Fisaiah

IV

P.d.v : Isaiah

Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis le jour que je considérais comme le plus beau de ma vie et l'amour que j'avais pour Finn n'avait cessé d'augmenter, grandissant un peu plus à chaque instant passé à ses côtés. J'avais, au fil de ces moments, découvert une partie inavouée de celui que je pensais connaitre mieux de quiconque. J'avais appris où l'embrasser pour le faire soupirer et où le mordiller pour le faire gémir. Refusant de le forcer, j'avais accepté, difficilement il fallait l'avouer, les limites qu'il m'imposait. J'aurais tant voulu poser mes lèvres sur son torse et sentir ma peau nue contre la sienne mais tout cela était impossible pour le moment. Finn avait mis de longues années avant d'accepter ses attirances et je savais qu'il mettrait certainement encore du temps avant de franchir le pas et de s'abandonner au désir physique. Mais, le jour où il aurait envie et me laisserai aller plus loin, je répondrai présent.

Un léger sourire flottait sur mes lèvres alors que j'imaginai mon amant, allongé à mes côtés, les cheveux en bataille et les yeux pétillant d'excitation. Ma respiration commençait à s'accélérer à ces pensées lorsque je me relevai en sursaut, dérangé par la brutale entrée de mon père dans ma chambre. Je m'assis sur mon lit, croisant son regard plein de rage.

- Je peux savoir où tu étais ? Commença-t-il, Thomas t'a cherché toute la matinée.

Tous ses efforts pour paraitre calme n'étaient pas suffisants pour masquer toute la rancœur et la déception que je lui inspirais. Il me l'avait suffisamment répété pour que je m'en souvienne : je n'étais qu'un désappointement pour lui.

- Nulle part. Répondis-je en faisant de mon mieux pour ne pas soupirer devant sa question dépourvue de tout intérêt, Je ne suis pas sorti d'ici.

Mon père avança d'un pas, me toisant un instant de sa hauteur avant de se lancer dans une de ses leçons de morale qu'il aimait tant me faire.

- Finn nous a dit que tu étais supposé être chez lui mais qu'il ne t'a pas vu depuis plusieurs jours. Tu as menti pour manquer à tes obligations. Qu'est-ce que j'ai raté pour avoir un incapable comme toi en guise de fils ?

Je n'avais pas menti. J'avais fui. Mais non pas Tommy ou mes obligations en tant que membre de Peaky Blinders, non, j'avais fui celui dont je rêvais jours et nuits. J'avais fui Finn. Trois semaine auparavant, alors que je rentrais après une soirée passée à ses côtés, mon père m'avait fait des réflexions sur le temps que je passais chez mon ami et j'avais eu peur. Peur pour mon amant aussi bien que pour moi, peur que notre relation soit découverte, peur des réprimandes. Alors, pour faire taire les soupçons, j'avais manqué à ma promesse d'aller le voir chaque jour et l'avais évité durant tout ce temps.

Des larmes de regrets commençaient à me monter aux yeux lorsque je repris conscience de la présence de mon père en face de moi. Il s'était arrêté de parler mais ne m'avait quitté du regard. Sans que je ne sache pourquoi, je sentis la paume de sa main s'abattre sur ma joue et il quitta la pièce, murmurant que je n'étais qu'un incapable et qu'il avait honte de moi. Je ne relevai ni ses paroles ni son geste, l'habitude prenant le dessus et me rallongeai. Mais, alors que je fermai les yeux, le vide causé par l'absence de mon amant sembla s'agrandir et je me relevai d'un bond. Courant aussi vite que possible, je passais au travers des remarques de mon père, ne pensant qu'à revoir le garçon que j'aimais et qui me manquait atrocement.

Lorsque j'arrivai dans la cour de l'immeuble dans lequel Finn habitait depuis presque une année, je ralentis ma course et gravis les marches qui me séparaient de lui tout en reprenant mon souffle. Je me campais devant la porte du petit appartement, l'estomac noué par l'appréhension de la réaction de mon ami après que je l'eûs laissé trois semaines sans nouvelle. Enfin, après quelques instants d'hésitation, je pris une grande inspiration, frappai lentement contre le bois et attendis. Le temps semblait ralenti tant j'étais angoissé à l'idée d'avoir gâcher et détruit la relation que je chérissais tant avec le garçon qui devait à cet instant précis se tenir derrière la porte.