Je me torture l'esprit depuis hier. Je lui ai promis que je l'aiderais. Et je lebveux, réellement. Mais je ne sais pas vraiment quoi faire... Comment l'aider là où des psychologues professionnels ont eux-mêmes du mal?
Alors, évidemment, j'ai pensé à Juliet. Je l'ai appelé hier soir. Saul n'a pas du être content que je monopolise sa femme une bonne partie de la soirée. Mais Juliet a ce penchant pour la déformation professionnelle.
Ce qui explique pourquoi elle a sacrifié son dimanche pour venir chez moi. Et pour que l'on prépare une séance thérapeutique pour Muse, sans qu'elle ne le sache. Le but? La mettre au pied du mur pour pouvoir la brusquer et déclencher quelque chose.
Qu'importe ce que c'est...
Je passe une main lasse sur mon visage alors que mon amie continue de parler au téléphone, tout en préparant tous les ingrédients nécessaires à la confection de muffins. Oui... Laissez tomber, vous comprendrez en temps voulu.
-Je t'embrasse aussi. Je ne rentre pas tard, promis... Saul... J'ai toujours envie de toi. D'ailleurs! J'ai découvert une nouvelle position! Il faut qu'on essaie ça ce soir... Oui, bien sûr... Je... Emory n'est pas loin, mais on se retrouve ce soir... Je t'aime mon amour... Bisous.
Elle fait glisser son portable sur le plan de travail, et je devine que Saul a raccroché. Et moi, j'aurais préféré ne jamais assister à cet appel... Juliet n'est en rien pudique. Même si elle essaie de l'être un minimum quand on est là.
Ça ne marche pas, bien sûr. Mais bon, on apprécie l'effort. Même si ça nous vaut des situations... surprenantes et gênantes. Je plains encore Foster qui les a surpris en plein... sport... dans leur voiture, alors qu'on les attendait dans un restaurant.
Enfin bon... C'est Juliet et Saul, et on les aime pour ce qu'ils sont!
-Sheridan! Tu es avec moi?
Je cligne des yeux avant de les poser sur mon amie qui me fixe, les poings sur les hanches.
-Oui. Pardon.
-Ne fais pas cette tête. Vous avez entendu et vu bien pire! Allez, au lieu de tourner en boucle dans ton esprit ce nouveau traumatisme éphémère, vas plutôt chercher ta voisine.
-Un jour vous allez devoir payer des séances de spy' à un d'entre nous, vous le savez ça?
-Ça tombe bien, je le suis!Je lève les yeux au ciel et abandonne l'idée de continuer cette conversation fertile. J'ignore les ricanements jubilatoires de Juliet et sors à l'arrière de la maison. Le vent frais vient me mordre les joues.
Mais je ne m'en préoccupe pas. J'étais certain de trouver l'objet de mes pensées ici. Et je n'avais pas tort. Muse est dans son jardin. Enfin, sur sa terrasse.
Au moment où je commence à avancer vers elle, elle relève la tête. Les battements de mon cœur accélèrent sans que je ne puisse résolument savoir pourquoi. Bordel... Cette fille sera ma perte...
Elle est adorable dans son sweat-shirt trop grand qui englobe une bonne partie de ses cuisses, alors que le reste de ses jambes fines est mis en valeur avec un legging noir moulant.
Ses joues rouges, ses cheveux ramenés en chignon, ses yeux brillants, ses petites mains rougies autour d'une tasse een céramique. Tout chez elle est absolument adorable et plaisant.
Bordel, qu'est-ce qu'il m'arrive?
Elle décroise les jambes et se lève pour s'avancer un peu vers moi. Je m'arrête au niveau de la petite barrière qui sépare nos deux jardins, elle fait de même.
-Salut.
-Salut...
-Tu es occupée pour les deux heures qui viennent?
-Euh... non. Pas vraiment. Pourquoi?Je tends mes bras vers elle en souriant grandement. Elle fronce les sourcils, sans pour autant se braquer.
-Viens. J'ai une surprise.
-Et je suis censée te suivre? Sans raison?
-Tu ne me fais pas confiance?
-Je ne sais pas, justement.
-On se posera des questions après. Allez, viens.Elle fait aller et venir ses yeux de mes mains à mon visage de nombreuses fois avant que je puisse entrevoir un semblant de sourire étirer ses lèvres. Elle s'avance.
-Qu'est-ce que tu me fais faire?
-Je te fais découvrir la vie.Je pose mes mains sur ses hanches et la soulève facilement. Combien pèse-t-elle bon sang? En un claquement de doigt, elle se retrouve devant moi, dans mon jardin.
Je lui prends sa tasse, lui attrape la main, et la tire derrière moi. Nous entrons chez moi. Elle se tend un peu, mais j'en fais abstraction. Nous arrivons dans la cuisine. Mon regard croise celui de Juliet.
Je m'arrête, et Muse me rentre maladroitement dedans avant de faire un pas en arrière. Je me décale en posant au passage sa tasse près de la cafetière.
Juliet s'avance pour bbien signaler sa présence à Muse. Cette dernière recule d'un pas de plus, ses yeux allant de Juliet à moi. Je m'avance vers elle et attrape délicatement sa main.
-Tout va bien, Muse.
-Tu plaisante?
-Non.
-Tu te fous de ma gueule Emory? Hein?J'ouvre la bouche pour répondre mais je me sens poussé sur le côté. Juliet me passe devant et se plante devant Muse. Je commence légèrement à regretter d'avoir écouté mon amie.
-Bonjour. Je suis Juliet. L'amie d'Emory. Tu es Muse, non?
Et parfois je me demande si cette femme est vraiment psychologue... Muse me regarde, les yeux larmoyants.
-Je suis là, n'oublie pas. Juliet est psychologue.
-Et soffrologue. Et nous avons prévu une séance cuisine thérapeutique.Muse ne m'a pas quitté des yeux. Mais elle finit par regarder autour d'elle. Jusqu'à ce que son regard se pose sur Juliet. Elle lui sourit de toutes ses dents.
-C'est moi, oui. Vous êtes vraiment... psychologue?
-Bien sûr. Huit années d'études, ça ne se voit pas, je sais. Je fais encore jeune. Mais je suis mariée, et j'ai plus de trente ans. Mais tu peux me tutoyer.Je vois le coin des lèvres de ma voisine se rehausser légèrement. Je suis soulagée.
-Et vous avez prévu tous les deux une thérapie culinaire? Emory? Tu as fait ça?
Je hausse les épaules. Maintenant qu'elle le dit, comme ça en plus, ce n'est pas vraiment une bonne idée.
-Oui. Je voulais te faire plaisir, et Juliet est psy', alors je me suis dis que...
Je la réceptionne au dernier moment alors qu'elle se jette dans mes bras. Les siens s'enroulent autour de mon buste.
-Merci. Merci du fond du cœur. Personne... personne n'a jamais fait autant pour moi... Personne n'a jamais voulu que j'aille mieux. Personne.
-Alors nous sommes là. Uma, Emory, moi, et pourquoi pas nos autres amis.Je relâche Muse qui essuie grossièrement les yeux.
-Et c'est quoi la recette?
-Muffins!Juliet nous passe devant avant d'aller s'installer devant les ingrédients. Je me tourne vers Muse qui me regarde, une lueur reconnaissante dans le regard.
Je n'ai pas eu la meilleure idée du monde, je ne dis pas non plus que ça marchera. Seulement, je compte y mettre du mien. Cette fille est extraordinaire. Elle a juste besoin de se libérer d'un poids encore inconnu à mes yeux.
-Emory?
-Oui?Ses joues sont cramoisies, ce qui la rend tout à fait ravissante. Elle passe sa langue sur ses lèvres. Et ce geste attire mon attention. Et suscite une vague de chaleur en moi. Bordel...
Il faut que je me calme.
-Je... je vais rappeler Uma. Et je vais tout lui dire.
Je hoche la tête avant de lui sourire et de lui tendre ma main.
-C'est une bonne idée. Tu pourras lui offrir quelques muffins, mais il faut qu'on s'y mette. Juliet a prévu quelques questions, mais je te promets que tout se passera bien.
-Je te fais confiance sur ce coup là, promis.Elle glisse sa petite main lisse et douce dans ma mienne. Je frissonne à ce contact. Muse baisse le regard, rouge et gênée.
Cette fille est incroyable.
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À cœur perdu
RomanceMuse Huston a vingt-cinq ans. Créatrice de bijoux pour particuliers, cette jeune femme cache cependant un passé difficile, ou plutôt destructeur. Lorsqu'elle emménage à Saratoga springs, dans l'état de New Yorke, quittant ainsi sa ville natale New-Y...