☆Emory☆
-Je sais, Ben. Mais je t'ai envoyé le tome en scanne, ça revient au même.
-Je voulais te voir, Emory. Te voir.Je soupire. Cette conversation avec mon patron me mène droit vers un mur. Et aussi vers une réalité que je n'assume pas vraiment. Une réalité légèrement angoissante.
-Et pourquoi me voir est si important?
-Tu le sais très bien, Emory. Tu m'as fait le même coup il y a cinq ans.
-Il nous reste six mois, on a encore le temps.
-Cinq. Ton contrat se finit dans cinq mois tout pile.
-Et?
-Tu dois venir pour qu'on en discute.
-Pas ce mois ci. Je ne peux pas. Ça aurait été avec plaisir, sinon.
-Emory!
-Ben...Je souris, m'appuyant nonchalamment au mur derrière moi.
-Tu me diras ce que tu as de mieux à faire que de venir aux bureaux parler à ton patron. Ça m'intéresse.
-Figure toi que je dessine! Un comble pour un dessinateur, non?
-Balivernes! Qu'est-ce que tu me fais, là, Emory? Une rébellion? Une crise existentielle?Je fronce les sourcils. D'accord, ça ne m'amuse plus du tout. Ben sait très bien que je déteste qu'il tourne en ridicule mes choix de vie et mon besoin d'être maître de celle-ci.
-Pas du tout. J'ai dû travail ici, et une vie.
-Une vie? Tu n'as ni femme, ni enfant, et tes amis travaillent.
-Ça peut changer.Qu'est-ce que je raconte? Mon ego a-t-il autant besoin de ne pas être bafoué? Certes je déteste que Ben pense que je suis un hermite qui repousse les femmes. Je déteste quand il sous-entend que je suis vieux garçon.
-Tu as rencontré quelqu'un?
-Possible.Il faudrait peut-être que j'arrête ça avant que ça ne dérape.
-Qui est l'heureuse élue?
-Une voisine.Voilà où je ne voulais pas en venir. Ben est aussi un ami, il est très curieux sur ce qui se passe dans ma vie. J'aurais peut-être dû me taire et aller à New-York sans râler. Mais je veux rester ici, près de Muse. Et ça me fait peur.
-Tu aurais pu faire plus original!
-Je sais. Mais ça m'est tombé dessus sans que je ne m'y attende.
-C'est qu'elle doit être exceptionnelle cette femme! En dix ans, je ne t'ai jamais vu tomber pour une femme!
-Elle l'est, je te rassure. Sa timidité m'a intrigué, et nous nous sommes charmés. Rien de grandiose, en somme.J'ai officiellement touché le fond... M'inventer un coup de foudre réciproque avec Muse... Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi?
Attention! Cette fille est sublime, même si elle fait tout pour qu'on ne pense pas ça d'elle. Et je mentirai en disant qu'elle ne me plaît pas. Seulement, je sais que je n'ai aucune chance, et que c'est peine perdue.
-Bon... Emory, essaie de venir le mois prochain. J'ai un rendez-vous urgent, je te laisse. Embrasse ta chère et tendre de ma part.
-Embrasse la tienne aussi alors!Ben ricane avant de raccrocher. Je soupire en glissant mon portable dans ma poche arrière de mon jean. Au même moment, j'entends des coups. Des coups donnés sur une surface en verre.
Je tourne la tête pour voir Muse à la baie vitrée de la salle à manger. Celle qui donne sur le jardin. Un sourire stupide vient étirer mes lèvres. Et je me dirige vers elle. J'ouvre et la fais entrer.
Son nez et ses joues sont rougies par le froid, mais elle me sourit. La sonnette de l'entrée retentit. Décidément... Je lui souris chaleureusement quoi qu'un peu gêné que l'on soit dérangé ainsi.
-Ne bouge pas, j'arrive.
-Je peux partir, si tu attendais quelqu'un.
-Non, non. Je n'attends personne, je ne serais pas long.Elle hoche la tête alors que je la quitte déjà. Je trottine jusqu'à l'entrée, et j'ouvre la porte. Merde. Juliet et Saul se tiennent devant moi, main dans le main.
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À cœur perdu
RomanceMuse Huston a vingt-cinq ans. Créatrice de bijoux pour particuliers, cette jeune femme cache cependant un passé difficile, ou plutôt destructeur. Lorsqu'elle emménage à Saratoga springs, dans l'état de New Yorke, quittant ainsi sa ville natale New-Y...