Pdv : Isaiah
La pendule du salon sonnait six heures, les usines commençaient lentement à se vider de leurs ouvriers et mon amant était allongé contre moi. Il souriait tandis que ma main venait déranger ses cheveux d'ordinaire si ordonnés qui retombaient en mèches brunes le long de mes doigts.
- Tu ne croiras jamais à quel point l'auteur est un génie à la fin du livre que je viens de finir !
Je riais tendrement tandis qu'il se lançait avec ferveur dans l'une de ses explications qui, venant d'un autre, m'aurait plongé dans un ennui mortel mais qui, exposée par la voix emplie d'excitation de celui que j'aimais, était pour moi la plus belle des musiques.
Je l'écoutais parler avec cet entrain peu commun pour les hommes de notre âge qui préféraient sans doute s'adonner à des démonstrations de violence dans le seul objectif d'affirmer leur masculinité aux yeux de tous. Les paroles de Finn m'enveloppaient, tournoyant dans la pièce avec agilité, avant de retomber, laissant derrière elles une trace de leur gaité enfantine et de céder la place à de nouvelles, venant à leur tour réchauffer mon cœur et mes joues qui ne cessaient de tiédir au contact de cet homme.
- Tu m'écoutes toujours ? M'interpellait Finn après quelques minutes.
- Bien sûr ! Je suis juste occupé à réfléchir à combien je t'aime et déconcentré par ta beauté qui-
Mon amant m'interrompait, m'ordonnant, riant, de me taire, et posant ses lèvres sur les miennes dans une tentative de me faire obéir. Je le laissais se pencher, glissant son corps au plus près du mien, lui rendant son baiser et souriant de plus belle. Finn était assis contre moi, mes bras enserraient ses hanches, j'étais heureux.
Et mon père entra dans la pièce.
Je me réveillais en sursaut, emprunt à un nouveau cauchemar. Depuis mon arrivée dans cette prison je n'étais parvenu à dormir, mon esprit me forçant chaque nuit à revivre en rêve ces instants que je tentais d'oublier.
Je me redressais, m'asseyant sur le matelas posé à même le sol dans la petite cellule froide qui m'avait été attribuée et, laissant tomber ma tête au creux de mes mains, tentai du mieux qu'il me le fut possible de ralentir les battements effrénés de mon cœur. Ce n'était que le début de mon quatrième jour d'enfermement et, déjà, je sentais ma raison s'effondrer. Les heures s'écoulaient plus lentement que jamais et je ne pouvais rien faire de plus qu'attendre infiniment que quelqu'un vienne m'aider. Je ne savais si Thomas considérerait utile de venir me chercher moi, son petit homme de main, pour me sortir de ce trou dans lequel on m'avait envoyé. Le temps semblait infinis. J'avais tenté de me divertir par le sport mais mes forces commençaient désormais à quitter mon corps tant le manque cruel de nourriture se faisait ressentir.
Le temps me paraissait comme ralenti alors que les souvenirs de ma vie d'avant emplissaient ma mémoire. Les bons comme les mauvais, les instants que j'avais vécus dans l'inconscience de l'avenir me submergeaient. Dans mon esprit embrumé par la faiblesse de mon corps, semblait se rejouer les scènes de mon passé. Tout revenait : Tommy criant, mon père frappant, Finn rougissant ; Tommy souriant, mon père riant, Finn pleurant.
Je me recroquevillai dans une tentative de réchauffer mon corps et, alors que je me sentais enfin glisser dans le sommeil, je fus brutalement ramené à la réalité par le bruit des clés ouvrant ma cellule et par des mains m'agrippant pour me relever. Je n'opposais aucune résistance et les laissai me conduire dans une pièce sombre isolée au fond d'un couloir. Seules une table et deux chaises meublaient le lieu faiblement éclairé par une simple lampe à pétrole.
Les poignets menottés mais l'esprit aux aguets, je m'assis sans cesser de jeter de rapides coups d'œils autour de moi, redoutant la raison de ma présence dans une salle de la sorte. Plusieurs minutes s'écoulèrent avant qu'un homme ne passe à son tour la porte. Ses cheveux grisonnant parfaitement tirés vers l'arrière témoignaient d'un sérieux que sa chemise froissée contredisait. Il me détailla d'un regard avant de reporter son attention au dossier qu'il tenait serré entre ses longs doigts et de s'installer en face de moi.
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Fisaiah
FanfictionFinn et Isaiah sont meilleurs amis. Ou peut-être sont-ils plus que cela. À vrai dire ils n'en sont pas bien sûrs eux-mêmes. Sans compter que ce monde dans lequel ils évoluent depuis toujours est loin de les aider. Mais bien que l'avenir puisse faire...