Série: L'otage. Tome 2. la sauveuse du Cheikh

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Palais d'Azmar, petit matin de mars 2022. Point de vue de Safia.

Malik se tourna un instant, dessinant son profil altier dans la lumière de l'après midi, arborant un air mystérieux.
"- Safia, comment pourrais tu avoir épousé cet homme alors que tu es déjà mon épouse?"

"- Malik..." Son prénom m'était venu spontanément, comme autrefois.
"- ma décision est prise."
"- mais... Je... C'est impossible"
"- Je ne pourrais pas contester ton mariage. Mais on ne pourra contester le mien. Je t'ai épousé la veille de ton supposé mariage, voilà la version officielle"
"- c est impossible, j'étais retenue dans la cave de mon oncle et il..." Je m'arrêtais avant d en dire plus. Oh il savait bien ce qui s'était passé, mais je n'avais pas le courage de mettre des mots là dessus.
"- Ton oncle n'osera pas me contredire, car il t'a séquestrée et il se mettrait dans une position difficile... L'imam préférera enterrer cette histoire que de déclarer publiquement qu'il a marié, contre son gré, la propre épouse du cheikh..." Ce raisonnement était vrai, mais je savais ce que ça impliquait pour lui. Deux grosses larmes s'écoulent sur mes joues. Je ne peux pas accepter un pareil sacrifice.

"- Malik... Cheikh Malik... Je ne peux..."
"- tu voulais une solution, il n'y en a pas d'autres. Préfères-tu être officiellement mon épouse depuis quelques jours ou réellement l'épouse d'un vieillard depuis quelques heures?"
"- Cheikh Malik...que pensera ton peuple? Tu ne peux pas épouser quelqu'un comme moi, il te faut... Il te faut une princesse, une femme noble, établie, une personne à la fois belle et infiniment sage... Une simple fille, une orpheline sans fortune, sans éducation et sans grâce... voilà ce que je suis, une moins que rien !! Mon âge fera jaser également, et qu'est-ce qu'on dira de toi?"
"- j'en fais mon affaire" me coupa-t-il l'air résolu "je te dois plus qu'une vie"
"- rien! Tu n'as jamais été redevable cheikh Malik, je te l'ai déjà dit mille fois! et tu m'as offert bien assez en comparaison à ce qui nous lie. Je refuse que..."
"- et quoi? Tu crois être en mesure de refuser ta main à ton cheikh ?!" Sa voix avait claqué violemment et était sans appel. Comme je baissais les yeux. Il continua : " je vais annoncer les réjouissances au peuple. Elles dureront dix jours à compter de demain. Tu devras apparaître à mes côtés, alors fais toi une raison et tâche de te montrer comblée et heureuse de ton sort. Et sache que je ne tolererais aucun débordement, aucun commentaire, de qui que ce soit sur toi, ton âge ou tes origines. Ce qui nous lie est trop important, trop intense, trop inconditionnel pour que quiconque ose dire quoi que ce soit sur ce mariage. C'était déjà le cas avant, mais je te le redis car ça ne semble pas s'être imprimé dans ton cerveau: je te protégerai toute ma vie, par mon nom et par mon corps si cela devait être necessaire. Ai-je été clair?"

Je baisse la tête pour dissimuler mes larmes. Il tend la main vers moi et du bout du doigt, il vient vieillir les larmes sur ma joue humide.
"- ai-je été clair kinziun?" Ce petit mot du passé m'arrache un sanglot de plus.
"- oui "Rafiq"." Un sourire triomphant vint barrer son visage. Il s'approcha de moi et enroula un bras autour de mon dos.
"- je ferais tout pour toi kinziun."
"- je sais" murmurais-je. "Je sais" en calant mon front contre son torse, repensant à une étreinte ancienne qui nous avait réunis dans la même position.

Il inclina sa noble tête vers moi et attendit jusqu'à ce que je relève la tête vers lui. Quand nos yeux se furent rencontrés, il déposa un baiser d'une incroyable douceur sur mon front, scellant cette étonnante demande en mariage.

(Kinziun: mon trésor, Rafiq: compagnon/comparse)