Chapitre 24

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Pour être honnête, Théo n'était pas malheureux que Lydia et Peter aient insisté pour qu'il aille voir ce qui se tramait du côté de chez Liam parce qu'ainsi, il avait un motif, une justification précise. Ainsi, si le petit blondinet s'offusquait de sa présence, la chimère pourrait accuser la banshee et l'ancien alpha et ainsi n'aurait à se prendre aucun reproche. Son... Amitié avec Liam était si récente et si fragile qu'il était terrifié à l'idée de la perdre ou de la dégrader de quelque manière que ce soit. C'était d'autant plus vrai qu'en ce moment... Le louveteau ne brillait pas par sa bonne humeur. Il ne se montrait pas distant à proprement parler : il disait réclamer une certaine tranquillité pour pouvoir réfléchir convenablement à ces actes qu'il ne comprenait toujours pas et... Ne plus risquer d'être une menace. C'était ce qu'il lui avait dit, au début. Qu'il avait besoin d'être seul, pour se recentrer – comprendre, aussi.

Mais, au vu de ce que lui avait dit Peter, les choses étaient peut-être un peu plus compliquées que cela. Un peu plus morbide, aussi. Théo n'était pas... Complètement dupe, il imaginait bien que Liam ne lui ait pas tout dit, néanmoins... Il le croyait, ou du moins, il le voulait. Ce qu'il avait voulu instaurer entre eux, c'était... Une relation de confiance pour cela, il fallait que ça aille dans les deux sens. Difficile pour la chimère qui n'avait toujours pu compter que sur lui-même, mais il faisait au mieux... Parce que pour la première fois de sa vie, il en avait envie. De faire confiance au-delà d'un lien de la meute à laquelle il avait choisi de se greffer.

Cependant, l'inquiétude qui était née en lui depuis cet appel ne cessait de le ronger et il ne lui tardait qu'une chose : arriver au domicile Dunbar. Il roulait vite tout en essayant de ne pas dépasser les limites de vitesse – avec son passif, Théo essayait de ne pas trop attirer l'attention de la justice sur lui, notamment celle de Noah Stilinski. Si le shérif était quelqu'un de gentil, il gardait une certaine rancœur à son encontre – à raison. Après tout, Stiles avait traversé une période fort sombre à cause de lui et ça, ce n'était pas quelque chose que l'homme de loi oublierait de sitôt. Théo lui-même s'en voulait d'ailleurs quelque peu à ce sujet et c'était en essayant de s'intégrer à la meute qu'il faisait au mieux pour se racheter. Pour lui, un effort réel avait plus de valeur qu'un vulgaire « pardon », que Stiles n'aurait accepté qu'en apparence. Théo avait à cœur de lui montrer quelque chose de bien plus tangible et significatif qu'un mot de circonstance sans aucune consistance.

Par rapport à Liam, Théo se demandait bien ce que l'oncle Hale avait voulu dire. Si ses paroles lui avaient semblé claires sur le moment, il se rendait compte qu'elles étaient bien trop floues car complètement dépourvues de détails. Dans quel sens Liam était-il en train de « foutre sa vie en l'air » ? Si Peter parlait de cette manière qu'il avait de s'isoler des autres... Oui, ça, il pouvait le confirmer. Cela ne lui plaisait pas et il avait d'ailleurs envisagé à plusieurs reprises d'aller le voir, mais... Lorsque Liam lui disait non, qu'importe le sujet ou la demande, Théo avait bien du mal à ne pas aller dans son sens. Il avait peur que faire quelque chose contre sa volonté ternisse leur espèce de relation amicale bancale. En d'autres termes, c'était lui qui avait peur de dire non. Parce qu'il était terrifié à l'idée de perdre le peu qu'ils avaient, cette espèce d'amitié toute jeune et fragile.

Mais il savait bien que parfois, il fallait passer outre. Un refus pouvait cacher bien des choses et si Théo était bien placé pour le savoir, il ne voulait pas vraiment s'avouer qu'il avait peut-être manqué quelque chose. Peur de regretter, et de se dire qu'il aurait peut-être dû insister. Peur de se sentir coupable, de se repasser bon nombre de souvenirs et de se demander ce qu'il aurait pu manquer.

Parce que, dans un sens, Théo fuyait les responsabilités, l'idée même d'avoir des comptes à rendre l'horripilait. Son truc, c'était de s'en aller dès qu'il en entrapercevait la possibilité.

Mais il ne ferait pas ça à Liam.

Ainsi, il n'hésita qu'à peine lorsqu'il se retrouva face à la porte d'entrée de la maison des Dunbar. Il jeta un léger coup d'œil aux deux places de parking vides à côté de la maison. Les parents de son ami étaient absents. De sorte à ne pas agresser ses oreilles et celles de Liam, Théo toqua au lieu de sonner. Cependant, lorsqu'il n'entendit aucun bruit de pas venant de l'intérieur, il appuya à regret sur la sonnette. Là non plus, il n'eut le droit à rien d'autre qu'à du silence. Pourtant, il sentait vaguement un cœur battre à l'intérieur – vaguement parce que des murs l'en séparaient et que Théo... N'écoutait pas ses sens lupins depuis très longtemps. Par le passé, il n'y faisait même pas attention alors maintenant... Il apprenait à son rythme. Désormais, il avait les rudiments de l'utilisation de son ouïe et de son odorat : il lui manquait juste un peu plus de pratique.

Oui mais voilà, que Liam ne se déplace pas pour venir lui ouvrir ne lui plaisait pas, parce que... Parce qu'il était réveillé, c'était certain. Il n'avait pas le rythme cardiaque d'un jeune homme endormi.

Il était même un peu trop rapide et irrégulier.

Théo posa sa main sur la poignée de la porte et l'abaissa, s'attendant à trouver la résistance habituelle du verrou.

Il frissonna lorsqu'il se rendit compte que la porte n'était pas le moins du monde verrouillée et qu'elle s'ouvrait avec une facilité déconcertante. Or, Liam la fermait toujours à clé lorsque ses parents partaient. Sa constitution lupine ne l'empêchait pas de craindre quelque intrusion que ce soit – il était même parfois un peu paranoïaque à ce sujet – et n'avait pas suffisamment confiance en le contrôle de son loup intérieur pour appréhender ce scénario sereinement. Ou il se pensait trop faible, ou il avait peur d'être trop... Violent. Dans les deux cas, si une telle chose devait arriver, il voulait au moins s'assurer que rentrer dans la maison ne soit pas aussi simple que cela. Le voisinage était généralement calme et paisible, mais Liam était du genre prévoyant... Méfiant.

Alors Théo considéra cette absence de verrouillage comme étrange, inquiétant. Il n'aimait pas ce qui sortait de l'ordinaire, surtout lorsque cela concernait son ami. Il poussa complètement la porte et eut vue sur le couloir, dans lequel il hésita à s'engager, parce que... L'odeur le dérangeait. La décrire et la comprendre, il n'en était pas vraiment capable. Il savait juste qu'elle ne lui disait rien de bon et que... Il y percevait quelque chose de familier. Il y avait celle de Liam, bien sûr, qui faisait partie de celles qu'il savait reconnaître par instinct, mais... Le reste, c'était plus compliqué. La chimère choisit alors de simplement retenir qu'il n'aimait pas ce qu'il sentait. S'il devait définir son impression, le mot « dérangeant » lui viendrait instantanément à l'esprit. Parce que c'était ça : une fragrance qui le dérangeait tant elle était particulière et lourde. De mémoire, il n'avait jamais perçu une telle chose chez Liam. Ni même en aucun autre endroit.

Et cette odeur, couplée à ce que l'oncle Hale avait déclamé, ne lui disait réellement rien qui vaille.

- Liam ? L'appela-t-il.

D'une certaine manière, il voulait en quelque sorte le prévenir de son arrivée, dans le but de ne pas le surprendre. Théo savait que le blondinet n'allait pas très bien depuis qu'il avait eu ce comportement incompréhensible et... Dangereux, il fallait l'avouer, envers Stiles. Il était d'ailleurs conscient qu'il faudrait à Liam un temps conséquent pour éventuellement comprendre le pourquoi du comment de cette histoire, et s'en remettre.

Sauf que son ami ne répondit pas. Théo sentait sa présence à l'étage, probablement dans sa chambre et il le savait réveillé. Que l'on n'aille pas lui faire croire qu'il ne l'avait pas entendu : ses sens lupins rendaient cela impossible. Il percevrait sa voix même au travers d'un casque diffusant une musique assez forte – ce qui n'était pas le cas ici. Alors pourquoi Liam faisait-il le mort ? Pourquoi son cœur battait-il aussi vite ?

Et pourquoi cette odeur... Ambiante mettait-elle Théo aussi mal à l'aise ? Pourquoi y sentait-il quelque chose qu'il savait par instinct connaître ? La chimère, préoccupée, se dirigea vers les escaliers, non conscient du fait que sa vision de bon nombre de choses allaient changer.

Behind His MaskOù les histoires vivent. Découvrez maintenant