Chapitre 29 - Défection

98 12 23
                                    

— Arrête de gigoter, McKinnon, maugréa Maugrey.

Marlene retint un soupir. La patience n'était guère une de ses vertus ces derniers temps, or cela faisait des heures qu'ils attendaient dans le froid.

— Ça fait six mois que je le traque, celui-là, ajouta Maugrey. On le tient enfin. Je ne veux pas gâcher cette opportunité, alors concentre-toi.

Marlene ne trouva rien à répondre. Maugrey avait raison : elle devait compartimentaliser, mettre de côté son irritation constante des dernières semaines et faire attention à ce qu'il se passait en ce moment-même.

Leur cible, un Mangemort ressortissant d'un pays étranger, avait trouvé refuge dans un village reculé du nord de l'Écosse. Le traquer en dehors du Royaume-Uni nécessitait toute une organisation en lien avec la Confédération internationale des sorciers – beaucoup de paperasse dont Maugrey n'était pas friand et qu'il préférait éviter. Ils devaient profiter de sa présence dans le pays pour le capturer. Ou le tuer, si nécessaire. Car peu de temps auparavant, un article avait paru dans La Gazette, dont le titre avait fait grand bruit :

PERMIS DE TUER : LE MINISTÈRE AUTORISE LES AURORS À UTILISER LES SORTILÈGES IMPARDONNABLES CONTRE LES MANGEMORTS.

La communauté des sorciers ne s'était pas attendu à une telle décision de la part de Millicent Bagnold, mais force était de constater que depuis son élection, rien n'avait changé, or la communauté des sorciers commençait à le lui reprocher. Cette mesure coup de poing était une façon de préserver son mandat, même si la raison officielle était de « donner aux Aurors les moyens de se battre à armes égales contre les Mangemorts ». Harold Minchum avait pris une mesure de ce genre pour consolider son mandat en décidant de poster encore plus de Détraqueurs à Azkaban.

Un individu doté d'une barbichette noire drapé dans une cape à fourrure sortit de l'unique pub du village, où il s'était terré pour la soirée. Igor Karkaroff était un grand comparse d'Antonin Dolohov. Leur activité principale consistait à semer la terreur en torturant des Moldus et des opposants au régime de Voldemort. Mais, avec un peu de chance et surtout beaucoup d'adresse, à partir de ce soir, il ne ferait plus de mal à personne. Marlene focalisa toute la rage qu'elle ressentait depuis des jours sur cet homme. Puis Maugrey lança l'assaut.

Ils sortirent de leur cachette et prirent Karkaroff en étau. S'ensuivit un combat acharné mais court à l'issue duquel Karkaroff fut désarmé par Maugrey. Marlene pointa sa baguette sur la tête de Karkaroff qui, paniqué, leva les mains en signe de reddition, à genoux dans la fine couche de neige.

— Je me rends ! Je me rends ! Ne me tuez pas !

— Marlene...

Marlene se demanda un instant pourquoi Maugrey avait utilisé son prénom et employé ce ton précautionneux, comme pour amadouer une créature sauvage, puis elle se rendit compte de l'image qu'elle devait renvoyer : pantelante, sa baguette collée contre le front suintant de sueur de Karkaroff, le meurtre dans les yeux. L'espace d'un instant, elle se demanda si elle ne devrait pas le tuer. Ils en avaient le droit, après tout. Elle en avait été malade lorsqu'elle avait tué cet autre Mangemort par accident, mais elle n'éprouvait plus autant de remords, désormais. Elle pensait à tous ces Moldus et à tous ces sorciers torturés. Ce type avait les mains sales.

— McKinnon !

Cette fois, Marlene sursauta. Maugrey l'avait à nouveau appelée par son nom. Ce rappel à l'ordre fut plus efficace que le premier. À regret, elle baissa sa baguette. Maugrey lui jeta un regard oblique avant de procéder à l'arrestation de Karkaroff.

Elle l'accompagna jusqu'à Azkaban pour emprisonner leur captif, ce qui n'améliora pas son humeur, dégradée encore par la présence des Détraqueurs. Lorsqu'ils retournèrent au bureau pour rédiger leur rapport, Maugrey prit Marlene à part.

Les Chroniques des Maraudeurs - Tome 2 : La voie du phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant