XI

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Pdv : Finn

Londres. Ville rêvée. Terre de toutes les envies et de tous les espoirs. Capital où le rêve devenait réalité. Les rues animées et les pubs dansants du territoire en faisait rêver plus d'un. Combien de fous avaient fui leur campagne natale pour rejoindre ce lieu où leurs démesurés projets pourraient voir le jour ! Enfants, nous avions tous espéré nous y installer une fois plus grand. Moi le premier. Mais, lorsque je posai enfin pour la première fois un pied sur les terres londoniennes, seul le cauchemar m'habitait. La lumière réputée pour inonder la ville à toute heure de la journée me paraissait fade et terne et les rires qui s'envolaient semblaient tous emplis d'une hypocrisie à peine dissimulée.

Rien ne parvenait à me tirer de l'état second dans lequel l'arrestation d'Isaiah m'avait plongée. Rien ne semblait suffisamment puissant pour qu'une expression ne se dessine sur mon visage. Je ne pleurais pas, ne riais pas, ne criais pas. Je me sentais vide de tout sentiment, incapable de ressentir les plus simples émotions. Je n'étais parvenu à dormir la nuit précédente, les derniers souvenirs que j'avais de mon amant se rejouant sans cesse devant mes paupières closes et mon cœur tambourinant dans ma poitrine.

Jeremiah était venu me chercher à la gare lors de mon arrivée. Je savais que, en le voyant, j'aurais dû ressentir un élan de haine sans pareil ou au contraire une immense tristesse face à celui qui avait détruit la vie de son propre fils sans même cligner des yeux. Mais il n'en fut rien. Nous restâmes tous deux immobiles et silencieux avant qu'il ne me conduise vers une bâtisse dans laquelle nous devions retrouver mon frère. Jeremiah me poussa d'une main ferme à l'intérieur avant de m'indiquer une chaise d'un mouvement de tête. Je m'assis en silence, posant un regard interrogateur sur lui. Le père de mon amant s'installa face à moi.

- J'ai quelque chose à te proposer. Commença-t-il, brisant ainsi le silence.

Je ne réagis pas, attendant simplement qu'il poursuive.

- J'ai tout essayé auprès d'Isaiah mais aucune menace ne semble le décider à m'obéir. Alors, voilà ce qu'on va faire : vous allez arrêter votre petit manège tous les deux ou je peux t'assurer que ton frère sera rapidement mis au courant.

- Je- Je ne comprends pas. Bégayai-je.

Il avait déjà détruit ma relation avec son fils, que voulait-il de plus ?!

- Ha vraiment ? Tu ne comprends pas ?

À l'ironie de sa voix, je sentis un mauvais pressentiment s'insinuer en moi quant à sa proposition qui, pour le moment, me paraissait plus tenir de l'obligation.

- Tu penses sincèrement que je vais te laisser pervertir mon fils plus longtemps ? Que je ne m'en veux pas déjà suffisamment de ne m'être douté de rien et de l'avoir laissé être à ton contact ? Donc écoute-moi bien, quand on rentrera à Birmingham, je ne veux plus jamais te savoir en contact avec lui, c'est clair ?

- Je n'ai rien fait à votre fils ! S'il aime les hommes, ce n'est ni sa faute, ni la mienne !

- C'est ce qu'il raconte aussi, ta manipulation a bien fonctionné sur lui visiblement. Mais ne te méprend pas, j'ai essayé de comprendre et de respecter son choix ! Mais je n'en suis plus capable depuis que j'ai réalisé que si tu n'avais pas été là pour lui faire croire je ne sais quelles inepties à propos de lui-même, il serait toujours ma fierté à l'heure qu'il est et serait peut-être même marié avec une femme, comme il se doit ! Sans toi, mon fils serait normal !

Je n'eus le temps de répondre que la porte s'ouvrit, laissant apparaitre mon frère, mais malgré son arrivée je sentais toujours le regard de Jeremiah me dévisager avec insistance et menace. Je ne comprenais plus rien aux intentions de cet homme ! Il avait déjà obtenu ce qu'il souhaitait ! En envoyant Isaiah en prison il avait l'assurance que nous ne nous révérions plus ! Alors pourquoi me menacer à présent ?

FisaiahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant