Un loup pour Noël [Seth Clearwater]

Chapitre 1 : Glissade et séduisant inconnu

Dimanche 1er décembre 2013

Fiona

    

— Rose, pas si vite ! s'agaçait Fiona.

— Nous sommes en retard ! rétorqua l'interpelée.

Fiona grommela pour elle-même. Elle maudissait ses petites jambes qui ne parvenaient pas à la maintenir au niveau de son amie et colocataire. Rose ne paraissait quant à elle pas tracassée de savoir son amie à la traîne. Fiona imaginait bien pourquoi : Rose avait hâte d'arriver au restaurant pour rejoindre leur groupe d'amis. Ce n'était pas tant leurs amis que Rose avait hâte de revoir, d'ailleurs. C'était plus particulièrement Pablo sur lequel la blonde avait un très gros crush depuis leur rencontre, quelques mois auparavant.

Rose arpentait donc les rues de Seattle de ses grandes enjambées de gazelle tandis que Fiona courrait à moitié après elle. Fiona le sentait mal, parce qu'il faisait très froid et que le sol lui semblait instable par endroits. Il n'avait pas neigé, mais l'asphalte était verglacé par endroits. Elle avait déjà failli glisser à plusieurs reprises, la vitesse de Rose la poussant à quelques imprudences. Ce qui devait arriver finit donc par arriver...

— AAAAAH ! cria Fiona tandis qu'elle atterrissait lourdement sur son postérieur.

Rose fit volte-face et dut rebrousser chemin de plusieurs mètres pour rejoindre son amie, qui se trouvait actuellement les quatre fers en l'air. Emmitouflée comme Fiona l'était dans un épais manteau, sa tête à moitié cachée sous un bonnet gris, la scène paraissait tout droit sortie d'un film humoristique. Rose lutta un moment contre elle-même pour ne pas éclater de rire, mais son amie gémissait de douleur, ce qui fit primer l'inquiétude sur l'hilarité.

— Tout va bien ? s'enquit alors une voix d'homme.

Rose, qui n'avait toujours pas amorcé un geste pour aider son amie, leva les yeux vers l'inconnu qui s'était arrêté à leur niveau. Toujours au sol, Fiona en fit autant. L'inconnu qui se trouvait là affichait une expression soucieuse. Néanmoins, avant même d'analyser les émotions que trahissaient le visage de l'inconnu, Fiona remarqua la beauté de ce visage. Le jeune homme était manifestement d'origine amérindienne, comme elle même l'était du côté de son père. En dépit d'une bouille d'apparence très jeune, la carrure de l'inconnu empêchait de le qualifier d'adolescent. Il était grand et le pull blanc qu'il portait sous un manteau ouvert ne cachait rien de sa musculature.

Un instant, Fiona cessa de gémir et en oublia jusqu'à sa douleur. Elle se perdit dans les yeux brun foncé de cet inconnu qui était toujours penché au-dessus d'elle, comme en attente de quelque chose. A l'instant même où leurs regards se croisaient, l'expression de l'inconnu changea pourtant du tout au tout : de soucieux, son regard se fit ébahi, estomaqué, avant de redevenir soucieux, une intensité au-dessus.

Rose, qui n'avait pas perdu une miette de cet échange de regard, afficha discrètement un sourire en coin. Et puis, l'état de son amie lui revint en mémoire et elle recommença à s'inquiéter.

— Fiona, tu vas bien ? s'enquit-elle.

La concernée revint à la réalité à la vitesse d'un élastique tendu. Elle rompit le contact visuel avec l'inconnu et se rappela où elle se trouvait : toujours au sol en plein milieu de la rue. Son postérieur était toujours douloureux et la fraicheur humide de l'asphalte commençait à imbiber ses vêtements. Elle frissonna violement.

— Tu as mal ? Tu peux te lever ? s'inquiéta à son tour l'inconnu.

— Je... Je crois que je peux me lever, balbutia Fiona, toujours hypnotisée par la proximité de ce séduisant inconnu.