Chapitre 8

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Cédric

Les chiens ! Ils ont kidnappé Flora ! J'ai failli à ma tâche. Je m'en veux. J'ai le souffle coupé, les jambes qui flageolent. Soudain j'ai un haut-le-cœur et je vide tout le contenu de mon estomac. Quand je relève la tête, je vois le visage de Kazugami. Il déborde de haine. Je ne l'ai jamais vu comme ça.

Il se tourne vers le camion et donne un coup de poing dans la portière. Un bruit mat résonne. La tôle est déformée là où Kazu a frappé. Il a dû se faire mal, pourtant aucune douleur ne traverse son visage. Il se tourne alors vers moi :

« Cédric, va chercher un maximum de personnes pour le combat. Vous prenez des armes dans le château et prenez les camions. Ils doivent être du côté de Villefranche d'Allier, vous trouverez. Trousses médicales, cordes, explosifs, prends tout ce qui te semble utile. Et dépêche-toi.

— Mais tu vas faire quoi toi ? »

Kazugami détourne le regard.

« J'ai un plan, ou plutôt une esquisse de plan. Fais-moi juste confiance.

— Kazugami...

— Je compte sur toi Cédric. Flora aussi.

— Kazugami...

— Je prends la Batmobile.

— Qu'est-ce que tu vas faire ? »

Il part en courant sans me répondre. Je ne le sens pas du tout. Je ne l'ai jamais vu dans cet état. En fait, en y réfléchissant bien, je ne suis même pas sûr de l'avoir déjà vu énervé.


Je me précipite vers Baptiste, m'assurer qu'il va bien. Quand je rentre dans la mairie, il est assis par terre, Eliza lui fait des points de suture sur l'arcade sourcilière. Baptiste ne cille pas. Je reconnais l'expression qui se dessine sur son visage : un besoin de vengeance. Il a le même regard que quand il perd à fifa. Et il ne s'arrête pas de jouer jusqu'à gagner.

« Pas trop mal ?

— Un peu. Ils étaient quatre les bâtards. Et armés. J'ai la haine mec. Et pas parce qu'ils m'ont frappé, pas parce qu'ils m'ont battu. Non, j'ai la rage parce qu'ils ont pris les filles. Fait chier... Putain on a perdu mec !

— Qu'une seule bataille. Mais là, une bataille ne suffit pas : c'est la guerre.

— Kazugami est au courant ?

— Il a pris la Batmobile.

— Merde, tu ne l'as pas retenu ?

— Comment est-ce que j'aurais pu le faire ?

— Pas faux... Aïe ! »

Une goutte de sang glisse sur sa joue. Une larme de sang.

« Il veut que je le rejoigne. Avec des gens et des armes.

— J'en suis !

— Mais tu t'es vu ? Sûrement pas.

— Ça ne se discute pas. Qui nous rejoint ?

— Les volontaires ?

— Dépêchons-nous. »

Baptiste se lève difficilement. Eliza, Thomas, Seb, Jules et deux nouveaux arrivants, Lucas et Clément, se joignent à nous. Romane s'occupe quant à elle de panser la plaie de Léo, avec l'aide de Camille. Paul est introuvable.

On va tous au château, dans l'armurerie nouvellement aménagée par Kazugami. Je leur montre où sont les gilets et Baptiste les aide à s'équiper correctement. Pour ma part, je me précipite dans la chambre de Kazugami. La pièce est austère, les murs en placo ne sont même pas peints. Il y a un grand lit, un bureau encombré et un mannequin. Celui-ci est nu. Au sol traînent les habits que Kazu portait tout à l'heure. Il a donc sorti sa tenue de combat. Il a même pris le Dragon Noir, son sniper. Quel abruti de partir seul. Pourquoi ne nous a-t-il pas attendus ?

NADAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant