XIII

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Pdv : Finn

L'estomac noué, je refermai mes doigts sur la poignée. Un frisson d'effroi me parcouru à l'idée que, seulement quelques minutes plus tard, ma relation avec Isaiah pourrait prendre fin. Mais je devais le faire. Je devais trouver le courage de confronter cet homme que j'avais pourtant aimé à la réalité de ses actes. Je devais le revoir et je devais ouvrir la porte de cette prison.

Après encore quelques secondes d'hésitation, j'agis. Le battant s'ouvrit dans un grincement macabre révélant, dans la pénombre, la silhouette d'un homme montant la garde. Je posai un pied incertain dans l'enceinte lorsqu'il m'interpella, m'assommant immédiatement de questions sur mon identité et la raison de la présence.

- Je suis le frère de Thomas Shelby. Répondis-je avec une assurance feinte. C'est lui qui m'envoie.

Il haussa les sourcils avec dédain, ne semblant que peu impressionné par la renommée de mon nom, avant d'inscrire ces informations dans le registre posé à ses côtés.

- Qu'est-ce que vous voulez ? Maugréa-t-il.

- Je viens pour parler à Isaiah Jesus. C'est une urgence. Ajoutai-je après un instant dans l'espoir que cela constitue une justification suffisante à ma visite intempestive.

L'homme soupira longuement, sans aucun doute ennuyé par ma demande qui venait le déranger, l'obligeant à travailler. Il se leva lentement avant de m'ordonner de le suivre dans la salle adjacente. Là, il me fit retirer ma veste, vérifiant d'un regard que je ne possédais aucune arme avant de m'indiquer d'un geste las un long couloir sombre.

- Vous expliquerez votre requête à mon collègue du bureau du fond.

Je le remerciai du bout des lèvres et, d'un pas méfiant, suivis la direction donnée. Le passage était étroit, miteux et sale, et les murs y étaient recouvert d'une crasse noire et grasse dont la simple vue me donnait des haut-le-cœur. Je pressai le pas, impatient de quitter cette zone du bâtiment et débouchai bientôt sur le bureau tant recherché. Des fenêtres dont l'utilité m'échappait me permettaient de deviner la silhouette d'un homme penché sur une table.

Rapidement, je toquai à la porte et il m'ordonna d'une voix ferme et forte d'ouvrir. Je poussai le battant et pénétrai dans la petite salle. Deux lampes à bougies éclairaient faiblement l'espace et, au mur, des dizaines de clefs étaient pendues. Mon cœur se mit à battre un peu plus fort dans ma poitrine à la pensée que l'une d'entre elles devait sans aucun doute ouvrir la cellule dans laquelle Isaiah était enfermé.

- Qui souhaitez-vous voir ? Demanda-t-il sans la moindre salutation.

- Isaiah Jesus.

L'homme ouvrit le registre posé à sa gauche et en feuilleta rapidement les dernières pages avant de prononcer un « ah » victorieux et d'ouvrir le second ouvrage présent à sa droite. Enfin, retirant les lunettes posées sur le bout de son nez, il releva le regard vers moi, déclarant dans une grimace compatissante :

- Ça va pas être possible aujourd'hui monsieur, on est en train de l'interroger.

C'était pourtant évident. C'était évident qu'ils ne se contenteraient pas simplement de l'enfermer ! C'était évident qu'ils cherchaient à le faire parler, à accuser d'autres hommes, à sauver sa vie en condamnant les autres.

- Je m'en fous. Je veux le voir.

Mon interlocuteur haussa les épaules d'un air détaché avant de se lever dans un soupir et de m'ordonner de le suivre. Il me fit à nouveau emprunter une multitude de couloirs, longer des dizaines de porte et traverser la moitié du bâtiment avant d'enfin me guider dans une petite pièce dépouillée de tout apparat. Seuls quelques meubles à tiroirs étaient poussés contre les murs et je jetai un regard rempli d'incompréhension à celui qui m'avait emmené jusque dans ce lieu. D'un rapide mouvement de tête, il m'indiqua de regarder sur ma droite.

FisaiahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant