20. Tais-toi, femme (2)

16.3K 1.1K 732
                                    

La station de ski se trouve sur l'autre versant de la montagne donc nous y arrivons en à peine une vingtaine de minutes. Puisque nous sommes en pleine période des fêtes, elle est bondée de touriste américains, mais aussi canadiens. Voilà pourquoi je me retrouve dans une file à n'en plus finir, à mourir de chaud sous mon manteau et mon pull en attendant d'atteindre le comptoir de location d'équipement.

Mon tour arrive enfin et une adolescente qui fait sans doute son job étudiant m'accueille avec un sourire qui excuse presque l'heure de queue que je viens de me taper.

— Bonjour, c'est pour la location de ?

— Tout l'équipement, casque, bottes, skis, bâtons.

— Votre billet s'il vous plait.

Je lui tends le ticket que Darryl m'a donné avant de m'abandonner dans la file. Lui et les autres ont loué le nécessaire dans les boutiques de sport de notre ville avant le départ, comme l'avait recommandé Darryl. Moi j'espérais encore secrètement que ce séjour n'aurait pas lieu alors je n'en avais pas vu l'utilité.

Comme l'employée complète ma location sur son écran, mon regard se promène à travers foule et je vois Ariès sortir de la salle de rangement avec l'équipement qu'elle aussi vient tout juste de louer. Sur sa tête, elle porte un casque pas attaché et dans ses mains des bottes et une planche de snowboard.

— Hum... changez les skis et le bâton pour une planche de snowboard, dis-je sans défaire mes yeux d'Ariès qui s'est assise pour enfiler des bottes.

- 46,00 $ pour la journée.

Je lui tends ma carte, elle conclut la transaction avant de me donner mon ticket, ma carte et mon reçu avant de m'indiquer de le montrer à l'employé de la boutique. Je m'y rends et en ressors avec mon équipement avant d'aller m'asseoir à côté d'Ariès. Elle lève la tête quelques secondes avant de reconcentrer à mettre ses bottes.

— Willow est morte ?

— Quoi ?

— Je suis étonnée de ne pas te voir avec elle pour une fois.

Ok?

— Ah... non, elle est montée avec Riley et Darryl.

Dans le silence, je mets les miennes, accroche mon ticket à mon manteau pour qu'il soit visible et mets mon casque. Ariès est encore en train d'essayer de comprendre le mécanisme de ses bottes.
— Besoin d'aide ?

— Non. Je vais y arriver, tu peux y aller.

— Sûre ?

— Sûre.

Elle continue de se débattre pour comprendre le fonctionnement de la vis. Je lève les yeux au ciel, m'accroupis et lui mets ses bottes avant de les serrer de manière appropriée. Je prends sa main, l'aide à se lever avant de lui attacher son casque.

— Voilà.

— J'y serais arrivée seule.

— Bien sûr.

Nous nous sourions, puis elle tourne les talons et quitte le bâtiment. Je regarde sa planche qu'elle a laissée derrière elle. Soit elle l'a oublié, soit c'était un ordre, « porte ma planche et suis-moi ».

J'opte pour la deuxième partie et réalise que j'ai raison quand dehors, elle m'attend, bras croisés. Je lui donne sa planche.

— Bon... euh... je vais y aller.

Je me tourne pour partir vers le remonte-pente, mais elle me retient.

— Je... je ne sais pas en faire.

Satan est une femmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant