Chapitre 15

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Stiles n'était pas dans le meilleur état qui soit. Physiquement, il avait mal à cause de la violence à laquelle il s'était charcuté et mentalement... Il peinait à croire qu'il était réellement responsable de ses actes. En fait, il revoyait les images, se les repassait en boucle dans sa tête depuis plusieurs minutes déjà. Pas par fascination morbide ou une autre connerie de ce genre, juste... Pour essayer de comprendre. Parce que cet adolescent qu'il voyait saisir une lame et la presser avec tant d'ardeur sur sa peau... Ce n'était pas lui. Son habitude, avant, c'était de... De se faire une petite coupure de temps en temps quand ça n'allait pas. Il pensait que ça lui changerait les idées et sur le coup, ça marchait, plus ou moins. Parfois, il fallait en rajouter deux ou trois pour qu'il se dise que c'était suffisant. Puis, ça avait commencé à devenir une punition occasionnelle. Dès qu'il faisait quelque chose de mal dans la journée, il avait droit à une petite séance avec sa lame le soir. Mais ça restait... Espacé et léger, si l'on comparait cela à ce qu'il s'était fait bien plus récemment. Là... C'était devenu ingérable. En moins d'une semaine, il s'était massacré. Ses bras, l'intérieur de ses cuisses... Non, Stiles ne se reconnaissait plus et ça le terrifiait. Il n'avait... Même plus confiance en sa propre personne. Comment comprendre ses actes s'il ne se faisait plus confiance ? Était-il capable de s'inventer des excuses, juste pour se justifier ? Ça non plus, il ne le savait pas. Forcément, cela lui créait de nombreux nœuds au cerveau, des nœuds qu'il avait bien du mal à démêler. Sincèrement, il avait essayé de réfléchir objectivement, mais sa tentative s'était révélée plus qu'infructueuse. Il n'avançait pas le moins du monde et n'arrêtait pas de se retourner dans ce lit beaucoup trop grand pour lui. Chaque mouvement qu'il faisait pour se tourner le faisait d'ailleurs grimacer et agissait comme un rappel morbide de ce qu'il avait... Pardon, de ce qu'il s'était fait. Mais surtout, ce qui le perturbait... C'était d'avoir remarqué à plusieurs reprises que cette douleur immense qui montait en lui... Lui était familière. Pas à lui, mais familière. Comme s'il avait déjà plus ou moins vécu ce genre de souffrance mais que celle qui apparaissait d'un seul coup en était le point culminant qu'il n'avait pourtant pas l'impression d'avoir atteindre lui-même. La sensation était étrange. Même là, Stiles se sentait... Bizarre. Mis à part la douleur de ses blessures et son propre mal-être, c'était comme si une brume s'était progressivement développée dans son esprit, pas complètement toutefois.


C'était déjà ça.

Mais Stiles n'était pas rassuré pour autant. En fait, il angoissait. Des heures qu'il était là, dans cette chambre, qu'il n'osait pas en sortir de peur de... De peur de quoi ? D'apparaître comme un adolescent tordu aux pulsions morbides ? De voir le regard de Derek le prendre en pitié ? Et Lydia ? Il savait qu'elle était là, il l'avait aperçue dans un moment où le brouillard l'imprégnait à tel point qu'il ne réagissait plus. Mais il s'en souvenait. Et ce n'était pas forcément une bonne chose car... Forcément, il ruminait, ressassait et ses pensées n'allaient pas en s'arrangeant.

- Stiles ?

L'hyperactif sursauta violemment et se redressa un peu vite. Ses yeux croisèrent ceux de Derek et la honte se mit à la submerger avec une force telle qu'il se remit instantanément sous les draps. Sa tête dépassait, mais il ne s'autorisait pas à plus. Et bien sûr, il réprima certaines grimaces dues à la douleur de ses réactions rapides.

- Hé, tout va bien.

Non, tout ne va pas bien, non. Il l'avait trouvé en sang, dans la pire des situations, l'avait soigné, amené ici... Pourquoi faire, d'ailleurs ? L'empêcher de recommencer ? Ce serait sans doute efficace, oui, parce que Stiles n'avait pas l'air de réussir à s'arrêter seul. Pour l'instant, il ne songeait pas le moins du monde à réitérer l'expérience, au contraire. Il était terrifié à l'idée de perdre à nouveau le contrôle de lui-même, de se faire mal avec autant de violence. Toutefois, savoir que Derek avait découvert son « secret » le mettait sacrément mal à l'aise. Jusqu'ici, il avait réussi à ne rien dire, rien montrer et aucun de ses amis ne se doutait de quoi que ce soit. Le silence lui allait très bien ! Pourquoi avait-il fallu qu'il ait ce stupide élan de... De massacre ? Pourquoi n'avait-il pas pu se contrôler, bon sang ? C'était la deuxième fois qu'il se faisait mal de la sorte et très franchement, il avait peur pour la suite.

Behind His MaskOù les histoires vivent. Découvrez maintenant