Chapitre 3

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Une semaine plus tard.


La dispute avec Esteban avait été très vite oublié. Le lendemain il s'était tout de suite excusé et j'avais pu commencer ma lecture dans le calme. Je n'ai d'ailleurs fais que ça pendant le restant de la semaine. J'ai pu apprendre que lorsque nous rêvons, notre cerveau n'est jamais complètement endormi. C'est pour cela que notre imagination s'amuse à nous faire vivre des expériences plus folles les unes que les autres. Ce que j'ai appris c'est qu'il existe comme une hiérarchie des rêves. Tout en bas de la pyramide se trouvent les rêves que nous faisons sans pouvoir agir dessus. Ceux que je n'ai jamais pu faire étant donné que je me situe directement au premier étage de la pyramide, à savoir les rêves lucides. Ce sont donc des rêves où nous savons que ce n'est pas réel et où nous pouvons ressentir certaines émotions. Nous pouvons profiter du script que notre inconscient nous a laissé. Et enfin, il y a le shifting. C'est un processus plus complexe que les rêves. Notre conscience sort de notre corps afin de réaliser nos rêves là où l'inconscient ne faisait qu'inventer des scénarios pendant notre sommeil. Nous pouvons déambuler dans notre monde, observer les autres ou bien même rentrer dans leurs rêves lorsqu'ils dorment. Il existe en fait tout pleins de dimensions alternatives à la nôtre où nous pourrions nous rendre également. Ce ne sont alors plus des rêves mais bel et bien la réalité. L'espace autour de nous existe, nous pouvons tout ressentir.

Tout ceci est extrêmement farfelu et me paraît insensé. De plus, je n'ai jamais eu l'impression de me rendre ailleurs que dans mes rêves. À part cette fameuse nuit où j'ai rencontré Luke et au rêve chez Opaline. Mais je ne peux être sûre de rien, c'était sûrement mon imagination.

Pour l'heure, je devais partir exposer ma toile sur les quais. Le carnaval allait bientôt commencer. Ma tenue m'allait à ravir, j'étais très satisfaite du résultat. Le loup était somptueux. Une fois sortis du tramway je fus de suite happée par la musique environnante. Des trompettes, des tambours, des chants, des cris. Tout le monde était joyeux et avait l'air de s'amuser. Sur la place près du miroir d'eau, des femmes vêtus de robes longues étaient pieds nus et faisaient un spectacle mêlant l'eau à la danse. Je restais quelques instants à les observer puis repris mon chemin. Tout le monde était déguisé, même les animaux. Je vis un petit chihuahua se balader avec un gros nœud autour du cou. Je me mis à lui sourire. Enfin arrivée au stand de ma classe, je m'approchais de mon professeur principal. C'était drôle de voir son professeur habillé d'une autre manière que pour les cours. Il portait un déguisement du "Joker" de l'univers de Batman. Il s'était teint les cheveux en vert pour l'occasion. Je m'amusais à penser que c'était sûrement un fan de comics.

-Bonsoir Céleste. Ta place est ici, je te laisse accrocher ta toile, ne perd pas de temps la fête a déjà commencé.

Je m'empressais de faire ce qu'on me demandait puis remarquais qu'une place était vide près de mon emplacement. Opaline n'était donc pas encore ici ?

-S'il vous plaît écoutez-moi un instant. Dit le professeur, me tirant de ma rêverie. L'objectif est que vous restiez proche de vos œuvres pendant deux heures, soit jusqu'à 20 heures. Le doyen de la faculté va venir voir vos œuvres puis vous aurez également la visite des jurys de master. C'est le moment pour vous de vous démarquer.

-Est-ce qu'on pourra les récupérer ensuite ? Demanda un élève parmi la foule.

-Non pas tout de suite. Vous aurez quartier libre après 20 heures. Les toiles vont rester exposées pour les gens qui veulent venir voir. À minuit, soit vous venez la récupérer soit c'est l'équipe des professeurs, en l'occurrence nous, qui les prendrons quand nous désinstallerons le matériel.

Certains élèves hochèrent la tête.

-C'est bon pour tout le monde ? Demanda t-il.

Des oui se firent entendre et le professeur continua de ranger quelques cartons. Je me concentrais sur les toiles de mes camarades. Beaucoup de couleur s'en dégageaient, tantôt s'agissant de paysage, tantôt de visages maquillés pour l'occasion. Soudain, je sentis des mains m'attraper aux niveau des épaules. De long ongles noirs se plantèrent dans ma peau et me firent tourner sur moi même pour faire face à la personne. Opaline se dressait devant moi dans un costume épouvantable. Elle était habillée d'une robe très volumineuse noire avec de longues manches en dentelle. Son visage était maquillée comme un clown triste. Le teint très pâle. Beaucoup de fards à paupières noir entourait ses yeux jusqu'à descendre en pointe sur ses joues. Elle avait également mis un rouge à lèvres de la même couleur et l'a étiré de façon à dessiner un sourire triste et macabre.

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