Chapitre 18

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Yoan

J'attends au milieu de la Cour du Mai, devant le Palais de Justice. Autour de moi, vingt de mes hommes montent la garde, scrutent les fenêtres et surveillent les otages, quelques gardes du bâtiment ainsi que quelques malheureux qui ont tenté de fuir. Dans le boulevard, une garnison de cent hommes attend mes ordres. Plus loin encore, une seconde garnison, deux fois plus grande que la première, se tient en retrait en cas de besoin.

Les portes s'ouvrent enfin et le général sort, l'air furieux, suivi par l'homme qui était parti le chercher. Il s'arrête une seconde sur le parvis, surpris par les armes pointées sur lui.

« Yoan ! Qu'est-ce que c'est que... que tout ce remue-ménage ?

- Mon général, dis-je en esquissant un salut militaire insolent, je viens vous démettre de vos fonctions. Je suis au courant pour vos agissements avec les Trois Églises. Des missions du Missionnaire. Tuer, piller, violer, c'est vraiment dans la doctrine des Trois Églises ?

- Dieu veut que seuls les plus forts s'en sortent. On fait juste le ménage parmi tous les faibles qui ont échappé au jugement de Dieu.

- Je crois bien que le Missionnaire n'est plus de la partie, n'est-ce pas ? Dieu ne semble pas approuver vos actes. Dieu a trouvé son champion. »

Il me regarde effaré. Il semble surpris et terrifié que je sois au courant.

« Surpris ? J'avais des soupçons depuis déjà plusieurs semaines, alors j'ai envoyé un de mes hommes en filature. Et coup de chance, il a pu filmer toute la scène. Ils ont été tués par un seul homme. Sans doute une Seconde Vie. »

Je l'attrape alors par le cou et lève mon bras, soulevant le général de plusieurs centimètres.

« Comme moi, dis-je en commençant à le geler, ma main de plus en plus froide.

- Soyez maudits Secondes Vies. Votre existence est contre-nature. C'est à cause de vous que le courroux divin est tombé.

- J'ai presque cinq cents soldats à mes ordres. Adieu monde d'avant. Adieu les Trois Églises. Paris est à nous. Meurs donc, vieillard. »

Je resserre mon étreinte sur son cou, sa peau bleuissant. La sueur qui y dégouline commence à geler, faisant éclore des myriades de fleurs de givre.

« Prétentieux gamin ! Sais-tu combien d'hommes obéissent aux Trois Églises ? »

Un coup de feu éclate. Un de mes camarades sur la gauche s'effondre. Je me tourne. Des dizaines et des dizaines d'hommes armés affluent de toutes parts, sortent des bâtiments, se postent sur les balcons, sur les toits. Toutes les fenêtres donnant sur la Cour du Mai s'ouvrent à l'unisson, laissant place à des tireurs. D'autres troupes continuent d'affluer, encerclant mes hommes. Nous sommes fichus.

Plusieurs de mes hommes venus m'accompagner, que je pensais fidèles, se retournent alors contre moi, visant avec leurs fusils ma poitrine. Traîtres ! Je suis fichu.

Un silence pesant s'installe alors. Tout le monde se regarde, se surveille. La tension est palpable. Le moindre mouvement et tout éclate. Mes camarades, ceux qui sont -semblent- encore avec moi, doutent. Certains regardent le corps au sol. Les autres me cherchent du regard, attendent mes ordres. Doivent-ils se rendre ? Ou bien se retourner ? Ou se sacrifier pour la cause ?

« Tu n'aurais pas dû venir ici, Yoan, dit le général. Te rebeller face au nouvel ordre est une folie. Bientôt, les Trois Églises conquerront le monde ! Et purgera toutes les erreurs de la planète. »

Je ne l'écoute même plus. Je réfléchis. Comment me sortir de là ? Où que j'aille, ils me trouveront. Mais si je reste, ils me tueront. Pas le choix, je vais devoir mettre la gomme. Je ferme les yeux, perdant conscience de tout ce qui m'entoure. Je ne repense plus qu'à mes entraînements. J'ai jamais essayé ça en conditions réelles. J'inspire lentement, puis j'expire.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 03 ⏰

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