Chapitre 4

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♧Muse♧

-Vous...

Je sais qu'il a entendu mon murmure. C'est d'ailleurs ça qui le fait sourire. Moi, j'ai juste envie de m'effondrer. Il me regarde, et rien que cette idée me retourne l'estomac. Mais je me force, pour Uma, pour moi, pour ma nouvelle vie.

-Moi!

Son enthousiasme me percute de plein fouet. Il existe des gens heureux sur terre, et ça me tue. Surtout si c'est un homme. J'enfonce un peu plus mes ongles dans le tissu des manches de mon sweat, pour m'empêcher de les enfoncer directement dans ma peau.

-Qu'est-ce que... qu'est-ce que vous voulez?

Ma voix déraille, se craquelant à la fin de ma question. Il se redresse légèrement, ce qui me fait peur. Alors je ferme les yeux. Réflexe.

Tu es si faible Muse. Si faible...

-Je veux juste vous souhaiter la bienvenue. Nous nous sommes vaguement vus lors de votre arrivée, vous vous souvenez?

Comment oublier? Son regard m'a hanté des heures entières. Et j'ai été surprise d'être autant accaparée par le souvenirs de ses yeux que j'en ai oublié mes démons, ceux qui me hantent en temps normal à chaque instant.

-Oui...
-Et il paraît que pour souhaiter la bienvenue, les bonnes manières exigent qu'on offre quelque chose. Une amie m'a conseillé de la pâtisserie.
-Une amie?

Il a parlé de moi à d'autre humain? Qu'a-t-il bien pu dire de moi? M'a-t-il définit comme la nouvelle voisine étrange et complètement folle? Il n'aurait pas tort... Et puis... pourquoi me dire tout ça? Pourquoi vouloir insister alors que je l'ai ouvertement ignoré?

-Oui. C'est la femme d'un ami, plus précisément. Mais avec le temps et les autres membres de notre groupe, on a finit par sympathiser... Je dois vous ennuyer avec mes explications sans intérêt.
-Non... c'est... ça va...

Mes derniers mots sont plus pour moi que pour lui. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive. Je devrais prendre mes jambes à mon cou, m'enfermer à quadruple tour et ne plus jamais sortir de cette maison. Mais... je ne sais pas...

Il a bien fait cinq pas au lieu de quatre, pas vrai? C'est qu'il comprend que j'ai besoin d'espace, que je fais ici un effort surhumain, qui me vaudra une bonne douche d'au moins quarante minutes plus tard.

Parce que même s'il semble enclin à suivre mes règles, à respecter mes ordres et mon traumatisme qu'il ne connaît même pas, ça n'empêche pas que je parle à un homme. Et que son regard, sa présence, ses mots me rendent encore plus sale à chaque seconde.

-J'ai fais les muffins et les cookies moi-même.

Je baisse la tête vers le panier qui jonche encore le pas de la porte, puis je remonte mon regard vers mon voisin. Je m'attarde sur son jean et sa veste, qui lui donnent un style décontracté.

Étrangement, je ne me sens pas forcément en danger avec lui. Pas en grand danger, en tout cas. Il m'intrigue. Peut-être parce qu'il revient vers moi malgré mon hostilité. Je ne sais pas.

Les rares personnes que je croise et avec qui je suis hostile, et sur mes gardes, ne reviennent jamais. Ce qui explique pourquoi je n'ai plus que Uma à mes côtés. Et que même mes propres parents adoptifs ne m'appellent qu'une fois tous les feux mois...

-Je... euh... je suis censée vous remercier, c'est cela?

Son rire rauque et chaleureux me fait sursauter. Idiote. Il se moque de moi. Ce qui est tout à fait compréhensible. J'ai honte. Mais une légère pointe de colère vient teinter mes émotions. Je fronce les sourcils alors qu'il continue à rire.

À cœur perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant