20 - freedom

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tw : death, violence

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La folie gagna le Donjon Rouge en trois jours. Une folie contagieuse et violente qui s'immisçât sous la peau, rampante, jusqu'ici endormie dans les chaire. La folie gagna le Donjon Rouge en trois jours, Aegon en fut le premier atteint. Personne n'avait d'emprise sur lui, sa couronne d'acier, noire épine de son pouvoir faisait graviter un peur profonde. Il semblait être la véritable incarnation du mal, du mâle. L'incarnation maudite d'un second fils bien trop connu de l'histoire. Il était le Maegor du temps présent, il était la violence du coeur et de l'âme. Personne n'osa rien dire. Personne n'osa rien faire. Il était le Maegor du temps présent.

Après lui, Helaena. Helaena et les enfants. Partout, tout le temps, le complot, la paranoïa, la peur. On entendait le son strident de ses cris silencieux, dans ses yeux la terreur, la folie, la chute d'une enfant pleine d'une douceur légitime. Jaehaera cessa de crier la première. Elle s'était transformée en une chaste statue, silencieuse, l'image parfaite d'une statue en décadence qui annonçait le commencement de la fin. Un soir, quand on entra dans les appartements, on trouva la fillette pendue au pieds de son lit. Libérée. Le complot, la paranoïa, la peur. Partout, tout le temps. Helaena hurla sa douleur, première fois. Quand on trouva Meleor, poussé par la fenêtre, le visage transpercé par les piques des douves, Helaena rit. Le complot, la paranoïa, la peur. Folie.

Alicent se demanda comment sa famille avait pu en arriver là. Dans le Septuaire, Aemond priait tous les Dieux. Les anciens, les nouveaux, tous ceux de l'ancienne Valyria et même plus. Quand on lui apprit la mort de son fils, il pleura comme un enfant, comme le jour où il perdit son oeil. Trois jours. La folie gagna le Donjon Rouge en trois jours. Peut-être était-ce le prix à payer pour tous leurs péchés, pour toute leur ambition. Il supplia sa mère de l'aider, il supplia qu'elle trouve une solution pour arrêter la douleur, pour calmer Aegon. Tout. N'importe quoi. Quand ils dinèrent ce soir-là, le plus jeune tremblait, son oeil fixé sur la fresque mural, Helaena se balançait sur sa chaise en tirant ses cheveux, Alicent observait désespérément, Otto avait pris la fuite et Aegon... Ô Aegon. Il était là, souriant d'une manière sauvage, violente, démente.

Sur la table, Feunoyr. Personne ne sût qui l'attrapa en premier. Qui cria. Qui pleura. À qui est-ce que les doigts sur la table appartenaient? La confusion laissa place à la panique sourde. Aegon regarda ses doigts ensanglantés recouvrant ceux d'Aemond, l'épée dans son poing fermé. Il venait de s'infliger une punition à lui même et la douleur fut si violente, si soudaine qu'il chancela un instant avant de s'évanouir. On le regarda alors, le coeur au bord des lèvres, la bile au fond de la gorge. Le garçon-roi s'était sevré de deux doigts, la coupure nette et propre. On le regarda et pendant un instant, chacun considéra l'idée de l'assassiner, ici, là, maintenant, tout de suite. Alicent attrapa la poignée, Aemond se plaça derrière elle pour l'aider, Helaena tint les épaules d'Aegon, mais aucun ne parvint à finir. Il était au fond de leurs chairs.

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L'odeur des cachots était particulière. Elle était terreuse, humide, sale. Elle était l'atmosphère putride de Culciper, pleine de rats et de cafards. Personne ne descendait ici en dehors des gardes, le calme plat. Il fallait descendre plusieurs escaliers, tourner encore et encore, suivre la corde pour ne pas se perdre. Personne ne descendait ici et pourtant, au troisième jour, il s'agissait de l'endroit le plus calme du palais. Strika caressa les barreaux. Elle ignorait les heures, les minutes, le temps avait cessé de fonctionner dans cette demi-obscurité. Elle n'avait plus vu Aegon et elle supposa qu'il l'avait oublié à tout jamais. Elle était crasseuse, sa peau couverte de boue, de cendres et de ce qui semblait être du sang. Le sien, celui de quelqu'un d'autre. Il était difficile de le dire. Et tombant en cascade sur son corps famélique, se trouvaient une chevelure qu'on pouvait deviner rousse, flamboyante. Strika était redevenue la gamine. Elle était redevenue la morte de faim.

Des pas résonnèrent soudainement. On ne descendait pas ici. Seul les gardes. Pourtant, la cadence et la pression n'était pas les mêmes. Bottes différentes pensa-t-elle. Aegon. Strika fut pourtant incapable de bouger, ses mains tressautant sous la faim, sous la fatigue, sous l'impression que bientôt, très bientôt, le jugement des Sept tomberait sur ses épaules. La jeune femme se demanda alors si elle aurait dû retourner au Septuaire. Peut-être que le Mère Supérieure lui aurait pardonné, aurait accepté sa condition au regard de ses années de service. Puis elle se rappela de son regard sur Gaemon. De son choc. Non. Il n'y aurait pas eu de pardon, pas de compromis. Elle lui aurait rit au nez avant de la chasser avec une violence peu commune.

Ser Arrick avait raison. Son soudain statut de bâtarde légitimé ne voulait rien dire. Elle n'était personne dans ce monde, dans cet univers qui n'était pas le sien. On ne se souciait pas des gamins des bas-fonds, de ceux qui crevaient la faim, la bouche grande ouverte. Les pas se firent de plus en plus proches, pressés. Aegon. Strika essaya de prononcer le nom, de former chaque lettre. La faim la tirailla bien trop pour qu'elle n'y parvienne. Et quand, finalement, elle le vit, la rousse fut incapable de réagir. Violet dans le brun. Un, pas deux. Un seul. Un seul oeil fou. Un seul oeil dangereux. Danger. Le Prince des Sept Enfers. Strika eut envie de rire mais la faim. La faim. La faim. La faim. Elle le vit crier, le son brûlant son regard.

Un bras autour d'elle, un bras fort. On la souleva, montant les marches deux par deux. Derrière elle, le dégoût. Elle remarqua la grimace sur les lèvres d'Aemond même avec sa tête pendante. Allait-il se servir d'elle? Peu importait à ce rythme-là, elle rejoindrait bien vite tous les vendus des arènes, blonds d'or argenté griffus. Plus rien n'avait d'importance. Et quand on la posa à nouveau, la jeune femme perdit connaissance. Noir dans le noir. Cris stridents, dissonants, folie dans le noir, noir dans l'or. La folie gagna le Donjon Rouge en trois jours, elle cessa en quelques heures quand trois doigts repoussèrent une foule de cheveux roux.

« Excuse-toi à genoux. Menaça l'un d'eux, la moue plein de haine. Excuse-toi pour ce que tu lui as fait.

— Et toi? Est-ce que tu t'excuseras? Est-ce que tu t'excuseras? Est-ce que tu t'agenouilleras devant le tombeau de mon fils, de ma fille, de ces enfants qui étaient censés être les tiens? Réponds, Aegon ! »

L'homme couronné chassa le grand borgne du revers de la main, l'observant camper sur ses deux jambes. Il n'avait jamais ressenti une telle force, un tel pouvoir. Il en voulait plus. Toujours plus. Ses deux yeux fixèrent attentivement le sursaut venimeux sur les lèvres de son frère, gloussant d'une colère maladive. Aemond allait le tuer un jour. Il allait le tuer. Il allait lui arracher les yeux pour remplacer le sien, peut-être même le nourrir de ses propres entrailles avant de le donner à Vhagar. Qui sait. Ils avaient atteint un palier où plus rien ne pourrait pardonner le mal qui avait été fait. Rien. Aucun mot.

« Je m'agenouillerai devant tes bâtards le jour où tu seras si désespéré que tu tueras Helaena pour moi. Je m'agenouillerai devant eux le jour où tu me jureras une fidélité aveugle, comme un chien. »

Aemond cracha alors au sol, juste là, aux pieds de son frère. Il le savait, il ne fallait pas pousser leur chance. Aegon ne les avaient pas tous tué. Pas encore en tout cas. Peut-être fallait-il fuir. Peut-être devaient-ils ne jamais revenir.

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au revoir à Meleor et Jaehaera. 

plus que dix chapitres à vos côtés et déjà plus de 28000, j'atteindrais pas les 50k MAIS ce voyage aura été un des plus beau que j'ai fais. Un des plus dur aussi. On se retrouve demain pour le début de la fin ♡

sleep well/

HOTD - The Lesser Lord [Aegon x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant