Chapitre 14

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♧Muse♧

Ça fait vingt minutes qu'Uma tourne en rond dans ma chambre. C'est simple, nous sommes en pleine confrontation. Elle veut que je fasse un effort et que je porte un jean avec une chemise. Je refuse.

Pourquoi? Parce que nous dînons chez Emory avec ses amis. D'ailleurs, nous sommes censées y être depuis dix minutes. Je campe sur mes positions. Elle aussi.

-Bordel, Muse! Tu vois, tu me fais dire des grossièretés.
-Tu n'as pas besoin de moi pour ça.
-Enfile ce jean et cette chemise, qu'on n'en parle plus.
-Je suis très bien comme je suis.

Elle baisse les yeux sur mes vêtements. Un jogging aussi vieux que le monde et un sweat-shirt beaucoup trop grand. Bon... Peut-être que je suis de mauvaise foi sur ce coup.

-Tu sais quoi? Tu as raison. Au moins on est certaine qu'avec ça Emory ne te trouvera pas du tout charmante. C'est ce que tu veux, non? Ne pas lui plaire.

Elle hausse les épaules comme si elle ne venait pas de briser mon amour propre caché, puis sort de ma chambre, ses talons claquants sur le parquet.

Fait chier...

Je me lève et me dépêche de me déshabiller pour enfiler le jean noir et la chemise bordeaux. Je me regarde quelques secondes dans le miroir derrière moi. Je tire ma queue-de-cheval et me sourit.

Tu es parfaite, ce soir.

J'enfile des baskets et descends à toute vitesse les escaliers. À l'entrée, Uma m'attend, splendide dans sa robe grise, un sourire triomphant. Je lui tire la langue alors que je prends mes clés.

Elle a insisté pour qu'on passe par dehors, et non pas par le jardin. "Comme des gens civilisés". Moi, tout ce que je sais, c'est que je suis déjà angoissée à l'idée de ne pas être chez moi pour minuit. Je n'ai pas prévu de m'éterniser. Mais Uma risque de vouloir me pousser dans mes retranchements.

Je verrouille ma porte derrière nous, puis nous longueons le trottoir jusqu'à chez Emory. Trois voitures sont garées devant chez lui. Uma sonne avant d'épousetter sa robe.

-Il te plaît vraiment, ce Wyatt?
-Je ne vois pas de quoi tu parles.
-Bien sûr.

La porte s'ouvre dans la volée sur un Emory vêtu d'un jean noir, et d'une chemise blanche. Le contraste le met plutôt bien en valeur. Non pas qu'il ne l'est jamais en temps normal! Enfin...

Tu t'enfonces toute seule là...

-Salut!
-Je peux rentrer? J'ai super froid.
-Bien sûr.

Uma me sourit et me fait un clin d'œil avant de rentrer. Traîtresse. Je joins nerveusement mes mains devant mon ventre en me balançant d'un pied à l'autre.

-J'ai... euh... ça va?

Emory ricane en baladant son regard profond sur ma silhouette. Ça me déstabilise encore plus. Finalement, ses yeux s'arrêtent aux miens. Et je n'ai aucune envie de détourner le regard. Je crois que je commence à apprécier ces deux iris marron incroyablement profondes.

-Tu es jolie ce soir. Tu as fait ça pour quoi?
-C'est... euh... Merci. J'ai pensé que... ça te ferait plaisir que je fasse un effort. Non? Tu n'aime pas?
-J'aime beaucoup. Sinon je ne t'aurais pas dit que tu es jolie.
-C'est vrai...
-Et toi? Tu aimes?
-Oui. Tu es très charmant comme ça.

Il ricane. Je me sens piquer un fard comme jamais auparavant.

-Merci. Mais je te demandais si tu aimais ta tenue, pas la mienne.
-Oh...

Quelle crétine je fais!

-Allez, viens, les autres nous attendent.
-Désolée, vraiment. Je n'avais pas compris et...
-Eh, Muse, ce n'est rien. Respire.
-Désolée. Je suis stressée.
-Tout ira bien. Wyatt sera trop occupé avec Uma, Juliet et Saul vont rester collés comme des sangsues, et Foster restera silencieux.

À cœur perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant