Liam n'était plus très présent, à tel point que Théo crut qu'il s'était endormi. Mais à défaut de sentir ses émotions, il entendait très bien battre son cœur, tout comme il percevait le rythme de sa respiration. Parfois, il rouvrait les yeux, avant de les laisser se refermer rapidement. Le seul point positif que la chimère entrevoyait dans cette situation, c'était le fait que son ami ne pleurait plus. Soit il avait déjà trop pleuré, sois ses émotions s'étaient faites la malle. Pour être tout à fait honnête, Théo n'en savait rien et cela le frustrait car pour une raison qu'il ignorait, son odorat ne fonctionnait pas, du moins... Pas comme d'habitude. Il sentait mais ne lisait plus. Son cerveau lui donnait l'impression de ne plus rien reconnaître, pas même les fragrances les plus lambdas.
Théo s'installa sur une chaise dépliante, qu'il rapprocha du canapé. Il fixa l'écran de son téléphone en se mordant la lèvre. Derek l'avait appelé une heure plus tôt, et il l'attendait toujours. Comptait-il réellement venir ? Théo l'espérait même s'il ne savait plus vraiment ce qu'il attendait de lui. Il avait besoin d'aide, oui... Mais au vu de la façon dont Isaac l'avait rembarré, Théo préférait attendre de voir et ne pas sauter aux conclusions.
Son regard dériva très souvent vers Liam et il surprit le sien à plusieurs reprises. Mais la douleur qu'il y lut chaque fois l'empêcha purement et simplement de lui dire quoi que ce soit. Théo eut peur de prononcer le moindre mot. Il pouvait affirmer sans détour qu'il n'avait jamais vécu de pareil moment d'hésitation dans sa vie... A ne savoir que faire, que dire, à se retrouver complètement désemparé.
A vouloir aider mais ressentir la plus grande des impuissances.
Liam se pelotonnait dans le plaid que Théo lui avait passé, il se tournait et retournait sans arrêt. Il ouvrait et fermait les yeux, regardait le plafond ou parfois passait l'entièreté de la pièce en revue, avec toujours ce même air hagard peint sur le visage. Théo savait qu'il devait tenter des choses, essayer... A défaut de le faire parler, de le mettre le plus à l'aise possible... Puis de lui faire comprendre qu'il n'avait plus à avoir peur. Mais le bougre n'arrivait pas à faire plus que le regarder de temps à autres en essayant de ne pas lui donner l'impression qu'il le surveillait. Pas qu'il le pensait capable de faire quelque bêtise, mais... On ne sait jamais. Disons que maintenant qu'il avait découvert que la solitude de Liam n'était pas aussi saine qu'il le pensait, il se méfiait.
Et n'oubliait pas les flacons vides qu'il avait trouvés près de lui. A cette pensée rémanente, il se mordit l'intérieur de la joue. Quelque part, il se sentait coupable de ne pas avoir osé venir le voir plus tôt. Peut-être que son odorat, qui fonctionnait parfaitement jusque-là, lui aurait appris quelque chose. Et il était là le pire parce que Théo savait qu'il aurait déjà la réponse à ses trop nombreuses questions s'il sentait les choses comme il le fallait. Quoique sa réflexion fonctionnait, mais... Il y avait des choses auxquelles il ne pensait pas à cause de son trouble et ça, il n'y pouvait rien.
Quelques coups portés à la porte le sortirent de sa torpeur légère. Là encore, Théo pourrait deviner l'identité de son visiteur si son cerveau traduisait les signes olfactifs que son nez lui envoyait. Ses oreilles, elles, lui firent parvenir un soupir d'agacement et les battements lents d'un cœur calme. Tout à coup, il se mit à espérer que Derek était bel et bien venu. Le soulagement qui l'envahit fut sans égal lorsqu'il lui eut ouvert la porte... Quoiqu'il était si tendu que cela ne se vit pas. Qu'importe, Derek ne semblait pas bien plus détendu que lui : il n'y avait qu'à voir son visage atrocement fermé, son regard rude et sévère. Il n'était pas là par plaisir.
- Il est là, articula l'ancien alpha.
Ce n'était pas une question, mais un constat. Il entendait les battements irréguliers du cœur de Liam tout comme il percevait sa présence. Il fronça néanmoins les sourcils. Son odeur, il la sentait d'ici. Sauf qu'elle avait quelque chose d'étrange qui lui fit penser qu'il n'était pas seul. Or, il n'y avait personne d'autre que Théo, Liam et lui dans ce studio – ça, il en était certain. Mais alors pourquoi... Derek poussa la chimère sans vergogne et déboula dans la pièce de vie.
Liam était bien là, allongé sur le canapé, sous un plaid. Lorsqu'il le vit, il détourna aussitôt les yeux : sa respiration se fit on ne peut plus irrégulière, son cœur souffrir d'une embardée brutale et une terreur sans égale se peignit sur son visage. Il avait vraisemblablement peur de Derek. Et l'ancien alpha pourrait jurer que s'il avait pu fuir, il l'aurait fait. Sauf qu'il était figé, en proie à cette terreur si forte, si particulière... Que Derek faillit en oublier ce qui l'avait poussé à se précipiter dans cette pièce pour le voir de ses propres yeux. Il était bel et bien seul.
Mais son odeur était plurielle.
- Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Siffla Derek en se retournant vers Théo.
Il ne lui laissa cependant pas le temps de répondre et s'approcha du louveteau qui, cette fois, le fixait sans pouvoir faire autrement, comme s'il avait besoin de le voir arriver pour ne pas être surpris de sa présence... Mais le louveteau ne bougea pas, si ce n'est pour s'enfoncer plus profondément dans le canapé. Derek lança un rapide coup d'œil à Théo :
- Tu as vu Scott récemment ? Aujourd'hui, par exemple ?
Il avait prononcé son nom avec une certaine hargne dans la voix. Ce n'était pas demain la veille qu'il oublierait la façon dont il avait parlé à Stiles avant que tout ne dérape dans leurs vies respectives. Alors oui, il ressentait une certaine colère rien qu'à l'idée de penser à lui, de prononcer son nom.
Mais son odeur, il la sentait. Fort. Elle était partout. Elle embaumait la pièce.
Et elle venait de Liam.
- Non, répondit Théo, sincèrement surpris par sa question.
C'était peut-être la dernière à laquelle il s'attendait à devoir répondre. Pourquoi lui parlait-il de Scott, d'ailleurs ? Il était censé venir voir Liam, sans doute parce qu'Isaac et Lydia lui avaient rapporté leur dernier échange à son sujet...
- Alors pourquoi il empeste Scott ?
Sans prendre aucune précaution quant à son attitude ou son visage des plus fermés, Derek s'approcha de Liam au point de faire luire dans ses yeux une terreur si forte qu'elle en était anormale. Mais même si l'état de l'ancien alpha était altéré par quelque chose qu'il ne comprenait pas – et qu'il n'avait pas non plus identifié –, il ne fit pas que noter la présence de l'odeur de Scott. Il sentit son omniprésence et à quel point elle était entrelacée avec les émotions – il ne pouvait le nier – nauséabondes qui transparaissaient dans l'odeur de Liam.
Et le lien, il le fit très vite. La façon dont l'odeur de Scott semblaient être imprégnée en lui était trop intime pour être négligée. Puis... Liam n'était pas simplement mal : il le fixait étrangement, terrifié comme jamais, comme s'il se sentait extrêmement menacé... Mais il ne bougeait pas. Et son immobilité tremblante, elle avait un sens, pour Derek.
Assez pour qu'il en veuille momentanément à Isaac pour avoir éconduit l'appel à l'aide de Théo, et trop pour qu'il rentre au loft tout de suite – même si son besoin si particulier de retrouver Stiles était extrêmement fort, à tel point qu'il altérait son humeur.
D'un coup d'un seul, l'ancien alpha pivota et, la mâchoire extrêmement serrée par ce qu'il venait de comprendre – mais pas de réaliser complètement –, il attrapa Théo par le bras et le fit sortir de force du studio. Il n'était pas violent, pas vraiment... Juste soudainement enragé, au point de ne pas avoir eu envie de lui demander poliment s'ils pouvaient sortir quelques minutes.
Ils devaient parler, tous les deux. Maintenant.
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Behind His Mask
FanfictionStiles sourit. Stiles aime tout le monde. Stiles est la maman de la meute. Stiles est toujours là quand on a besoin de lui. Stiles est l'humain dévoué dont toutes les meutes peuvent rêver. Oui, mais Stiles ne va pas si bien que ça. Non, en fait, son...