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Palais d'Azmar.

L'homme à la tête du groupe passa sa jambe par dessus l'encolure du cheval et sauta à bas de sa monture, un magnifique étalon noir au pelage brillant de santé et de sueur.

Un écuyer se précipita pour attraper la longe du cheval et l'emmener se faire bichonner, tandis qu'un domestique approchait du cheikh pour récupérer son keffieh et son burnous. Je le perdis de vue un instant tandis qu'il rentrait à l'intérieur.

Je me précipitais hors de ma chambre pour aller à sa rencontre. Je remontais le couloir pour arriver au sommet de l'escalier magistral qui desservait le hall et les différentes ailes du palais. Malik me parut aussi puissant que toujours, marchant d'un pas décidé, quoi qu'il ait l'air las. Il avait sa tête des mauvais jours et il était couvert de poussière. Il me salua d'un hochement de tête bref.
"- kinziun." Son regard s'arrêta un instant sur moi mais il continua sa route, aussi, alors qu'il passait à ma hauteur, je tendis la main pour saisir son poignet. Ce contact m'electrisa.
"- Malik, j'aimerai que nous ayons une discussion a propos de ... La chambre..."
"- la chambre ? Et bien ma chère, fais à ta guise si quelque chose ne te convient pas. Tu veux en la redécorer? Agrandir le dressing? A moins que... tu veuilles en changer...? Nous en reparlerons au dîner, j'ai besoin d'une bonne douche et de me reposer un peu"

Il me laissa plantée au milieu du couloir, pour se diriger vers notre appartement.

Je restais perplexe au milieu du couloir. Comptait-il vérifier l'avancement des travaux? Allait-il séjourner là bas et me laisser dans l'autre? Je rentrais dans ma chambre et en fis le tour plusieurs fois, jouant avec mes cheveux ou rongeant l'ongle de mon index... avant de me décider  à aller voir cette fameuse chambre par moi-meme. Je fermais soigneusement la porte de ma chambre et saisissant les pans de ma robe de soie grège, je quittais le couloir de l'aile des invités pour rejoindre le couloir de la royauté.

J'avançais à grands pas vers la chambre et ouvris la porte a la volée sans y réfléchir, mais la scène qui s'offrit à mes yeux me cloua sur place. J'étais glacée. Bouche bée. Complètement tétanisée. Incapable de réagir. Seulement capable de voir et d'enregistrer chaque menu détail.

Pour la première fois de ma vie, je vis le cheikh entièrement nu, les muscles de ses épaules jouant nerveusement,son torse glabre taillé en V, la fine toison virile surmontant sa virilité nue et ses deux cuisses puissantes, assurant sa position. Une serviette etait tombée à ses pieds, et il se tenait ainsi, glorieusement dressé face à une Zahia agenouillée à ses pieds, presque nue, seulement couverte d'un savant maquillage et d'une parure de lingerie fine, composée d'empiècements de soie et de dentelle dans les tons rose pale et noir. Il l' empoignait par les cheveux et elle, dressee sur ses avants bras,  avait entrouvert les lèvres, comme pour l'accueillir.

Ma bouche s'ouvrit et se ferma plusieurs fois. Tandis que les protagonistes de cette scène malheureuse semblaient figés aux aussi.
Malik sembla sortir de sa torpeur le premier.
"- kinziun, ce n'est pas..."
"- ce que je crois Malik? Je ne crois rien. Je vois. Je constate. Et ça me suffit comme explication..."  Comme brûlée vive à cet instant, mon corps ne put en supporter d'avantage.
Je claquais la porte derrière moi et courus à ma chambre. Je ramassais quelques affaires, oh pas grand chose. Mes papiers. Une bouteille d'eau entamée. Un foulard en soie bleu. Une petite boîte que j'emmenais partout avec moi et je descendis au garage.

Je sautais dans une jeep militaire et   foncais vers les grilles de service du palais. Un camion de livraison était en train de manoeuvrer et j'en profitais immédiatement.
Dans une manoeuvre desesperee, je me glissais entre le camion et la grille, les militaires me firent signe d'arrêter et l'un braqua son fusil vers moi, l'arma et allait faire feu quand un second hurla en se jetant sur lui:
"- c'est Amira Safia!" Les deux hommes tombèrent mollement sur le l'herbe qui entourait la route tandis que je forçais le passage, griffant la voiture contre la grille.

J'étais libre.
J'étais hors du palais.
Je n'avais pas de plan.
Je n'avais qu'une seule option.
Retrouver yas.

Série: L'otage. Tome 2. la sauveuse du CheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant