufflé-je avant d'enfin trouver sa bouche. « Tu étais dans ma tête chaque jour, chaque minute, chaque seconde, et pas juste parce que je m'inquiétais pour toi, car n'ayant pas de tes nouvelles. Parce que ton visage, ta voix, ton sourire passaient en boucle dans ma tête. Parce que mes sentiments à ton égard ont toujours été clairs et parce que j'ai toujours su ce que je voulais que tu sois pour moi. »

« J'ai dit à Kalisha et Andreï que je te voulais dans ma vie. Que je reviendrais ici aussi, pour toi. Lindsay, je veux être à toi ; je veux que tu sois à moi et, je veux que tout le monde le sache. Mais pour le dernier, je crois qu'il nous faudra beaucoup plus de temps. »

Je sens des papillons dans mon ventre, les battements de mon cœur s'accélèrent et, Sorel ne semble pas être en mesure d'arrêter de m'embrasser. Et moi non plus de toutes les façons. L'idée qu'elle ait parlé de moi à son petit frère et sa défunte sœur me donne envie de sauter au plafond. Et cela m'aide à comprendre qu'elle est prête pour ce qui nous attend si nous nous mettons ensemble. Mais...

« Je crois que tu mérites mieux... » finis-je par dire.

Elle arrête finalement de m'embrasser et pose sur moi, des yeux ébahis.

« Pardon ? Je mérite mieux ? Tu plaisantes n'est-ce pas ? »

« J'aimerais bien. »

Sorel me regarde, effarée. Elle m'ouvre son cœur, et tout ce que la sombre idiote que je suis trouve à lui dire c'est juste « tu mérites mieux. » ?

« Redis moi ça pour voir. » réplique d'elle en ancrant son regard au mien.

J'ai un moment d'hésitation avant de finalement me décider à parler.

« Sorel, tu mérites mieux. Tu mérites mieux qu'une fille qui n'apportera que chaos et stress à ta vie. Qu'une fille qui mène une très longue guerre contre sa famille. Tu mérites mieux qu'une fille avec qui tu ne pourras jamais t'afficher, que jamais tu ne pourras présenter à qui que ce soit juste parce que notre relation sera perçue comme une folie à leurs yeux et entraînera la colère de certains. Tu mérites... »

« Je mérite... Je mérite... » m'interrompt Sorel. « Soit. Mais c'est toi que je veux. »

« Sorel, on ne peut pas... Non. »

« Et pourquoi ? »

« Putain, tu sais très bien pourquoi. »

« Donne moi une seule bonne raison ! » répondit-elle en croisant les bras sur sa poitrine.

« Sharon. »

« Rien que ça ? »

ᴍʀs ʟᴀᴠʀᴏᴠOù les histoires vivent. Découvrez maintenant