Bajifuyu - @-nrcissus-

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-nrcissus-

Fuyu no kisetsu

   Il était une fois, lundi dix-neuf décembre deux-mille-onze,
   Keisuke tremblait. Ses doigts souffraient du gèle de l'approche de Noël, si bien qu'il commençait à croire que ses nerfs n'étaient, dirait-on, plus que d'infimes fils d'araignée. Fins, fragiles, et il ne sentait plus le bout de ses doigts. Dérouté, c'est ce qu'il était. Keisuke n'aimait pas l'hiver; le soleil brillant et le sable doré lui manquaient. Mais il y a bien une chose qu'il attendait chaque année avec impatience, en hiver
   C'était l'anniversaire de Chifuyu.

   Et l'anniversaire de Chifuyu, c'était ce jour-ci.

   Toute l'année. Toute l'année, ses amis et lui avaient eu droit à des comptes à rebours exclusifs.

   Des « dans quatre mois, douze jours, cinq heures et trente-sept minutes j'suis
majeur » à trois heures du mat.

   Alors Keisuke se sentait légitime de se dire

   Enfin, la putain de sa race

   Plus de compte à rebours à la con, c'est sûr.

   Il faisait froid, en ce dix-neuf décembre deux-mille-onze, en cet anniversaire de Chifuyu. Le jeune homme observait ses orteils paralysés métaphoriquement tourner au bleu glacial, avant d'enfiler ses pantoufles. Il regarda le réveil posé sur sa table de chevet en bois, entouré des paquets de gâteaux vides qu'il avait la flemme de jeter à la poubelle depuis trois jours. Dix heures, bien trop tôt pour se lever un dimanche de vacances.

   Plus tôt, lorsque minuit avait sonné, il n'avait pas attendu une seconde pour appeler Chifuyu et lui souhaiter un bon anniversaire, une bonne entrée dans la vingtaine, et les deux n'eurent terminé leur appel qu'aux alentours de deux heures du matin. Ainsi donc, l'aube arrivée, Keisuke eut ce qu'on appelle la tête dans le cul.

  Huit heures de sommeil c'est pas assez pour entretenir ma chevelure royale, râla-t-il pour lui-même.

   D'une main paresseuse il ouvrit ses volets. La douceur de la lumière nue et insipide attaqua sa chambre, vint s'échouer contre les reflets du papier cadeau qui entourait le paquet posé sur son bureau, se glisser à travers ses cheveux ébènes et souligner les courbes tirées de son visage.

   Il soupira en entendant Kazutora chantonner dans la cuisine ce qui s'apparentait à une version très très très remixée de Sleigh Ride dans un anglais douteux. Il n'y avait vraiment que lui pour être de si bonne humeur un matin où la température était telle un réfrigérateur, lui-même bloqué dans un congélateur, lui-même paumé au beau milieu de l'Alaska.

   - Aujourd'hui c'est l'anniv de Fuyu ! s'écria le bicolore lorsque son colocataire arriva dans la cuisine.

   - Bonjour à toi aussi Tora, répondit l'autre d'un bâillement.

   Le dit Tora bailla à son tour puisque c'est contagieux, puis reprit :

   - Tu travailles aujourd'hui, moi non, donc je vais aller voir Fuyu et lui donner mon cadeau en premier, alors que toi tu devras attendre ce soir comme les autres mdr.

- Je m'en fiche, je serai toujours son préféré.

- Pas après le cadeau incr que je lui ai acheté, il va me demander en mariage tellement il va adorer.

- Bah je vais envoyer un message à Ryusei pour lui dire de pas laisser Chifuyu te voir, finit-il par protester, puisqu'il n'avait pas d'autre choix que de jouer la carte défense, de toute façon c'est sûr que lui il lui a déjà donné son cadeau, vu qu'ils sont en coloc.

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