15 ⚜️ Troublés

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Je n'ai jamais aussi mal dormi.

Le lit était confortable, l'oreiller moelleux, la température parfaite. Toutes les conditions étaient réunies pour passer une bonne nuit de sommeil. Pourtant... Non. Je me suis tournée et retournée.

À chaque fois que j'entendais mon cœur battre à tout rompre, je craignais que Kyle ne l'entende aussi. Chaque fois que je percevais sa respiration à un mètre seulement, une boule se formait dans mon ventre.

J'en suis arrivée au point où j'avais peur qu'il puisse savoir exactement ce dont je rêvais.

Lui, au contraire, semble en pleine forme. Il a passé la nuit sans problème et un simple café l'a mis d'attaque.

Je me sens encore plus puérile que la veille, lorsque je pleurais comme un bébé parce que mon mec m'a trompée avec tout Oxford avant de tomber amoureux d'une salope.

On se rapproche dangereusement de ma vie chaotique et de tout ce que j'ai laissé entre parenthèses ces derniers mois.

Cette angoisse, mêlée à mes sentiments confus, m'a gardée éveillée. Je ne pensais qu'à "l'après", qu'à tout ce qui m'attend de pied ferme et que je ne suis pas prête à assumer. Je ne pensais qu'à Kyle, à ses mains chaudes qui ne me semblent plus désagréables et à la manière dont on se cherche sans vouloir se trouver.

Je ne comprends pas vraiment ce que je ressens envers lui. Je ne le déteste plus, non, loin de là. Je le trouve beau et parfois j'aimerais qu'il me touche. Mais d'un autre côté, je me sens honteuse, j'ai l'impression de trahir ma conscience.

Je sais que ce n'est pas de l'amour, en tout cas. Jarvis refuse de laisser mon cœur en paix malgré tout ce qu'il a fait.

Appuyée contre le siège, je fixe la neige qui tombe encore contre le pare-brise. Kyle sort enfin de la petite boutique trouvée au centre-ville. Il s'engouffre dans la voiture et me tend une poche.

-Enfile ça.

Je découvre deux manteaux d'hiver et je ne me fais pas prier. Il met le deuxième et j'expire de satisfaction en fourrant mes mains dans les poches.

-Ça fait du bien de ne plus trembler, dis-je.

Il ne répond rien, cherchant une station de radio correcte.

-On sera à Londres dans combien de temps?

-Trois heures, je dirais... marmonne-t-il.

Je plisse les yeux, son comportement est vraiment contrariant. Il démarre le moteur et rallume le chauffage, attendant quelques minutes dans le silence que la buée disparaisse.

-Kyle, prononcé-je fermement.

Il tourne enfin la tête vers moi, un sourcil levé comme pour me demander pourquoi je suis en colère.

-Arrête de m'ignorer.

-Je ne t'ignore pas.

-Qu'est-ce que tu fais alors? Un jeu du silence?

Il souffle, agacé par la conversation.

-Ça n'a jamais été d'une grande utilité pour personne.

-Je ne suis pas du matin, ment-il.

-Tu t'es comporté comme ça pendant un mois.

Je pensais qu'il voulait me tenir éloignée mais peut-être que je suis trop égocentrique. Peut-être qu'il en a marre de me voir tous les jours et peut-être qu'il égare parfois son regard parce qu'il ne trouve rien d'autre d'intéressant chez moi.

Dans tous les cas, ce n'est pas une raison pour se montrer irrespectueux. J'ai horreur qu'on m'ignore.

-Oui et j'aurais dû le faire dès le début. Tu te sens trop pousser des ailes maintenant.

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