00. À la claire fontaine

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J'ai froid.











































Il y a longtemps que je t'aime

Jamais je ne t'oublierai.



































Cette voix.



























Je la reconnaitrais entre mille.























Cette main meurtrie par le travail qui caresse mes cheveux.



















C'est elle.






















— Martha.

J'ouvre les yeux pour voir Martha, ma nourrice... ma mère, me chanter la comptine qu'elle me chantait chaque fois que je faisais de mauvais rêves.

— Hugo mon poussin, tu as fait un autre cauchemar ?

Les larmes me montent aux yeux.

— Je n'ai pas été sage, Martha. Je n'ai pas été sage, sangloté-je. J'ai fait du mal à quelqu'un. À quelqu'un que j'aime.

— Ariès ?

J'opine douloureusement, laissant un torrent de larmes couler.

— Tu m'avais dit de ne jamais blesser les gens que j'aime. Je l'ai blessé, Martha, je l'ai détruite.

Sa main douce et rugueuse à la fois continue de me caresser les cheveux.

— C'est vrai... mais que t'ai-je dit de faire si jamais tu venais à blesser quelqu'un ?

J'essuie grossièrement mes larmes et renifle avec peine.

— De m'excuser. Je me suis excusé un nombre incalculable de fois.

— Très bien.

— D'obtenir le pardon. Elle m'a pardonné.

— Hmm.

— De prier pour que Dieu m'aide à ne plus faire le mal...

— L'as-tu fait ?

— Non. Je me suis simplement assuré que je ne ferais plus de mal à personne. Jamais. Les prières, ça ne marche pas.

— Les prières marchent, Hugo. Lorsqu'on souhaite vraiment que nos prières se réalisent et lorsqu'on est prêt à tout mettre en œuvre pour qu'elles se réalisent. C'est pour cela que je ne cesserai jamais de prier pour toi.

— Pourquoi ? Pourquoi prier pour moi ? Je suis un violeur. Je suis le diable.

Son chaleureux sourire ridé me bouleverse.

— Parce que personne n'a plus besoin que l'on prie pour lui que le diable.

Cette phrase résonne en moi, réchauffe mon cœur gelé et je fonds en larmes comme jamais auparavant.

Je ne mérite pas ses prières, je ne mérite pas son amour, je ne le mérite pas et pourtant elle ne cesse jamais de m'aimer.

Comme Ariès.

Elle m'a pardonné... j'aurais dû rester et tout mettre en œuvre pour rendre heureuse, la faire sourire, la faire rire, la conduire au sommet, la laisser me tatouer et fêter beaucoup d'autres Noëls auprès d'elle. La réparer. Elle m'a supplié de ne pas la laisser et je l'ai quand même fait. Je me suis enfui... Je l'ai abandonnée.

Satan est une femmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant