Ryufuyu - @nrcissus-

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nrcissus-

« Corn dogs »

   - C'est fini entre nous.

   Bam.

   Le gong hurla. Chifuyu était là, les bras
ballants, et il l'avait enfin fait. Dehors, on
entendait les feuilles mortes, dénudées
puis démembrées par le froid, caresser le
béton comme on passait des ongles sur un
tableau. C'était amer, mais Chifuyu venait
de larguer son petit-ami.
   Ryusei le fixa dans un mutisme anonyme,
des secondes acides qui tombaient
comme des gouttes sur sa peau pourtant
recouverte d'épais tissus, avant de
finalement lever les yeux vers la jeune
lune qui se cachait derrière la pollution
grandissante de Tokyo.

   - J'ai la dalle, Fuyu.

   Le surnommé libéra un soupire exacerbé
et le griffa d'un regard qui avait le même
goût.

   - Je viens de rompre avec toi wesh.

   - Pour la cinquième fois en sept mois,
et parce que j'ai dit que ton chat puait
de la gueule et que j'veux pas aller à la
patinoire, je sais, et moi je viens de te
dire que j'ai la dalle.

   Sous l'expression absolument horrifiée
de Chifuyu, il passa un bras autour de ses
épaules et le traîna contre lui. Le blond se
retrouva piégé contre sa chaleur et étouffé
par son eau de Cologne pas chère.

   Il ne pouvait pas y croire - quoique si un
peu, c'était déjà arrivé deux ou trois fois
par le passé ; trois jours consumés, passés
au bûcher, parce qu'il les avait consacrés à se retourner le cerveau, à réfléchir à si sa relation amoureuse avec Ryusei était saine, à comment le quitter sans trop de dégât - mais finalement, on s'en fout des dégâts. Il avait choisi une date, soit ce onze décembre après les cours, ainsi qu'un lieu, soit juste devant le lycée parce qu'il fallait bien que tous les autres élèves soient au
courant.

   - Mais dégage ! cria-t-il en se dégageant
brusquement, je t'ai dit que c'était fini, alors c'est fini ! J'suis sérieux, Ryusei !

   - Y a un food truck qui vend des corn
dogs pas loin, tu viens ?

   - J'te jure je crie à l'agression si tu me
laisses pas tranquille.

   Le garçon aux cheveux blancs haussa un
sourcil, pas trop convaincu par sa menace
mais un tant soit peu conscient qu'il
pouvait le faire et qu'il le ferait parce que
pourquoi pas.

   Il n'ajouta rien, et Chifuyu s'en sentit
vexé.

   Replaçant correctement la lanière de son
sac de cours sur son épaule, il s'en alla de
son côté, sans dernier aveu à prononcer.
Son ex-copain haussa les épaules et fit
de même, et le blond dû prétendre qu'il
ne l'avait pas aperçu faire, d'une subtile
œillade. Il ravala ses larmes ; de toute
façon Ryusei avait toujours été un piètre
petit-ami.

   C'est vrai quoi, même s'il lui achetait ses fleurs préférées à chacun de leurs dates, qu'il lui répétait comme il était mignon dès qu'il en avait l'occasion, qu'il insistait pour payer quand ils sortaient manger quelque part, qu'il le prenait dans ses bras en sortant un truc absurde lorsqu'il remarquait que quelque chose n'allait pas rien que pour lui remonter le moral, que-
   Il devait taire ses pensées ou il allait
regretter.

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