32. Ma femme (1)

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Les larmes me montent aux yeux, toute la force dans mes jambes s'envole et mes genoux flanchent sous mon poids ou celui de l'émotion, je ne sais plus.

Je tombe sur mes genoux et fonds en larmes en secouant la tête. La main d'Ariès qui elle est stoïque est toujours devant mon visage, mais je continue de refuser.

— Je ne peux pas... je n'ai pas le droit... c'est trop..., sangloté-je

Je n'ai pas le droit à son amour, je n'ai pas le droit à son pardon, je n'ai pas le droit.

— Hugo.

J'ouvre à moitié les yeux pour la regarder.

— C'est un seul genou au sol, m'indique-t-elle d'une voix détachée.

Elle s'en fout. Elle s'en contrefout, et comme chaque fois que sa décision est prise, elle est sans appel.

Je suis tombé amoureux d'une dictatrice.

Ma main tremblante va prendre l'anneau que j'avais cru perdu à jamais avant de délicatement prendre la main qu'elle me tend. Mes yeux retournent vers les siens qui perdent de leur rigidité alors que des larmes y font leur apparition. Je tais les miennes et deviens solennel.

— Ariès Morgiana Elisabeth Salinger, feras-tu de nouveau de moi l'homme le plus heureux de la terre en acceptant de devenir ma femme ?

Son visage se froisse et elle lâche une petite plainte avant de hocher vigoureusement la tête. Je me retiens de la rejoindre dans ses pleurs alors que je passe la bague à son doigt.

Mes jambes retrouvent leur force, dans les faits, je jurerais pouvoir m'envoler. Je me lève, la porte et la serre dans mes bras alors que nos lèvres se retrouvent.

Puis, front contre front, Ariès caresse mon nez du sien. Je lui souris.

— Ça aussi... tu avais déjà décidé avant de venir...

Elle sourit à son tour en hochant la tête.

— J'avais juste besoin de vérifier si le sexe en valait la peine, plaisante-t-elle. J'espère que je ne me suis pas trompée.

Je ricane avec elle.

— Tu me diras ce soir quand je t'aurai fait pleurer à en oublier ton nom.

Je peux littéralement voir ses pupilles prendre en volume. Elle aime ce qu'elle a entendu, elle aime beaucoup. Je comprends alors que ce n'est pas elle, mais moi qui va me faire baiser ce soir, et ce jusqu'à la pointe du matin.

La perspective n'est pas décevante, juste légèrement terrifiante. Mais elle peut faire ce qu'elle désire de moi.

Je lui appartiens.

— Je t'aime Ariès, soufflé-je avant de l'embrasser à nouveau.

Nous demeurons ainsi, elle dans mes bras, à se susurrer les mots d'amour que nous avons préservés pour l'autre des mois durant.

Si ce n'était pas Noël, si ce n'était pas mon anniversaire, si nos amis ne nous attendaient pas en bas, je l'aurais prise là, dans l'immédiat.

Mais je la laisse retrouver le sol. De sa main ornée du bijou, Ariès me guide jusqu'à l'étage d'en bas, jusqu'à la table où nous retrouvions les autres.

Ni Ariès ni moi-même ne leur disons que nous venons de nous refiancer. On ne leur avait pas dit pour la première fois de toute façon.

Le repas se termine. Nous nous affairons à débarrasser. Je repends mon rôle de plongeur et Ariès m'aide en essuyant la vaisselle que je lui tends. Le tout sous la surveillance de Chanel qui nous fixe, qui me fixe en découpant des parts de mon gâteau comme elle voudrait me découper moi avant de les manger à même le couteau.

Satan est une femmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant