Fisaiah

VI

P.d.v : Isaiah

La musique aux paroles légères s'élevait dans la grande salle couvrant la voix de Thomas qui m'ordonnait d'avancer plus vite tandis que je tentais tant bien que mal de me frayer un chemin dans la masse de corps agglutinés qui se mouvaient sur la piste de danse de la salle de réception Londonienne. J'essayais en vain de jouer des coudes pour traverser au plus vite, mais aucun des invités de la soirée ne semblait décidé à me laisser le passage. Lorsque je sentis la main de mon patron appuyer fermement contre mon dos, je pris une grande inspiration et, serrant les poings, entrepris une énième fois de pousser ceux qui me barraient encore la route.

Je finis par arriver de l'autre côté de la foule et, m'asseyant au bar, pus enfin me tenir à l'écart de tous. Mais, rapidement, trop à mon goût, celui que je devais considérer comme mon chef me rejoins.

- Attends-moi là. Murmura Thomas dans mon oreille d'un ton qui me donnait l'envie presque irrépressible de caresser sa joue de la paume de ma main avec une douceur toute relative...

Mais je ne pus, comme d'ordinaire, rien faire de plus qu'acquiescer en silence et obéir à ses ordres. Il s'éloigna sans un mot et rejoins un homme que je devinais être son futur associé. Un mois auparavant, Tom était venu me chercher au milieu de la nuit pour m'emmener à Londres, me laissant à peine le temps de faire mes valises et de prévenir Finn. Ce soir-là, mon patron devait rencontrer l'homme dont il ne cessait de me parler depuis notre départ et j'espérai de tout mon cœur que, cela fait, nous rentrerions à Birmingham dans la semaine.

Je buvais lentement un verre de wiskey, accoudé au bar, laissant mes pensées divaguer lorsque, sortant de la foule massée au centre de la pièce et avançant dans ma direction, une jeune femme s'approcha. Ses longs cheveux noirs étaient relevés dans une coiffure des plus compliquées et une parure de diamant scintillait autour de son cou. Elle faisait sans aucun doute partie de la haute société, tout comme l'ensemble des invités de la réception, et je me sentis soudainement à nu lorsqu'elle posa sur moi son grand regard parfaitement maquillé.

- Bonsoir... Murmura-t-elle, collant presque ses lèvres contre mon oreille.

Je reculais d'un pas, dans l'espoir de lui faire comprendre que je ne serai réceptif à ses avances, affichant un sourire embarrassé, de peur tout de même de la blesser. Mais, contrairement à ce que je désirais, elle s'avança à son tour :

- Vous me fuyez ?

Je ne savais que faire, que dire ou que penser face à la situation dans laquelle je me trouvais et balbutiais quelques mots maladroits avant de simplement admettre d'une faible voix :

- J'ai déjà quelqu'un.

La jeune femme eu alors un grand éclat de rire sonore et cristallin et je n'eus d'autre choix que de la rejoindre dans son hilarité, quoique toujours dans l'incompréhension.

Soudainement, je sentis une main se refermer sur mon épaule et, face à moi, mon interlocutrice retrouva soudainement son sérieux.

- Bonsoir Monsieur... Résonna une forte voix grave.

Un élan de peur me parcouru et je me retournai lentement pour faire face à un homme qui me toisait d'un regard dur et dédaigneux. Je reculai d'un pas, quelques peu impressionné et bégayant ce qui se voulait être une réponse. Mais déjà, il avait détourné son regard et ne semblait plus avoir conscience de ma présence. Il s'était approché vers la jeune femme et je compris rapidement qu'il ne s'agissait de personne d'autre que son père. Je ne pouvais à présent apercevoir le visage de ce dernier mais j'entendais au son de sa voix qu'il souriait :

- Je t'avais dit de te chercher un mari ce soir pas un esclave !

Puis un rire gras franchit ses lèvres et il sembla longuement dans l'impossibilité de l'arrêter. Je restai quelques instants immobile, ayant du mal à réaliser ce qui venait d'être dit. Mais, lorsque je croisais le regard embrassé de sa fille, la réalité des propos de l'homme me frappa et une incontrôlable colère m'envahit.