Chapitre 14_Élan

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Kokonoi Hajime

Assise sur la banquette arrière, la tête collée contre la vitre, les yeux de Nori sont tout aussi brumeux que la plaque de verre la séparant de l'extérieur, la chaleur de nos souffles, provoque une buée fine sur lequel elle laisse glisser son doigt pour y dessiner des cercles aussi vite effacés d'un revers de la main.

Quant à moi, je ne sais quoi regarder, la route où elle.

- Tu as quitté les Haitani brusquement.
Rindô ne va pas s'en remettre.

- Nori : Sûrement.

- Tu comptes rester évasive longtemps?
Pourquoi n'avoir rien dis?

- Nori : Nul le sait.

Elle se tait après avoir adresser un regard furtif au rétroviseur, épuisée, elle met en boule un vêtement lui appartenant, retire la ceinture et vient se blottir sur les sièges en cuir rouge de la voiture.

- Nori : Réveilles moi quand on sera arrivé.

- Oui Madame.

- Nori : Tu as l'air de bonne humeur. Je n'y suis pour rien j'espère?

- Nul le sait.

Nous rions, simplement, en la surveillant de mon poste, Nori, les mains repliées sur son coussin de fortune, réprimande un sanglot qui ne passe pas inaperçu, loin de là, une perle scintillante fend en deux sa joue, ses yeux clos, elle resserre le coussin, plie ses jambes et ses cils qui battaient nerveusement pour chercher le sommeil deviennent immobile.

Juste un instant de plus.
Je deviens égoïste avec toi.

A l'intérieur des ténèbres, seul les lumières du garage renvoient l'éclat du visage de Nori paisiblement endormie, le bruit de la gomme grinçant sur le sol mouillé ne l'a réveille pas, une nuit elle a dormi ainsi, c'était la dernière nuit passée ensemble, avant, elle s'agitait dans son sommeil, comme si elle luttait contre des cauchemars encore bien présent malgré une histoire d'amour perdue.

Après m'être garé, la porte du garage s'ouvre, Isa, ma conseillère, arrive en costume, j'examine chaque moindre détail du vêtement, mais quand je plisse les yeux en ne voyant pas des gants enfilés, elle roule des yeux, en expulsant la fumée de sa cigarette électronique en faisant des ronds, avance les mains en l'air comme pour me défier mais à la place elle se retient d'émettre un commentaire déplacée et vient prendre les affaires de Nori dans le coffre.

- Isa : L'inconnu de retour.

- Ne commences pas Isa. Pas maintenant.

- Isa : J'ai congédié les autres, tu me dois un extra.

- Oui.

- Isa : Dans la chambre d'ami ou dans ta suite?

- Dans ma suite, merci Isa.

- Isa : Que son départ ne soit pas aussi dévastateur que la dernière fois.

La voix tranchante de Isa, qui est habituellement détachée de tout, ne m'étonne pas, la femme aux cheveux noirs s'inquiète, il faut dire que son départ a laissé quelques traînées de poudres éparpillées, je me suis juré de prendre mes distances, de m'éloigner, de me faire violence, mais, la revoilà, la cause de cet émoi.

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