23. Feminicide

15.9K 1.1K 1.4K
                                    

— Salut Ariès, mon amour... Est-ce que j'ai le droit de t'appeler mon amour ? Je n'en sais rien.... mais j'en ai envie. Hum... qu'est-ce que j'allais dire ? Ah oui. Je ne vais pas m'excuser, tu dois en avoir marre comme tu me l'as dit. Je voulais d'abord te préciser que je n'ai fait aucun mal à ton Aaron. Je n'aurais pas dû aller chez lui c'est vrai, mais je ne lui ai rien fait.

La porte s'ouvre et Hugo entre avec peine, un plat plein de cookies dans une main, deux verres de lait dans l'autre.

— Je t'ai ramené assez de cookies pour te donner le diabète et du lait aussi-

— Je lui ai vraiment juste demandé de te rendre la plus heureuse possible. Je te jure.

Hugo s'arrête en entendant sa voix étranglée sortant de mon téléphone, ses yeux voyagent de l'appareil à moi et la panique le gagne.

— N'écoute pas ça.

C'est lui que je n'écoute pas, car je suis là suite du message.

— Et j'étais sincère. Je veux que tu sois heureuse Ariès. Je veux que tu sois la plus heureuse. Et si comme tu m'as dit, tu as besoin que je disparaisse pour être heureuse, je vais le faire. Sans la moindre hésitation, je vais le faire. Ma vie n'est rien à côté du moindre de tes sourires, putain Ariès j'aimerais tellement que tu souris à nouveau.

— Ariès, s'il te plait...

— Je ne sais pas si tu écouteras ce message un jour. Au fond, j'espère que non. Au fond, j'espère que tu seras parvenue à m'oublier pour ne jamais avoir besoin de revenir ici. Normalement, je t'aurais écrit dans ma lettre de suicide avec tout les autres, mais mes larmes mouillaient trop le papier, alors me voilà.

Il pousse un long soupire.

— Par où commencer ? Je ne sais pas si tu te souviens la première fois qu'on s'est rencontré... enfin... pour moi. Moi je m'en souviens comme si c'était hier. Quand je m'étais réveillé et que la première chose que j'ai vue c'était toi. Pour une raison que je ne m'explique pas, sans même avoir dit quoi que ce soit, tu as piqué ma curiosité. Bon après tu as ouvert la bouche et je t'ai trouvée méprisable, avoue-t-il dans un léger rire, mais pas moins fascinante. Il fallait que je sache qui tu étais, ce que tu voulais, ce que tu craignais, tout, il fallait que je sache absolument tout de toi. Le défi était en quelque sorte une couverture pour cacher tout l'intérêt que je te portais. Et je croyais qu'il suffisait que je me rapproche de toi pour combler ce viscéral besoin de saisir qui était Ariès Salinger. Seulement, tu étais tellement volatile, tellement fugace, je n'y arrivais simplement pas et pour chaque réponse que je trouvais, une dizaine d'autres questions s'imposaient à moi et même s'il m'arrivait de me plaindre, je me relançais dans l'exploration de ta personne avec délice. Mais surtout, plus que le sujet de mes insomnies, tu étais devenue mon amie et secrètement je berçais le désir que tu sois plus, confie-t-il alors que les larmes refont leur apparition. Je vais recommencer à pleurer alors je vais couper court, il y a quelque chose que je voulais vraiment te dire : merci.

Hugo dépose le plat et les verres sur la table de chevet avant de passer sa main dans ses cheveux.

— C'est tout ce que j'ai à te dire : merci. Merci d'avoir été aussi forte. Merci d'avoir survécu pendant huit ans. Merci d'avoir été une telle pétasse que je n'ai pas eu d'autre choix que de tomber amoureux de toi. Merci de m'avoir laissé entrer dans ta vie, dans ton cœur. Merci d'avoir été celle qui me rappelait que quelqu'un m'aimait. Merci de m'avoir ouvert les yeux concernant Jeanne. Merci d'avoir été là la meilleure belle-mère dont Sasha aurait pu rêver. Merci d'être toi Ariès, d'être parfaitement toi. Tu m'as tant apporté alors que moi je t'ai tout pris. Alors il est temps que ce soit moi qui t'offre quelque chose ; la paix, ma vie. Et j'espère que ce geste te rendra autant heureuse que tu m'as dit qu'il le ferait parce qu'au final c'est tout ce qui compte. Je t'aime, Ariès, ici et là-bas aussi, je t'aimerai toujours.

Satan est une femmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant