Chapitre 25 - Point de rupture

156 13 33
                                    

Sirius s'ébroua avant d'entrer dans le vestibule du manoir. Il se débarrassa de son pardessus, l'accrocha sur une patère puis pénétra dans le salon. Alice leva les yeux de son livre et l'accueillit avec un sourire :

— Salut ! Dumbledore est encore avec Edgar...

Sirius s'installa à ses côtés. Ils discutèrent un moment du livre qu'elle lisait, que Sirius avait également lu, puis Alice lui demanda :

— Au fait, comment va Marlene ? Elle a l'air un peu effacée depuis ce qu'il s'est passé avec Wilkes... Je lui ai dit qu'on était plusieurs à lui avoir lancé ce sort en même temps et que ce n'est pas de sa faute s'il est mort, mais j'ai l'impression qu'elle n'en est toujours pas persuadée...

Sirius fit de son mieux pour dissimuler sa stupéfaction. Il savait que Wilkes était mort pendant une mission à laquelle Marlene avait participé. Il n'avait aucune idée, en revanche, qu'elle avait contribué à sa mort.

Elle ne lui en avait pas parlé.

Il ressentit un certain choc en comprenant qu'elle ne s'était pas confiée à lui sur ce sujet. Il la sentait distante depuis un moment... La mort de Wilkes en était-elle la raison ? Mais pourquoi lui avoir caché son rôle dans cette histoire ?

Pourquoi ne lui en avait-elle pas parlé ?

Lorsqu'il rentra ce soir-là, Marlene était à la maison. Il songea à l'interroger à propos de Wilkes, mais lorsqu'il engagea la conversation en commençant par des banalités, elle se déroba avant même qu'il ait pu aborder le sujet, prétendit être fatiguée et alla se coucher, comme elle le faisait de plus en plus régulièrement. Jusqu'à cette conversation avec Alice, il ne s'était pas rendu compte à quel point elle lui glissait entre les doigts depuis quelque temps.

Il devait arranger cela.

Mais alors que Sirius cherchait un moyen d'aborder la question avec Marlene, et alors que James et Lily pensaient l'obscurité derrière eux, celle-ci fit un retour en force lorsqu'Espérance Lupin, la mère de Remus, succomba à son tour à un accident vasculaire cérébral. La nature semblait décidée à les frapper plus durement que les Mangemorts, ces derniers temps.

Un soir, alors que Sirius rentrait de mission, il vit Remus, allongé sur le canapé, l'air absent et abattu. Il se trouvait dans cet état depuis l'enterrement, ce qui brisait le cœur de Sirius, qui ne savait pas comment s'y prendre pour lui remonter le moral. Ce soir-là, Sirius s'installa dans le fauteuil face à lui et lâcha :

— Tu sais à quel point je tiens à toi, pas vrai ?

Sirius n'avait pas eu l'intention de dire une chose pareille, mais c'était sorti spontanément. Si Remus était surpris, il n'en montra rien. Il ne bougea pas, et garda le silence. Craignant de l'avoir mis dans l'embarras, Sirius se leva et balbutia une ébauche d'excuse :

— Désolé, je ne voulais pas...

Il ne termina pas sa phrase et s'éloigna vers les escaliers. Mais la voix de Remus s'éleva :

— Reste.

Sirius se figea, se tourna vers lui et remarqua que ses yeux s'étaient embués. Sirius savait qu'il était dévasté par la mort soudaine de sa mère, et qu'il souffrait sans doute encore du rejet et de sa solitude. Il savait qu'il se raccrochait à lui peut-être uniquement par dépit. Il ne put toutefois s'empêcher d'espérer. Ses sentiments à son égard avaient pris beaucoup plus d'ampleur qu'il ne l'avait imaginé, bien plus vite qu'il ne l'avait prévu. Peut-être qu'avoir enfin réussi à dire à Marlene qu'il l'aimait avait débloqué quelque chose chez lui. Une aptitude à admettre plus ouvertement ses sentiments.

Les Chroniques des Maraudeurs - Tome 2 : La voie du phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant