26. Femme au foyer

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23 décembre (J-7)

Les gouttes noirâtre qui s'écoulent dans la cafetière rythment mes pensées depuis bientôt cinq minutes. Je suis seul à la cuisine après m'être réveillé le premier pour la première fois. Hier, on est allé se coucher assez tôt. J'ai encore l'impression que la soirée d'hier était un rêve ; la déclaration d'Aries, l'accident, la promenade dans le village, le bar western, Aaron... tout ça m'apparaît irréel ce matin.

Mais je sais que c'était réel, la douleur à mon épaule ne manque pas de me le rappeler au moindre mouvement brusque.

Il y a une expression qui dit « avoir quelqu'un dans la peau », ça veut dire aimer à la folie. J'ai Ariès dans ma peau, littéralement.

La petite alarme de la cafetière m'arrache à mes songes pour la troisième fois. Je retire la cafetière de la machine, trouve une tasse que je me mets à remplir lentement. Déjà, l'odeur de café envahit la cuisine. Il n'y a rien de mieux le matin.

J'ai mal aux bras.

On a compris, tu t'es fait tatouer.

Non, aux deux bras.

Mes yeux passent du café à mon bras droit où des dents sont plantées et s'enfoncent légèrement. Je rectifie, il n'y a rien de mieux le matin après ça.

— Aie, dis-je mollement.

Ariès relâche la pression avant de me mordre ailleurs à deux reprises et de s'éloigner comme si de rien n'était. Je souris face à cette habitude qui n'a pas changé. Elle faisait souvent ça, dès que j'avais les biceps à l'air, elle se glissait derrière moi et les mordait, en particulier le matin. C'était en quelque sorte sa manière de dire bonjour et d'exprimer son affection.

— Bonjour à toi aussi, dis-je en essuyant sa salive.

Je me tourne pour voir Ariès bâiller. La première chose qui me saute aux yeux c'est son accoutrement. Elle porte un peignoir en satin bleu qui lui arrive à peine au milieu des cuisses. À en juger par le relief sur son buste, je devine qu'elle ne porte rien en dessous. Mes yeux terminent leur analyse sur ses orteils, collés et frottant l'un contre l'autre.

— Tu as froid ?

— Non, ça va.

Je l'étudie, elle et son corps qui la contredit.

— Je reviens.

Je me rends à la cheminée où je trouve quelques rondins du bois rougeâtre que Darryl utilise pour le chauffage. J'en mets en petite quantité comme il me l'a dit, car il s'agit d'un bois très calorifique ; si j'en mets plus que nécessaire, la maison se transformera en sauna.

Je vais retrouver Ariès à la cuisine. Elle sort du lait et des œufs du frigo en fredonnant un air gai.

— Tu fais quoi ?

— Je vais faire des pancakes.

Je retourne à l'îlot au centre de la cuisine me verser mon café avant qu'il ne refroidisse. Je l'entends essayer de faire le moins de bruit possible en cherchant les ustensiles et contenants nécessaires pour sa cuisine. Je me tourne pour la regarder et vois qu'elle est courbée, en train de fouiller dans une armoire.

Son minuscule peignoir se soulève un peu, laissant apparaître ses cuisses, mais aussi une partie de sa culotte.

Quand elle trouve la poêle antiadhésive et se relève, je m'empresse de détourner le regard et faire semblant d'ajouter de la crème à mon café.

— Ugghhh Darryl.

— Quoi ?

— Chaque fois qu'il cuisine, il range les ingrédients super haut dans l'armoire.

Satan est une femmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant