19 - a violent heart

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pray for alicent

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Le septuaire était un endroit appart. Il avait toujours été parfaitement interdit d'y entrer armé, de s'y battre, d'y apporter le blasphème. Il était interdit aux hommes et aux femmes d'y être en même temps, d'y apporter des idées impures pour autre chose que se repentir. Autant de règles qu'Alicent Hightower avait semblé bon d'imposé dans ce sanctuaire de paix et de fausse piété. La vérité était assez simple pourtant, l'ancienne épouse du roi Viserys souhaitait la paix, le calme, la tranquillité loin de la violence bestiale qui régnait à l'étage.

Pour la première fois en vingt ans, elle priait pour qu'on la ramène chez elle. Elle priait pour qu'elle retrouve le calme reposant de Villevieille. Dans son esprit flottait la bannière familiale, le vent s'y engouffrant avec une force tranquille. Dans chaque pièce brulait de l'encens, une odeur de bois de rose et peut-être d'autre chose. Quelque chose de délicieux qui ouvrait l'appétit et qui faisait rire à gorge déployée comme après un bon spectacle. Quand ses paupières se rouvrir, Alicent était toujours agenouillée devant la statue de la mère. Elle était toujours la Reine Mère. Elle entendait toujours le capharnaüm autour d'elle.

Est-ce que la douleur ne s'arrêterait jamais? Est-ce qu'on ne la laisserait jamais en paix? Alicent se demanda si on la punissait parce qu'elle avait manqué de fermeté face à son père. Parce qu'elle avait abandonné lâchement plutôt que de combattre la violence qu'il avait infligé à sa propre chaire. La femme n'était pas idiote, encore moins aveugle. Elle savait ce qui se cachait derrière les jolis sourires, derrière les portes closes , derrière chaque promesse d'une punition exemplaire qui calmerait le coeur violent de son fils aîné. Chaque fois qu'il lui revenait, le garçon était pire. De pire en pire. De plus en plus effroyable.

Un soupire quitta ses lèvres, faisant chavirer les flammes des bougies qu'elle avait allumé. Si elle devait être honnête, elle n'était pas sûr d'avoir déjà ressenti de l'amour, un amour véritable. Son père était un monstre, à cela, il n'y avait rien à ajouter. Pas de mots pour atténuer l'idée, pas de paroles pour tenter de masquer la vérité. Il était un monstre. Sa mère avait été une femme d'une grande gentillesse et d'une grande piété mais son visage était maintenant flou. Son mari avait été incapable de lui démonter une affection réelle. Il l'aimait car le sexe était bon et qu'elle avait pondu soigneusement une poignée d'enfants aux cheveux d'un blanc pur.

Ses enfants... Aegon était une plaie. La première fois qu'Alicent avait porté son regard sur lui, elle l'avait trouvé joli. Mignon. Comme le nourrisson d'une femme étrangère. Il ne lui ressemblait en rien et en grandissant, elle fut incapable de l'aimer. Non. Alicent n'aimait pas Aegon. Helaena. Elle était sa seule fille, née enveloppée de soie verte. Elle était blonde d'or argenté, un enfant venu de la lune. Sa mère avait essayé de la modelé à son image, à l'image de la femme qu'elle rêvait d'être, mais la fillette était devenue une étrange personne. Une personne qui sursautait quand on touchait son bras. Une personne profondément introvertie. Non. Alicent n'aimait pas réellement Helaena. Et Aemond. Son précieux Aemond. Il l'avait toujours défendu contre toute les attaques, contre tous les dangers. Le garçon avait grandi en un homme et pourtant, il la révérait comme la véritable Mère. Pourtant, Aemond avait sa colère, ses complexes et son tempérament. Il l'avait déjà blessé. Il l'avait déjà menacé. Non. Alicent n'aimait pas particulièrement Aemond.

Ils étaient les enfants nés d'une violence profonde. Ils étaient nés d'un non-désir. Ils étaient nés sans qu'elle ne leur demande de venir. Pour ça, elle ne pouvait jamais les aimer. Dans son dos, la porte du Septuaire s'ouvrit et l'ancienne Reine Douairière se leva pour chasser l'intrus. Cet endroit était sien, personne ne devait être là. Personne n'avait le droit d'être là pendant ses confessions aux Dieux. Personne ne devait assister à son moment de vérité, au moment où son masque tombait. Elle fut accueillit par la vision d'Aegon. Aegon, les yeux fous, arme à la main, les gants et les bottes tâchées de sang.

« Elle ne voulait pas que je sois là, Mère. »

Alicent fronça alors ses sourcils et s'approcha à toute vitesse de son fils. Qu'avait-il fait? Qu'avait-il fait? Pourquoi devait-il toujours être le monstre? Pourquoi ne savait-il donc pas s'arrêter? Alicent imagina alors le pire. Elle imagina Helaena coupée en deux, les têtes de chacun de ses enfants étendues à ses côtés. Elle imagina la mare de sang sur le parquet en bois sombre, la difficulté que les servants auraient pour faire disparaître le crime. Son fils. Son fils avait fait ça. Son fils avait certainement tué sa soeur-épouse, ses enfants-. Ses enfants. Alicent se mentait à elle-même. Ce n'étaient pas les enfants d'Aegon.

« Mère ! Elle ne voulait pas que je sois là ! Elle ne m'a jamais demandé. Cria alors Aegon.

— Mon dragon, je- »

La gifle partit toute seule, faisant voler les bagues qui habillaient les doigts gonflés par la chaleur du jeune Roi des Sept Couronnes. Il avait frappé de toute ses forces. Il avait frappé plus fort que jamais auparavant. Plus fort que sur Strika. Plus fort que sur Helaena. Plus fort que sur Aemond. Plus fort que sur toutes les putes du royaume. Il avait frappé de toute sa colère, de tout son dégoût. Alicent chancela alors. Elle manqua de tomber en arrière, se retenant sur le rebord de l'autel. Aegon l'avait frappé. Aegon avait rendu le coup. Aegon n'était plus Aegon. Il était plus Maegor que Maegor lui-même. Le roi cruel n'aurait jamais levé la main sur Visenya, pensa Alicent. Elle n'était pas Visenya.

Elle trébucha à nouveau au coup suivant et à celui d'après. Elle tomba sur le dos quand il passa ses mains autour de sa gorge pour serrer autant qu'il pu. S'il avait pu l'étouffer, là, sur le sol, souillant ses bas de soie, Aegon l'aurait fait. Il l'aurait tué en un instant, broyant sa trachée à main nue. Alicent devint rapidement rouge puis presque violette et enfin, il la relâcha quand elle manqua de sombrer. Un nouveau soufflet la réveilla cependant et sa toux fut d'une violence insoupçonnée. Sur son cou gracile, une collection de phalange bleue, collier de saphir qu'elle porterait avec honte. La Reine Mère se demanda alors pourquoi. Pourquoi. Était-ce à cause de l'abandon? À cause du manque d'amour? À cause du destin qu'ils avaient forcé sur lui comme un pion.

Une larme coula, ruisselant le long de sa tempe, petit fleuve tranquille le long de son lit. Elle se faufila entre les rides jusqu'à ses cheveux, son regard plein d'une douleur qui lui était jusqu'ici inconnue. Était-ce ça l'amour? La douleur qu'on ressentait quand on souffrait de la main de quelqu'un qui était important dans son coeur? Alicent chercha sa mémoire. Oui. Elle avait ressentit une peine déchirante quand Rhaenyra était partie. Quand elle l'avait abandonné lâchement. Quand elle avait décidé que cet amour qu'elles partageaient devait s'arrêter d'une manière brutale. Amour à sens unique. Amour noyé dans une coupe de vin. Amour. Alicent papillonna alors des yeux et tendit sa main, caressant la joue de son fils. Amour.

« Tu l'aimes? Tu l'aimes tant que ça..? Une prostituée? »

Les mots sortirent difficilement, coupants comme des lames de rasoirs. Sa gorge brûlait et pourtant. Amour. Amour. Aegon était amoureux de cette fille. De la fille aux cheveux de feux qui pourrissait dans les cachots. Les paroles de la plus âgée semblèrent remettre du sens dans l'esprit du garçon. Ou peut-être que le lait de pavot s'était dissipé, enfin, éclairant son esprit malade d'une folie indicible. Aegon caressa alors la gorge de sa mère, lentement, comme s'il avait peur de la détruire comme un vase en porcelaine. Dans ses yeux embrumés, la solitude. Dans ses yeux embrumés, la destruction. Il continuerait jusqu'à ce qu'on lui rende ce qui avait été volé. Il continuerait jusqu'à ce que Strika soit libérée. Ça ne faisait pas de doute. Et la supposition devint confirmation, juste là, au creux de ses lèvres teintées de noir.

« Dites au conseil de libérer la fille. Elle n'est pas espionne. Elle n'est pas coupable. Marmonna Aegon en se relevant finalement. »

Et quand il repartit, Alicent ferma ses yeux. Derrière ses paupières, les lumières de la vieille ville, les murailles blanches, l'odeur d'encens et le calme. Le repos. Il allait la tuer bientôt. Peut-être devait-elle fuir au plus vite. Peut-être qu'elle ne serait en sécurité nulle-part. Les Dieux la détestaient. Ils la haïssaient grandement.

HOTD - The Lesser Lord [Aegon x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant