Fisaiah

XV

Pdv : Finn

La porte claqua derrière moi et Isaiah grommela dans son sommeil, se retournant pour tourner le dos à l'origine de ce bruit venu l'importuner. Bien que laissant s'échapper un léger rire, je ne pus lutter contre la stupeur qui m'envahit à la vue de mon amant recroquevillé sur un vieux matelas miteux posé à même le sol. La pièce était froide, les murs de pierres et la porte de fer, si bien que l'austérité pesante de la pièce me causa un frisson que je ne sus réprimer. Luttant contre le choc et l'horreur causés par la scène qui s'offrait à mes yeux, je vins m'asseoir aux côtés de mon amant, prenant grand soin de ne pas le réveiller.

Je restais quelques instants immobile, incapable de faire autre chose que simplement le regarder dormir avant de déposer ma main sur sa joue. Les traits de son visages jusqu'alors tendus et contractés se détendirent soudainement et je me surpris à sourire de soulagement. Ils n'étaient pas parvenus à me prendre mon Isaiah. Malgré toutes leurs tentatives de le briser et le torturer jusqu'à qu'il n'ait plus une seule once de celui qu'il avait été, ils avaient échoué. Sa douceur, sa joie et son amour étaient encore là. Malgré les coups, malgré les insultes, Isaiah avait résisté.

Je chassai d'un revers de la main la larme de bonheur qui menaçait de m'échapper et caressai lentement ce visage que j'adorais. Après de longs instants et sans crier gare, mon bras fut empoigné par une main ferme et Isaiah se redressa d'un coup d'un seul. Il me scruta le temps de quelques secondes avant de finalement desserrer la prise de ses doigts autour de mon poignet et de pousser un soupir de soulagement accompagné par ce sourire que je connaissais si bien mais dont je savais que jamais je ne me lasserai.

Murmurant mon prénom d'une voix qui me fit frissonner, mon amant déposa sa main contre ma joue, me laissant l'embrasser dans une douceur témoignant de la joie que j'éprouvais face à nos retrouvailles. Délaissant ses lèvres, je glissai mon visage dans le creux de son cou, m'imprégnant à nouveau de toutes ces sensations que l'on avait voulues me voler et m'interdire à jamais. Je sentis les bras d'Isaiah entourer mes hanches et m'attirer encore en peu plus vers lui. J'aurai voulu que ce moment soit infini, que rien, jamais, ne vienne le troubler. La chaleur de nos corps réunis et la pureté de nos sentiments l'un pour l'autre semblaient comme en désaccord avec la prison froide et austère qui nous entourait mais rien ne semblait capable d'interrompre cet instant.

Isaiah aventurait ses doigts dans mes cheveux, les désordonnant et les tirant avec une douceur qui n'eut pour seule conséquence que de me faire sourire de plus belle.

- Mon Dieu, que ça m'avait manqué ! Soufflai-je alors qu'Isaiah m'embrassait à nouveau avec une passion me prouvant qu'il partageait bien mon sentiment.

Quelques minutes s'écoulèrent sans qu'un mot ne soit prononcé ou qu'un regard ne soit détourné. Les mains de mon amant se glissant le long de mon dos me faisaient frissonner et ses yeux dont je ne parvenais à me détacher ne faisait qu'amplifier mon trouble et la chaleur qui consumait mon bas-ventre. Tout mon corps était brulant du désir de retrouver celui de l'homme que j'aimais mais j'étais incapable d'agir en conséquence.

Il y avait une ombre au tableau.

Fermant les yeux quelques instants pour dissimuler la tristesse qui avait envahi son regard, Isaiah soupira lorsqu'il réalisa ce sur quoi mon attention se portait. Il enveloppa mes doigts des siens, m'empêchant de toucher plus longtemps la plaie récemment cicatrisée qui entravait sa joue.

- Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?

J'étais incapable de savoir ce que je ressentais, perdu dans une vague d'émotions qui se mélangeaient et se confondaient sans cesse. J'étais à la fois dans une colère noire face aux injustices de ce que nous étions contraint à vivre pour la simple raison d'avoir voulu être nous-mêmes et plongé dans la tristesse infinie de voir celui que j'aimais blessé. Bien qu'heureux de le revoir en vie, j'étais terrorisé face à un avenir incertain qui pourrait se révéler destructeur si ce n'était meurtrier...