12 - love renewed

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À Port-Réal, les tavernes et auberges ne dormaient jamais. Plus les établissements étaient luxueux et moins ils avaient intervient à fermer. La maison proche de Fosse Dragon aux colonnes sculptées de roses était de venu un lieu de repos pour les voyageuses sans distinctions de leur âge, de leur appartenance sociale. On y trouvait alors des nobles comme des roturières sans que jamais cela ne fut un soucis pour quiconque. Après tout, la règle de la maison était claire. Égalité et respect de toutes les femmes. Solidarité dans ce monde d'homme si violent qui ne se souciait pas réellement de si elles vivaient ou mourraient dans un fossé.

Elles avaient reçu une visite de la foi, un jour, sortie de nulle part et Strika se demanda si Aegon avait encore décidé d'intervenir dans sa vie sans qu'elle ne lui demande quoique ce soit. Après tout, il était un champion de ce genre d'occurence, ne révélant que plus tard son implication dans les grandes forces qui avaient fait bougé sa vie dans la bonne direction comme dans les mauvaises. Elle se souvint s'être assise avec la Mère Supérieur, de lui avoir servit un thé, de l'avoir écouté la félicité pour sa dédicacions à la cause des femmes. Elle lui avait aussi proposé de revenir au Septuaire pour prendre la place qu'elle avait toujours mérité mais la vision soudaine de Gaemon avait suffit à rebuter la vieille chouette.

« Tant mieux. » avait alors dit Mysaria.

Tant mieux. Elle était heureuse de sa place ici. Aegon n'avait pas cherché à revenir, personne n'avait plus d'influence sur sa vie à part elle-même. Mais pourtant, quand la rousse fermait ses yeux. Elle voyait encore des cheveux blancs coupés courts qui tombaient devant des yeux améthystes, elle sentait le souffle chaud sur son cou, elle sentait la douceur des lèvres contre les siennes, se mouvant avec une lenteur délicieuse. Strika ne pouvait pas mentir. Aegon Targaryen, Prince-Rat de Culciper, lui manquait. Il lui manquait sous toute ses formes, même les plus détestables et peut-être était-ce cela le problème.

. . .

Une main sur ses lèvres manqua de la faire hurler de terreur alors que Strika secoua sa tête avec force. Au-dessus d'elle, une silhouette encapuchonnée et elle jura sur tous les Dieux qu'elle pensa mourir pendant un moment. Après tout, un inconnu était entré dans sa chambre par la fenêtre sans un bruit. Sans rien dire. Elle se demanda si sa vie allait s'arrêter là pour avoir refusé à nouveau d'entrer dans les ordres, si le Père était en colère de son déni de donner son temps à ceux qui lui avait permis tant de chose.

Puis elle le reconnu. Elle reconnu son nez, ses traits graciles, son épaisse barbe. Il était le protecteur d'Aegon. Où devait-elle dire roi Aegon maintenant? La rousse savait qu'il avait un frère jumeau qui lui ressemblait véritablement comme son autre main. Reflet d'une même pièce. Elle se demanda ce qu'il lui voulait. Si son maître lui avait ordonné de la faire taire pour toujours et de jeter son bâtard à la mer, noyé comme un vulgaire sac de linge usé et inutilisable. Strika secoua alors sa tête mais resta silencieuse et le chevalier la redressa sans peine. Il ferma la porte à clé, lui ordonnant de s'habiller rapidement et que le roi attendait. Attendait quoi? Se demanda l'ancienne prostituée.

Sous la cape qu'elle portait, Strika se demanda si elle avait le droit de se rendre au palais. Après tout, elle n'y avait jamais mis les pieds malgré son immense proximité avec l'ancien Prince des Sept Couronnes devenu Roi. Il n'avait jamais souhaité la voir là-bas, par peur. Peut-être à cause de ce rêve si récurent où il la voyait périr sous ses yeux, lèvres entrouvertes, sanglantes, de la main de son grand-père. Ser Arryk la poussa par l'entrée de service, lui faisant remonter des couloirs, traverses un atrium, passer devant des salles où travaillaient des domestiques, des mestres, des septas.

Elle croisa des personnes dont la richesse paraissait évidente. Des personnes si hautes dans l'échelle sociale qu'elles ne devaient même pas savoir que les gens comme elle existait. Strika était hors de son confort. Elle était dans un autre monde. Son inquiétude monta d'avantage et le chevalier la fit s'arrêter devant une porte, son regard la fixant avec intensité avant qu'il ne toque.

« Votre Grâce? » demanda-t-il et la porte s'ouvrit, forçant Strika à entrer dans la pièce avec une certaine peur de ce qu'elle y trouverait.

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Rouge sur le rouge. Noir et profondeur de la nuit. Brique rouge et porte qui s'ouvre sans bruit. Strika retira sa capuche lentement, observant la figure d'Aegon assit sur un lit immense aux lourds rideaux. Il s'agissait d'un luxe étouffant et la rousse s'étonna à penser que son ancien amant vivait dans un décor qui ne lui ressemblait absolument pas. Tout était transpirant d'une richesse écoeurante. Sa cape glissa de ses épaules dénudée alors qu'elle la posa sur une chaise, son regard évitant celui qui la suivait à chaque pas qu'elle faisait dans la pièce.

« Strika. » prononça-t-il lentement, comme s'il était dans un rêve. Peut-être était-ce l'alcool.

La susnommée se tourna alors, offrant un regard incrédule au garçon-roi, marchant jusqu'à lui pour le pousser à s'asseoir à nouveau. Il avait les traits tirés et le visage fatigué, ses cheveux blancs sentaient la transpiration et Strika secoua sa tête. Pas encore. Pas encore ce même spectacle. Elle respira profondément et le regarda dans les yeux un moment, cherchant la manière dont elle pouvait mettre en avant ce qu'elle souhaitait lui dire. Que souhaitait-elle dire de toute façon. Il paraissait malade. Plus qu'il ne l'avait jamais été auparavant et la culpabilité monta. Vert. Vert émeraude sur une âme noir.

« Strika. Appela-t-il encore, presque désespérément, fin connaisseur de ses points les plus faibles.

— Aegon, on ne peut pas faire ça encore. Si on me trouve ici, je risque la mort je-.

— Mon roi. Votre Grâce. Appelle moi par mon titre. »

Strika secoua sa tête, il attrapa ses poignets avec une fermeté qu'on ne lui devinait pas. La peur traversa ses yeux mais Aegon semblait trop profondément enfoncé dans son rêve, dans le fantasme qui passait derrière ses yeux vitreux. La jeune femme se débattit longuement. Elle se débattit quand il la força sous son corps. Elle se débattit quand il grogna contre son oreille. Elle éclata en sanglot quand il répéta qu'il l'aimait, qu'il l'épouserait et qu'elle serait la reine des Sept Couronnes.

Blanc dans l'orange. Améthyste perforant son coeur comme il le faisait si bien. Le goût de ses lèvres fut familier. Rouge de la Treille. Et Strika pleura d'avantage quand il la serra contre lui, s'excusant. Elle comprit alors qu'il était à un point de non-retour. Au bord de la petite mort. Piégés dans l'emprise de l'un et de l'autre.

« Je t'aime ».

Aucun d'eux ne sû qui parla. La douleur? Le coeur? Aegon s'en moqua. Elle était de retour dans sa vie et peut-être était-ce réellement la seule chose qui comptait.

HOTD - The Lesser Lord [Aegon x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant