Fisaiah

VII

P.d.v: Finn

C'était finit. Tout était finit. Un an à se cacher pour pouvoir continuer à être ensemble, un an à mentir, un an de peur, mais un an d'amour, un an de joie et un an de bonheur. Et tout était finit. Le meilleur comme le pire, le beau comme le mauvais, tout avait disparu en un instant.

Je n'avais quitté mon appartement depuis une dizaine jours. Incapable de sortir, je laissais la peur me ronger et mon esprit ressasser sans fin les mêmes préoccupations. Allongé sur mon lit, je pensais à lui, je pensais à nous. Les souvenirs heureux des moments passés à ses côtés que je tentais de rappeler à ma mémoire étaient sans cesse entrecoupés par l'image de son père entrant brusquement dans la pièce et celle de mon Isaiah m'implorant presque de partir pour m'empêcher d'être témoin de ce qui l'attendait. Je n'avais eu aucune nouvelle de lui depuis cet instant et la crainte qu'il puisse être plus blessé que je n'osais l'imaginer commençait à m'habiter. J'avais conscience que, bien qu'il ne l'admettrai jamais, Jeremiah avait toujours été violent envers son fils mais je ne savais jusqu'où il serait capable d'aller sous l'impulsion de la colère créée par la révélation de l'homosexualité de celui qu'il avait lui-même élevé.

Toutes mes pensées ne cessaient de se mélanger, s'entremêlant et en entrainant d'autres, amenant en moi-même de nouvelles peurs et angoisses. Je décidais de me lever et, passant devant le miroir de ma chambre, ne pus réprimer un élan de surprise en apercevant mon propre reflet. Les cheveux désordonnés, la peau pâle et ternie de ne pas avoir réellement dormis depuis trop longtemps et le regard vide : je faisais peine à voir. Le tourment était visible sur mon visage aux traits devenus plus rugueux qu'à l'ordinaire, aux joues creusées et aux lèvres ayant perdues tout leurs éclats. La peur de ne pas être suffisant pour Isaiah qui avait pour habitude de m'occuper avait été, depuis ce cruel incident, supplanté par celle de ne plus être autorisé à être sien. J'avais besoin d'aide.

Pris dans un soudain élan de volonté, j'attrapai les premiers vêtements que je trouvais et partis rejoindre la seule de ma famille qui pourrait peut-être comprendre la situation. En seulement quelques minutes, j'arrivai aux bureaux des Peaky Blinders, lieu où j'étais certain de l'y retrouver. Et, en effet, à l'instant où je pénétrais dans l'entrée, ma sœur Ada m'accueillis, un grand sourire sur les lèvres qui ne tarda malheureusement pas à disparaitre devant la tristesse et la fatigue de mon regard. Je tombais dans ses bras, me laissant aller à pleurer à chaudes larmes, parvenant enfin à extérioriser tout ce que j'avais ressentis durant les longues journées qui venaient de s'écouler.

Lorsque je fus calmé et eu repris mon souffle, Ada me guida dans une pièce à part, me permettant de lui parler librement et sans la crainte d'être entendu par quelques oreilles indiscrètes. Je savais que le moment de lui avouer la vérité sur ma relation avec Isaiah était inévitablement arrivé mais je ne savais comment aborder le sujet.

- Quelque chose est arrivé... Finis-je par murmurer, la voix troublée par les émotions.

J'avais beau savoir que ma sœur n'était pas, à l'opposé du restant de ma famille, contre l'homosexualité, je ne pouvais imaginer ce qu'il adviendrait de ses convictions lorsqu'elle comprendrait que son propre frère était concerné. Mais, sentant son regard remplis de bienveillance posé sur moi alors que je fixais le sol, je fus pris d'une poussée de courage et déclarai sans même avoir eu le temps de le réaliser :

- J'aime Isaiah mais son père a tout découvert.

Ma sœur resta interdite de longs instants et, alors que je commençais à regretter mes paroles, elle souffla :

- Bon... Raconte moi ce qu'il s'est passé.

Respirant soudainement à nouveau, je lui racontais tout depuis le début ; de ce jour de pluie dans mon appartement à l'irruption de son père dans sa chambre et la fin de mes rêves. Ada m'écoutais attentivement, une expression que je ne parvenais à déchiffrer sur le visage. Lorsque j'eu finis mon récit, elle hocha simplement la tête, pensive.