trois.

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AOÛT 2021 


— Oh la Nina-tional, truc de ouf ! S'exclama le Big quand il aperçut à son tour Nina arriver près de leur table.


Voyant que Julien ne bougeait pas, il se leva et s'approcha de la blonde les bras grands ouverts. Elle lui accorda son plus beau sourire et pressa le pas pour le prendre dans ses bras.


— Comment tu dates p'tite meuf ! Commenta le Big en embrassant les deux joues de Nina.


Mais la jeune-femme ne répondit pas, ses yeux étaient posés sur Julien qui avait enfin lever ses fesses de sa chaise. Il s'approcha de la blonde. Il eu soudain très chaud. La voir devant lui depuis tout ce temps lui fit un drôle d'effet. Nina avait l'air sereine. Mais son calme et son détachement étaient en fait plutôt dus au rosé qu'à ce qu'elle ressentait vraiment. Nina sourit de nouveau à l'approche de Julien. Il n'en fallut pas plus pour que ce dernier la prenne dans ses bras à son tour. Nina passa ses bras autour de ses épaules et serra son étreinte. Julien sentait bon, comme toujours. Il avait changé de parfum. Il resserra ses bras autour de la taille de la blonde. Il aurait pu rester là des heures. Mais il sentait le regard de ses amis et ceux de Nina sur eux alors il se recula un peu.


— Ça va toi ? Demanda-t-il. Depuis le temps !

— Ça va et toi ? Ouais c'est clair ! C'est ouf de se croiser ici !

— T'es en vacances ?

— Ouais, pour la semaine. Tu sais que le truc le plus fou, continua Nina, c'est que je pensais t'envoyer un message à la fin de la semaine parce que je passe quelque jours sur Marseille.

— Sérieux ? S'étonna Julien.

— Je te jure !


Les vieux amis furent interrompus par le Big.


— Tu nous présentes tes potes Nina-val ! Dit-il en riant

— Ta gueule toi ! Fit la blonde en levant son majeur. Toujours aussi lourd !


Après les présentations, Julien invita Nina et ses amis à s'asseoir à leur table. C'est avec plaisir qu'il apprit qu'aucun des gadjo avec elle n'était son mec. Nina se retrouva à côté du Big. Julien avait repris sa place initiale, à côté de la belle brune qui n'avait pas décroché un mot ou un sourire depuis l'arrivée de Nina.


— Bon alors la petite ! S'exclama le Big. Raconte-moi !

— Raconte quoi ? Demanda Nina en riant.

— Bah j'sais pas ! Ta vie, qu'est-ce que tu deviens ?

— Bah écoute je suis toujours sur Toulouse, dans la même boite. Commença Nina.

— Ah oui, tu fais quoi déjà ? Tu recrutes les gens c'est ça ? Interrogea la Big en rassemblant ses souvenirs.

— Plus vraiment maintenant. J'ai pris du galon. Blagua Nina.

— Excusez-moi Madame. La taquina le Big. Et tu fais quoi alors ?

— J'suis pas sûre que ça va beaucoup te parler. Ricana Nina.

— Dis que j'suis teu-bé aussi ! S'indigna le Big.

— Mais non n'importe quoi ! Rigola la blonde. Je fais du développement RH.

— Ah ouais, je sais pas du tout ce que c'est !


Julien observait Nina et le Big se chamailler. Nene avait entamé la discussion avec les amis de la blonde. Et lui il était là, comme un con, sur son téléphone. Il n'avait jamais été bon pour aller vers les gens, entamer la discussion.


..................


DECEMBRE 2014 


Julien alluma une clope en sortant du foyer de son père. Il détestait cet endroit, il détestait venir voir son père ici. Ils étaient là assis l'un en face de l'autre et n'avaient rien à se dire. C'était sa mère qui l'obligeait à venir et comme il ne pouvait rien refuser à sa mère, il venait, restait une heure à peine et repartait. Il sentit une présence à ses côtés. C'était ce maudit clébard que son père avait récupéré. Il ne pouvait pas voir ce chien. Julien ne savait pas se l'expliquer mais il le détestait.


— Joe, viens ici ! Entendit-il.


Il se retourna et tomba nez à nez avec cette fille dont son père lui avait parlé. A l'écouter, elle était parfaite. Elle faisait des études, était gentille, faisait du bénévolat. Tout ce que lui n'était pas. Le chien se cacha derrière les jambes de Julien.


— Allez Joe ! Insista la blonde. Désolé, dit-elle à l'attention de Julien, d'habitude il écoute.


Elle finit par attraper le collier du berger allemand et le fit entrer à l'intérieur du foyer. Elle referma la porte derrière lui mais resta plantée à côté de Julien.


— Je vais en profiter pour fumer aussi ! Dit-elle en soupirant.


Julien ne dit rien et se contenta de l'observer sortir son paquet de Philip Morris de la poche de sa veste en jean. Ses doigts étaient longs et fins. On aurait dit des doigts de pianiste. Elle avait encore cette lueur dans ses grands yeux verts. Julien aurait aimé engager la conversation, dire quelque chose mais il resta muet, rien ne lui venait. C'est Nina qui brisa le silence.


— Ton père m'a dit que tu avais des projets qui avançaient bien pour le rap ?

— Il t'a dit ça ? Demanda le jeune-homme surpris.


Julien sentit les nerfs lui monter. Qu'est-ce que son père avait besoin de raconter sa vie à une inconnue ? Quand il lui parlait de sa musique et de ses projets, il écoutait à peine et ne se privait pas pour le descendre.


— Ouais, continua la blonde sans avoir remarqué l'agacement de Julien, c'est cool en tout cas !

— Ouais on verra.

— Bon allez, dit Nina en tirant deux grosses taf sur sa clope, j'y retourne. A plus ! Dit-elle en jetant son mégot dans le cendrier et en entrant dans le foyer.


Julien se sentit soudainement très con. Il aurait aimé discuter un peu plus longtemps, capter de nouveau cette lueur dans ses yeux brûlants de vie. Mais en gros boloss qu'il était, il n'avait encore rien trouvé à dire. Il soupira et jeta à son tour son mégot dans le cendrier. Peut-être qu'il n'attendrait pas aussi longtemps que d'habitude pour retourner voir son père. 

Cœur de mômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant