Chapitre 24

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♧Muse♧

-Et... une dernière signature ici, madame Huston.

Je souris à l'infirmière avant de signer le dernier formulaire de sortie. Elle me remercie avant de rassembler tous ses papiers et de partir, fermant la porte derrière elle.

Je soupire. Deux semaines. Ça fait deux semaines que je suis ici, et je rentre enfin. Nous nous sommes mis d'accord avec Emory pour que je reste chez lui jusqu'à ce qu'on me retire le platre à ma jambe. Soit un mois.

En deux semaines, il s'en est passé des choses dans ma vie. J'ai pu avoir une longue conversation avec mes parents, qui a abouti sur une  réconciliation.

Ensuite, il y a eu le soucis de l'article. Le patron d'Emory s'en est occupé, portant plainte pour diffamation auprès du journal en ligne, et de Jane. Je n'ai pas plus de nouvelles, puisque mon petit-ami souhaite me "préserver".

-Muse?

Je sursaute, posant une main sur mon cœur. Me préserver, pas vrai? Il sera surtout responsable de ma mort à force de me faire des frayeurs pareilles.

-Tu m'as fait peur!
-Désolé, beauté.

Emory m'embrasse le front avant de prendre mon sac de voyage. Je me lève et attrape mes béquilles pour m'aider à marcher. Emory me regarde en souriant.

-Quoi?
-Tu sais que tu es sublime?

Je lève les yeux au ciel en avançant vers la porte. Il me l'ouvre et la tient le temps que je sorte. Nous longeons ensuite le couloir.

-Tu me le dis tous les jours. Je crois que j'ai fini par accepter ce destin tragique.

Mais j'y crois de plus en plus. J'en suis même maintenant persuadée. Je suis jolie. Et je lui plais. Nous montons dans l'ascenseur.

-J'ai hâte qu'on soit que tous les deux à la maison.
-Moi aussi. Notre vie en dehors de l'hôpital m'a manqué.

Il se penche pour m'embrasser chastemment les lèvres. Quand il reprend place, j'en profite pour détailler encore son visage d'ange. Ses yeux marron très clairs, sa peau légèrement bronzée, ses cheveux blonds, mi-longs et décoiffés.

Si moi je suis sublime, alors il n'y a pas de mots poir définir sa beauté. Je ne me lasserai jamais de ce minois ravissant et tout à fait charmant. Comme un ange tombé du ciel.

L'ascenseur arrive finalement au rez-de-chaussé. Nous sortons alors qu'une pluie torrentielle s'abat sur la ville. Heureusement, la voiture du blond est garée juste en face. Il m'aide à y monter et ferme ma portière une fois que je suis installée.

Je ricane en le regardant faire le tour du véhicule. Quand il entre dans l'habitacle, il s'empresse d'allumer le chauffage. Ses cheveux sont plaqués sur son front, obstruant sa vue. Je les lui écarte délicatement.

-Tu vas être malade. Dépêchons-nous de rentrer.

Il hoche la tête avant de démarrer, la radio tournant en fond. Je pose ma tête sur la vitre. Le son des gouttes contre le verre me berce peu à peu. J'ai l'impression de planer sur un nuage de tranquillité.

-Muse?
-Hm?
-J'ai... euh... comment dire ça?
-Avec des mots?

Il rit, et je sens ses doigts venir caresser rapidement ma joue. Je me redresse, lui montrant que je l'écoute.

-Je... j'aimerais te demander un truc.
-Un... truc?
-Je ne sais pas si c'est le bon moment, avec tout ce qui s'est passé et concernant tes parents qui sont encore chez toi. Ça doit peut-être te perturber ou...
-Je vais bien, Emory.
-Je sais, je sais.

Je déteste le vexer ou le décevoir. Je culpabilise immédiatement.

-Pardon. Je t'écoute, je ne sais même pas ce que tu souhaite me demander.
-Je t'en dirais plus une fois à la maison.

Je souris. Et je lui caresse la base de nuque pour me faire pardonner. Je le sens frissonner. Je redoute sa demande. Mais je ne dis rien. Qu'est-ce qu'il me réserve encore?

***

La voiture s'arrêter devant la petite maison d'Emory. Il s'empresse de sortir et d'aller ouvrir la porte d'entrée, avant de revenir. Il ouvre ma portière et m'aider à sortir.

-Entre te mettre au chaud, j'arrive.

Je ne réponds rien, uniquement un sourire silencieux, et je rejoins la maison. J'essuie m'a seule basket et mes béquilles, retire mon manteau et vais à la cuisine pour aller jeter un coup d'œil à la vue qui m'a tant manqué: le lac.

La porte d'entrée claque peu de temps après. J'entends Emory retirer son manteau, et ses chaussures. Puis ses pas. Je me retourne quand il entre dans la cuisine.

-Ça t'avait manqué?
-Beaucoup trop. C'est magnifique, je ne m'en lasserai jamais.
-Tu viens?
-Où ça?
-Fais moi confiance. Je te porte.
-Dans ce cas...

Je lui souris en posant mes béquilles contre le comptoir et j'ouvre les bras. Il sourit en approchant. Il glisse un bras derrière mes genoux, un autre dans mon dos, et me soulève. Je me tiens à son cou.

Et nous rejoignons les escaliers pour nous rendre à l'étage. Ce qui me fait froncer les sourcils. Où est-ce qu'il m'emmène? Une fois sur le pallier de l'étage, il se dirige vers la chambre.

Il ouvre la porte et nous emmène sur le grand lit. Je crois que j'ai compris. Il se couche à mes côtés, nous recouvrant à l'aide de la couette. Je me cale contre lui.

-Tu voulais juste te coucher avec moi, en réalité?
-C'est possible...

Il me caresse la joue en repoussant les mèches qui viennent rebellement recouvrir mon visage. Nos regards se croisent. Je me love un peu plus contre lui. Toujours plus.

-C'est ce qui m'a le plus manqué...
-De quoi?

Il entrelace ses doigts aux miens. Je ferme les yeux.

-Être allongée contre toi.
-Moi aussi, ça m'a manqué.

Nichée au creux de son cou, nos corps étroitement collés l'un à l'autre, je me sens paisible. Sereine. Et  heureuse. Si ma vie ressemblera à ça même dans dix ans, alors je signe directement.

La respiration d'Emory est de plus en plus régulière. Je sais qu'il a affreusement mal dormi ces deux dernières semaines à cause moi. Alors j'aimerais me faire pardonner.

-Emory?
-Beauté?

Sa voix n'est qu'un murmure. Mais je suis certaine qu'il m'écoute attentivement.

-Tu... tu as trouvé l'enveloppe que j'avais laissé sur la table basse du salon?
-Avec mon prénom dessus?
-Celle-ci.
-Oui.
-Tu l'as ouverte?
-Oui. Et ça m'a fait plaisir. Mais repose-toi maintenant. Tu deviens trop bavarde.

Je ricane en me serrant un peu plus contre mon petit-ami. Je sens son cœur battre. C'est le bon moment. Ça n'a jamais été autant le bon moment.

-Emory?
-Quoi encore?

Je relève la tête en ouvrant les yeux, cherchant son regard. Il soupire avant d'ouvrir les yeux et de me regarder. Ses beaux yeux marron... Je lui souris.

-Je t'aime.



🌸Fin🌸
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À cœur perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant