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2013, désert d'Azmar, point de vue de Safia, 8 ans.

"Le ras de marée cheikh Malik continue de déferler sur les dunes de sable d'Azmar" indique le gros titre du journal que me montre Aïcha.

Le lendemain de l'attaque du palais, Malik est venu me récupérer. Il m'a confié aux bons soins d'Aicha, la gouvernante du palais, tandis qu'il poursuivait la guerre qu'il venait d'entamer.
Le temps de me montrer ma chambre et de me rassurer, Malik partit immédiatement après en guerre. Il fallait purger la nation des comploteurs et des trafiquants d'êtres humains, qui osaient même s'en prendre à des enfants. Particulièrement Jaffar, leur chef.
C'était le lendemain que j'avais commence à collectionner les articles de presse. Sur la première page du journal du matin il y avait une grande photo de moi, blottie dans les bras de Malik qui rentrais au palais sur le dos d'un magnifique étalon noir. On ne distinguait pas bien mes traits mais je savais que c'était moi. Malik etait vraiment très beau avec son regard brun doré sévère, la ligne courbe de ses sourcils noirs et son nez droit, jaillissant du keffieh noir qui allait devenir son uniforme, comme la tenue de cavalier de la même couleur, te due sur son corps athlétique. On y racontait que le jeune prince avait participé au sauvetage d'une enfant destinée à être exploitée, lors de sa captivité. Les jours qui avaient suivis, des articles quotidiens paraissaient, montrant Malik a dos de cheval parcourant le désert, allant à la rencontre des peuples nomades, libérant des camps d'esclaves, signant des partenariats avec ses voisins, accueillant ses cousins sur le territoire. La presse avait presqu'immediatement basculé dans son camps après le putch. Surtout après que mon témoignage ait été rendu public. j'avais pris l'habitude de récupèrer le journal, découper les photos et articles et les coller dans un petit cahier qu'on m'avait donné.

Les journées passaient doucement. Pour la première fois de ma vie, je mangeais à ma faim, on me baignait quotidiennement, on me donnait des leçons sur tout et tout m'intéressait. Aicha m'emmenait avec elle quand elle dirigeait la cuisine, on me régalait de biscuits, on me peignait les cheveux, on m'emmenait couper les roses de la magnifique roseraie et on me donnait de jolis vêtements. Je découvrais une vie de rêve. Le seul bemol etait l'absence de Malik et mon inquiétude de le savoir parti. J'ai pris goût à cette nouvelle vie étrange depuis six mois.

J'avais lu l'article en long en large et en travers. Tout le pays est désormais sous contrôle. La plupart des membres de l'organisation de Jaffar ont été appréhendés et exécutés. Si ils s'étaient arrêtés à leur tentative de putsch, ils auraient écopé d'une peine de prison à vie mais le trafic d'enfants a créé l'effroi dans l'opinion publique.

"- cheikh Malik! Dépêchez-vous, le cheikh rentre au palais !"
Les serviteurs avaient rejoint l'entree de la demeure au pas de course, et moi j'avais sauté au bas de la chaise. J'étais arrivée au bas des escaliers pour trouver tout le personnel aligné au cordeau au seuil de la demeure et je m'étais approchée timidement, jusqu'à l'apercevoir sautant au bas de son cheval.
"- Rafiq !" Le cri s'était échappé de ma petite gorge d'enfant et j'avais devalé les marchés jusqu'à me jeter dans ses bras sous les applaudissements des serviteurs réunis.

Série: L'otage. Tome 2. la sauveuse du CheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant